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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 23:18


Curieux passage de l’Evangile où Luc croise les temps. Situé dans la montée de Jésus vers Jérusalem (9,51-19,44) et plus particulièrement dans un ensemble où le Christ explique ce qu’il attend de ses disciples (9,51-13,21), cet appel des soixante-douze semble être également une invitation à la mission destinée à l’Eglise, aux disciples de Jésus-Christ, mort et ressuscité. Temps de l’Evangile ou Eschatologie, montée vers la Passion ou attente du retour glorieux, une chose semble certaine, la mission n’est pas réservée aux douze.

 

Les soixante-douze désignés sont envoyés devant le Seigneur, comme Jean-Baptiste, le précurseur, celui qui a marché devant le Seigneur pour lui préparer le chemin, pour révéler à son peuple qu'il est sauvé, que ses péchés sont pardonnés (Lc 1,76). Soixante-douze, comme les nations païennes (ou peut-être soixante-dix comme les soixante-dix traducteurs de la Septante), un nombre qui nous fait penser que « toutes les villes et localités où lui-même devait aller » ne désigne pas simplement les villages se situant sur la route de Jérusalem mais toutes les villes et localités du monde dans lesquels vivent l’ensemble des hommes et des femmes auxquels la Bonne Nouvelle s’adresse, tous ceux et toutes celles qui sont appelés à recevoir la Paix.

 

Pourtant, si le texte est explicite sur la Bonne Nouvelle à annoncer, « Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : 'Le règne de Dieu est tout proche de vous.' », le « Mais » qui suit nous montre à quel point la question de la réception de cette nouvelle n’est pas évidente. Et ce problème n’est pas lié aux disciples !  

 

Ce qui est à annoncer, Jésus l’a proclamé en citant Isaïe (Lc 4, 16-20) : « L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, proclamer aux prisonniers la délivrance, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, renvoyer les opprimés dans la délivrance, proclamer une année d’accueil du Seigneur. » Relire ce texte nous permet d’éclairer la demande faite au soixante-douze, la demande qui est faite aux disciples. Comme les soixante-douze, Jésus est envoyé. Il est envoyé pour proclamer la Bonne-Nouvelle, c’est-à-dire l’accès à la délivrance et à la pleine lumière. Mais pas seulement pour la proclamer, il est également envoyer pour la réaliser, pour renvoyer les opprimés dans la délivrance. Ainsi pour reprendre les mêmes termes, Jésus envoie ses disciples pour renvoyer les malades à la Vie et proclamer : ‘Le règne de Dieu est tout proche’. A nous aussi, il est donc demander de ne pas seulement proclamer le Royaume mais bien aussi déjà de le réaliser. C’est même la première chose qui nous est demandé afin que la proclamation puisse être entendue de nos contemporains et qu’ils accueillent le Seigneur.

 

Car ce fameux « Mais » se situe bien au niveau de l’accueil du Seigneur ou plus exactement de sa demande pressente de se prononcer de manière personnelle – « Et pour vous qui suis-je ? » (Lc 9, 20). Jésus sait très bien que sa proclamation, pas plus que celle de ses disciples, ne fera l’unanimité. Un peu plus loin dans l’Evangile, Luc regroupe trois paroles où Jésus parle à la première personne (Lc 12, 49-53) : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ;  ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. » Trois paroles difficiles à interpréter mais où on peut lire dans le feu, l’Esprit-Saint de la Pentecôte, et dans le baptême prédit, sa Pâques. La Paix promise, la Paix que ses disciples doivent annoncer est une Paix qui demande l’engagement personnel de celui qui la reçoit. C’est une Paix qui, comme toute la promesse de Dieu, n’est pas un choix imposé à l’homme. C’est une Paix qui se reçoit dans une relation de confiance, dans une reconnaissance de celui qui l’annonce et l’offre.

 

Tout l’enjeu de la mission est donc de ne pas proclamer une vérité imposée mais bien de mettre en place un dialogue avec les hommes et les femmes de notre temps, de faire naître une confiance, de faire apparaître les signes du Royaume afin que chacun puisse librement choisir de reconnaître le Seigneur et de l’accueillir. Notre mission est de renvoyer l'homme à la délivrance et non à la captivité.


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