J’aime ce rappel à l’ordre de Paul. Il est clair et précis. « Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce donc Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » Il nous permet de nous recentrer immédiatement sur ce qui fonde notre foi : Jésus. Jésus crucifié pour nous et au nom de qui nous sommes baptisés. Quand, cette semaine comme chaque année nous prions pour l’unité des chrétiens, c’est bien sur ce rappel de Paul que nous devrions méditer. Car qu’importe que nous soyons de telle ou telle église, qu’importe même que nos églises soient unies, si nous avons perdu le cœur même de notre foi.
« J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. » dit le psalmiste. Et pourtant, souvent j’ai l’impression que nous ne cherchons pas à habiter la maison du Seigneur mais à retenir le Seigneur dans les maisons que nous nous créons. Ces maisons que nous appelons religions ou confessions chrétiennes. Nous allons à la messe et nous voyons descendre Jésus sur nos autels sous la forme du pain et du vin. Nous sommes contents de nous. Nous l’avons pour nous par ce que nos prêtres en imposant les mains font venir notre Dieu dans notre maison église. Nous sommes rassurés, il est présent, bien à nous, chaque dimanche ou chaque jour. Mais est-ce là l’enseignement de Jésus-Christ ? Est-ce cela faire Eglise ?
« D'ailleurs, le Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l'Évangile, et sans avoir recours à la sagesse du langage humain, ce qui viderait de son sens la croix du Christ. » Il ne s’agit pas pour Paul de remettre en question l’institution du baptême mais bien de redonner tout son sens au baptême. Un sens qui semble se diluer pour ne pas dire se pervertir dans la traduction qu’en donne notre langage humain de la religion. Le baptême n’est pas la porte d’entrée dans nos églises humaines, elle est la porte d’entrée du chemin qui mène à la suite du Christ et avec le Christ dans l’Eglise de Jésus Christ. Une Eglise certes déjà présente dans nos Eglises mais une Eglise qui les dépasse infiniment. Une Eglise qui ne divise pas les hommes entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors mais une Eglise qui appelle tous les hommes et toutes les femmes à être unis dans le Christ.
On reconnaît l’Eglise de Jésus-Christ à ce qu’elle est conforme à Jésus-Christ lui-même. Non repliée sur elle-même, mais en marche, appelant les hommes et les femmes à se mettre en marche avec elle. « Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. » Non repliée sur elle-même mais ouverte sur le monde, au service des hommes et des femmes de ce monde. « Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. »
On reconnaît l’Eglise de Jésus-Christ à ce qu’elle diffuse la lumière qu’est Jésus-Christ à tous les hommes et à toutes les femmes. « Le peuple qui marchait dans les ténèbresa vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l'allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus. Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane. » On ne reconnaît pas l’Eglise du Christ au fait qu’elle soit fière de la lumière qui éclaire ses propres bâtiments.