Les lectures de ce dimanche nous invitent à ne pas nous tromper de place et de rôle.
Hommes et femmes, nous sommes tous des pécheurs. Chrétiennes et chrétiens nous avons en plus à porter le péché du monde avec le Christ afin d’en délivrer nos frères et nos sœurs. Nous ne sommes pas des juges qui condamnons au nom d’une vérité ou d’un bien dont nous serions les propriétaires. Nous sommes des hommes et des femmes qui, à la suite de Jésus, porté par la force de l’Esprit, abandonnés dans la confiance en l’amour du Père, pouvons accueillir le péché du monde afin qu’il n’empêche pas nos contemporains d’en être délivrés.
Si nous cherchons la pureté par nos propres forces, nous n’accueillerons jamais ce qui rend pur, l’amour de Dieu. Si nous cherchons à délivrer nos frères et nos sœurs du péché en leur faisant porter le poids d’un péché dans lequel ils sont déjà empêtrés, nous ne ferons qu’ajouter du poids à leur détresse les empêchant d’accueillir la délivrance que seule la rencontre du Dieu aimant peut offrir.
Nous pouvons condamner le monde parce qu’il rejette l’Alliance à laquelle Dieu l’invite, mais le risque est grand qu’en nous comportant ainsi nous ne faisions que couper ce monde de son créateur, que nous précipitions ceux que nous sommes censés mener au salut au désespoir et à la mort.
Seul Dieu est saint, seul Dieu sanctifie. Rejeter l’homme loin de Dieu, c’est le priver de son action salvatrice. Comment pourrions-nous nous dire sauvés si nous étions la cause, par notre manque de charité, d’abandon à l’amour du Père, de l’éloignement de nos frères et de nos sœurs de celui qui donne la vie ? Quelles valeurs, quelle vérité, pourraient justifier que nous nous éloignions de la volonté unique de Dieu, celle que toutes et tous soient un dans le Christ Jésus, Lui qui a porté le péché du monde, condamné et crucifié, pour que nous soyons sauvés ?
Oui, le monde est pécheur, oui, comme nous nos frères et nos sœurs sont pécheurs. Mais si nous voulons être à notre juste place, sans renier les valeurs auxquelles nous croyons, mais surtout sans renier la Vérité, le Christ Jésus, à laquelle nous avons donné notre foi, il nous faut sans cesse délester nos frères et nos sœurs du fardeau qui les empêche de se sentir enfant de Dieu, aimé de Dieu, quitte à porter, nous qui sommes forts de l’Esprit de Dieu, une part de fardeau plus lourde.
Nul ne devient saint en condamnant son frère. Nul ne s’éloigne de Dieu en accueillant un frère pécheur.