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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 23:10

Est-ce à dessein ? Les textes de ce dimanche nous font réfléchir à notre conception de Dieu et à notre conception de l’homme. Plus exactement à comment nous pouvons penser l’homme par rapport à Dieu.

L’épisode du buisson ardent comporte un élément qui a marqué la métaphysique, le nom que Dieu se donne : « je suis celui qui suis ». Dieu comme l’être. Un être sans adjectif, un être sans limite et particulièrement, comme l’a souligné Anselme, sans la limite du temps qui fait de l’homme un être fini, entre naissance et mort, un être dans le temps : « Le présent de Dieu est un présent sans passé ni futur, c’est un pur et vrai présent. » (Proslogion, 22). Dieu est et l’homme fini cherche dans son lien à Dieu à acquérir cette plénitude de l’être.

Cet être dans le temps, le passage de l’Evangile de Luc le met également en lumière avec la mort brutale, imprévisible, qui est au cœur des deux événements auxquels il fait référence, le massacre de Pilate et la tour de Siloé. La mort peut arriver à tout moment et elle n’est absolument pas liée à la qualité de la vie humaine.

L’incompréhension est terrible pour les contemporains de Jésus auxquels il s’adresse. Elle est terrible pour nous aussi qui sommes confrontés aux drames d’Haïti, du Mexique ou de la tempête Xynthia. Pourquoi bien faire puisque de toutes les manières la vie, cet être, même fini, auquel nous tenons un peu quand même, et dont nous pensions que Dieu était propriétaire, peut nous être retirée sans raison. A quoi bon cette promesse de bonheur qui traverse les Ecritures ? Quel est donc ce salut, cette bonne nouvelle, qui nous est annoncé ?

Avec Isaïe, nous avons envie de dire : « Vraiment tu es un Dieu caché, Dieu d’Israël, sauveur !» (Is 45,15). Un Dieu caché, un dieu qui n’est plus l’être manifesté dans sa plénitude, l’être absolu qui crée et maintient la vie selon sa promesse et l’alliance passée avec les hommes. L’image que nous aurions pu avoir d’un Dieu tout puissant, omniprésent et omnipotent disparaît pour laisser place à une absence. Dieu « n’est pas » et, du même fait, notre être fini ne tient plus à grand-chose.

Mais l’Evangile de Luc ne s’arrête pas sur ces deux événements, il y accole une parabole sur un figuier stérile. A son explication sur les deux événements réels, Jésus oppose une parabole où, là, il y a une logique. C’est parce que l’arbre ne donne pas de fruits que le maître veut le couper, c’est-à-dire, c’est parce que la qualité de la vie humaine en lien avec Dieu n’est pas bonne que la mort arrive. Mais ici, par opposition à la mort qui arrivait sans avertir dans les deux premiers événements, la parabole précise que le maître vient depuis trois ans, soit le temps de la mission de Jésus. Trois années qui, nous le savons, vont se terminer par la mort de Jésus sur la Croix !  Quelle plus belle preuve de l’échec de la Parole ? A ce stade de l’histoire nous sommes comme les contemporains de Jésus dans l’incompréhension ou pire dans le désespoir. C’est pourquoi l’ouvrier, Jésus, demande une année supplémentaire, une année où il va nourrir le figuier. Une année qui va permettre de dépasser l’échec de la mort en voyant se manifester la Résurrection et en recevant l’aide de l’Esprit Saint.

Car il est là le Salut, elle est là la promesse de bonheur qui traverse les Ecritures, elle est là la victoire de la Parole, dans le Verbe éternel de Dieu qui vient nous montrer que la finitude et l’incertitude de nos êtres n’est pas le tout de la vie. Et la conversion à laquelle Jésus nous appelle n’est pas tant une somme de changements de nos habitudes et de nos manières de faire, mais un retournement radical vers le Verbe du prologue de Jean : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. »

La conversion qui nous est demandée est la conversion de nos cœurs dans lequel s’établie véritablement la relation avec Dieu. Cette conversion qui nous fait entrer par le Verbe dans la vie de Dieu. Une vie qui ne se manifeste pas forcément à la lumière des ténèbres de notre existence humaine mais qui éclaire pour l’éternité les profondeurs parfois ténébreuses de nos cœurs convertis.

« La fin suprême de l’être est la ténèbre ou inconnaissance de la Déité cachée qui rayonne la lumière, ‘mais les ténèbres ne l’ont pas compris’. C’est pourquoi Moïse dit : ‘Celui qui est m’a envoyé’ qui est sans nom et une négation de tous les noms et qui n’a jamais eu de nom. Et c’est pourquoi le prophète dit : ‘En vérité tu es le Dieu caché’ au fond de l’âme, où le fond de Dieu et le fond de l’âme sont un seul fond ». (15e sermon de Maître Eckhart)

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