J’ai connu Vincent Flamand au séminaire des Carmes. Philosophe de formation (il avait travaillé sur Jean-Luc Marion), ce n’est pas l’esprit de sérieux qui caractérisait ce liégeois pétri de rock et de littérature mais bien un humour fondé le plus souvent sur le tendre émerveillement de ce que la chose humaine pouvait avoir de plus simple et parfois de plus kitch. Se mêlent en moi des souvenirs de discussions passionnées sur Heidegger, Nabert, Rahner ou Balthasar, des fous rires sur des phrases absurdes et cette improbable et unique expérience d’un match de football au Parc des princes. Un regard exigeant et tendre, rieur et profond.
Dans ce premier roman, Vincent Flamand nous livre un portrait de son père et son propre portrait avec les mêmes qualités. L’analyse humaine s’y fait au scalpel avec une précision des mots et une clarté des idées déconcertante. Toute la complexité des constructions humaines semble venir se dévoiler dans la simplicité de tournures associant sans voyeurisme et psychologisme le tragique et l’humour, la vie qui lute et s’échappe et celle qui naît et se construit.
D’aussi loin que je me souvienne, il s’est toujours levé tôt est un roman subtil et tendre, où l’hommage particulier que l’auteur rend à son père ouvre aux questionnements les plus universels : la vie, l’amour, la mort, la filiation, la transmission, les idéaux, les blessures subtilement mais mal dissimulées, le poids de la culture, le désir de s’arracher à un quotidien imposé... 80 pages de bonheur, de tristesse, d’humour et de réflexion ;80 pages d’humanité, 80 pages de vie que je vous conseille de dévorer puis de relire.
Vincent Flamand
D’aussi loin que je me souvienne, il s’est toujours levé tôt.
Editions de l’aube. 2010. 10 euros