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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 13:14

 

Le troisième employé du maître parti en voyage a eu peur de la réaction de son maître et au lieu de faire fructifier le bien qu’il avait reçu, il l’a enfoui afin de pouvoir être certain de le restituer au maître le jour de son retour. Malheureusement pour lui, en agissant ainsi, il n’échappe pas à la colère du maître et perd tout.

 

Dans cette parabole, il manque un quatrième serviteur qui aurait voulu faire fructifier le trésor confié et aurait finalement tout perdu. Quelle aurait été la réaction du maître ? Aurait-il partagé le sort du peureux ou au contraire aurait-il été gratifié de son talent sauvé ? Mais la parabole spécifie qu’il est donné à chacun selon ses capacités. L’échec n’est donc pas envisageable.

 

Cette parabole vise donc deux choses : l’image que nous avons de nous et la confiance que nous faisons au Seigneur. Que nous ne nous sentions pas digne de la confiance qui nous est faite, que nous ne nous en croyons pas à la hauteur, que nous ne pensions pas avoir la force pour faire avancer le Royaume dans le monde… je crois que c’est plutôt une marque de bon sens. Mais voilà, que nous choisissions la peur plutôt que la confiance en Celui qui veut nous mettre en marche révèle non seulement une prise de conscience compréhensible sur nos capacités propres, mais également un refus d’accorder à Celui qui fait alliance avec nous le pouvoir qui est le sien. En nous repliant dans la peur, nous refusons de croire que nous sommes un néant capable de Dieu, selon les mots du Cardinal de Berulle.

 

Face à cette peur naturelle, il nous est demandé de choisir Dieu, de choisir la confiance en Dieu. Et pour cela, les récits bibliques ne cessent de nous montrer que Dieu tient sa Parole. Les talents qui nous sont donnés pour que nous les fassions fructifier sont à la mesure de nos capacités. Dieu ne nous charge pas de fardeaux trop lourds à condition que nous acceptions qu’il les porte avec nous. A condition que nous acceptions de cheminer, avec lui, dans la confiance et non, seuls, dans la peur d’un Dieu distant.

 

Elle est là la véritable conversion. Si nous vivons notre rapport à Dieu comme une somme de choses à faire ou à ne pas faire qui nous permettrait de passer le dernier examen avec au moins la moyenne pour ne pas être exclu du Royaume, nous faisons deux erreurs. La première est de croire que le Royaume ne nous est proposé qu’aux jours derniers. Or le Royaume nous est déjà confié. La seconde, et la principale, est de se méprendre sur le temps de la rencontre personnelle de Dieu. Si nous agissons en vue de la rencontre finale, au jour de notre mort ou à celui de la Parousie, nous risquons d’oublier que Dieu frappe déjà à notre porte pour que nous vivions avec lui dès aujourd’hui.

 

Contre la peur, Dieu nous propose de nous laisser saisir par son amour et d’y répondre dans la confiance, il nous propose de laisser le Christ, par l’Esprit, naître en nous afin qu’avec lui, notre frère, nous soyons capable de rendre grâce, sans peur, à notre Père et de faire advenir dès à présent son Royaume. Car c’est en le laissant naître en nous que nous pourrons, par notre témoignage, faire en sorte qu’il naisse chez nos frères.

 

« Nous sommes présentement dans le second avènement: pourvu toutefois que nous soyons tels qu'il puisse ainsi venir à nous;  car il a dit que si nous l'aimons, il viendra à nous et fera sa demeure en nous. Ce second avènement est donc pour nous une chose mêlée d'incertitude ; car quel autre que l'Esprit de Dieu connaît ceux qui sont à Dieu ? Ceux que le désir des choses célestes ravit hors d'eux-mêmes, savent bien quand il vient ; cependant, ils ne savent pas d'où il vient ni où il va» Pierre de Blois 

 

« Il y a trois naissances du Christ : l’éternelle, la temporelle et la spirituelle. La première exige l’admiration ; la deuxième, l’adoration ; la troisième l’imitation. La naissance temporelle rend gloire à l’éternelle : c’est pourquoi, lorsqu’elle s’accomplit, les Anges chantent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. » Mais cette acclamation, ils la chantent moins à propos de la naissance temporelle que de l’éternelle, car c’est à elle que le Fils qui aime doit sa génération, l’honore et lui rend gloire. Et quant à nous, nous devons aussi rendre gloire à sa génération spirituelle, en même temps qu’à sa génération temporelle et à l’éternelle. De fait, de même que [le Verbe] a été en lui-même engendré afin de naître encore également en nous, de même il doit naître aussi en nous pour naître également chez les autres grâce à nous. Véritablement il doit naître en nous avant de pouvoir naître chez les autres, de même qu’il a pris naissance en la Vierge Marie avant de naître, grâce à elle, pour le monde entier. Les paroles que voici en sont, en effet, la preuve : « Ce qui est né en elle vient de l’Esprit saint. » Voilà que déjà il est né en elle avant d’apparaître au jour. Il est dit d’autre part : « L’être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » pour que sa naissance soit révélé dans le monde. » Pierre de Berulle

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commentaires

L
<br /> <br /> En fait, ce troisième serviteur est bel et bien coincé par sa peur.  Peur de son maitre, peur du qu'en dira-t-on, etc... Alors, il prend la solution légale selon les scribes : il cache pour<br /> rendre intégralement à son maitre le don qu'il a reçu. Comme ça, le maitre ne pourra rien lui reprocher, pense-t-il : il pourra rendre le lingot d'argent (c'est ça un talent) intact. Mais ce<br /> serviteur se trompe sur ce maitre !<br /> <br /> <br /> Et depuis, tous ceux qui ont voulu mener les hommes par la peur en se prévalant de Dieu non seulement se trompent, mais présentent une fausse image de Dieu, une idole à leurs contemporains.<br /> <br /> <br /> Et je crains qu'il ne faille pas chercher bien loin de nous des gens qui veulent user de cette idole aux fins d'avoir un pouvoir sur leurs contemporains. Car la confiance - autrement dit, la foi<br /> - n'est pas un instrument qui permet d'asseoir un pouvoir solide. La peur, si.<br /> <br /> <br /> <br />
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