Lectures : Is 56, 1.6-7 ; Rm 11, 13-15.29-32 ; Mt 15, 21-28
Le silence de Dieu… L’impression que le salut n’est pas pour elle mais réservé à d’autres plus purs, mieux installés dans la « religion », aux ayant droit de Dieu…
A travers l’attitude du Christ, c’est peut-être le parcours d’obstacles spirituels de la cananéenne qui nous est donné à voir. Même le double discours des disciples souhaitant que le Christ obtempère mais pour que cette femme disparaisse peut nous faire réfléchir sur l’attitude que les chrétiens peuvent avoir vers ceux qui ont un besoin vital du Salut de Dieu. Ces obstacles, la cananéenne les franchit grâce à sa foi, cette foi qui lui obtient les compliments du Christ et la guérison de sa fille. Cette foi qui déplace des montagnes et en premier lieu les montagnes de nos préjugés, de nos opinions, de nos égoïsmes.
Car la leçon donnée par Paul aux chrétiens d’origine païenne de Rome, comme celle que nous recevons de l’évangile de ce jour porte moins sur l’universalité du salut que sur notre manque d’humilité et d’émerveillement devant la miséricorde de Dieu. Les disciples sont prêts à jeter des miettes de salut à la cananéenne pour qu’elle soit contente et arrête de leur casser les oreilles. La cananéenne voit dans ces mêmes miettes la totalité de la miséricorde. Les chrétiens d’origine païenne de Rome sont prêts à rejeter le peuple élu puisqu’ils sont certains d’être le peuple sauvé oubliant que le salut qu’ils obtiennent tout comme l’élection du peuple juif est avant tout une alliance fondée sur le don permanent de Dieu.
Il est certainement plus facile de se conformer à une tradition qui emprisonne Dieu dans des coutumes humaines que de s’avouer que dans l’histoire du salut nous ne sommes qu’une réponse suspendue à un don qui nous dépasse. L’universalité promue par Isaïe est encore une universalité par assimilation culturelle (et cultuelle) ne concernant que les étrangers qui se plient aux rites de la religion juive. Celle qu’offre le Christ est une fraternité reposant sur son propre don. Une fraternité qui ne peut exister que si elle est vécue dans un don similaire, la mission.
C’est cette fraternité missionnaire qui doit changer le regard que nous portons sur les hommes et les femmes de notre temps et particulièrement ceux dont les difficultés les mettent en situation d’exclusion. C’est cette fraternité missionnaire qui doit nous pousser à déceler dans leurs cris de détresse des cris de foi ou à convertir ces cris de détresses en cri de foi. Une fraternité qui témoigne de la miséricorde de Dieu, une fraternité qui accueille l’autre comme un don.