27e dimanche du temps ordinaire
Lectures : Is 5, 1-7 ; Ps 79, 9-10, 13-14, 15-16a, 19-20 ; Ph 4, 6-9 ; Mt 21, 33-43
Dieu donne. Mais ce que Dieu donne n’a pas de sens ni de valeur s’il n’est reçu comme un don de Dieu. Les ouvriers de la vigne de la parabole veulent garder la vigne et son fruit pour eux-mêmes et s’affranchir de celui qui les leur a donnés. Comme pour ceux d’Isaïe, le vin de leur vigne sera mauvais même si tout a été fait pour qu’il soit bon. Car ce qui qualifie le don de Dieu c’est la relation bienveillante qui le porte, c’est l’alliance, la communauté de programme entre celui qui donne et ceux qui reçoivent. C’est la vie, la vie divine qui ne se met pas en bouteilles mais jaillit et s’écoule librement pour irriguer et sanctifier le monde.
Si le texte d'Isaïe et la parabole de l'Evangile s'adressent au peuple élu, l'avertissement vaut tout autant pour l'Eglise actuelle et pour chaque chrétien. Ce don de Dieu, nous le recevons pleinement dans le baptême. Mais ce don de la vie, reçu dans la mort et dans la résurrection du Christ deviendra mort si nous ne restons pas attachés à celui qui nous l'a donné et qui continue de nous le donner. De même l'Eglise deviendra une vigne qui produira du mauvais vin si elle ne reste pas accueillante à la volonté de Dieu, si elle ne reste pas dans une action de grâce, un retour vers Dieu, qui permet à la vie de Dieu de circuler dans le monde comme elle circule entre les trois personnes divines.
Dieu donne et Dieu se donne. Mais Dieu ne se laisse pas enfermer. Dieu sort de lui-même pour créer et sanctifier le monde. Dieu s’est fait homme pour qu’étant semblable à nous il nous permette de vivre pleinement dans sa communion. Mais cette communion vit de Dieu et nous pousse à nous ouvrir également au monde afin que ce don ne vienne pas s’échouer et mourir sur les barrières que nous dressons. Comme il est dit aux philippiens, tout ce que Dieu nous donne, et en premier lieu le don du Salut, nous avons à le prendre à notre compte, dans l’action de grâce. Quand nous avons la tentation de nous replier sur nous-mêmes, parfois pour des raisons honorables mais le plus souvent par peur des autres, nous sommes comme ces ouvriers de la vigne qui tuent les serviteurs et le fils de celui qui la leur a donnée. Quand, pour défendre nos valeurs, pour défendre ce que nous croyons, à juste titre, vrai et noble, juste et pur, nous arrêtons de mettre en pratique le cœur de ce qui nous est donné – l’amour de l’autre – nous rendons aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes un contre-témoignage et pervertissons les vertus que nous souhaitons défendre.