« En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie. » (Lc 4, 24)
Ils étaient heureux des paroles de Jésus. Mais les avaient-ils entendus ? Ils avaient certainement entendu la promesse de bonheur mais avaient-ils réalisés que cette promesse s’adressait d’abord aux exclus de la société, à ceux que la vie humaine avait mis de côté, à ceux qui se sentaient privés de la vie. Au lieu de nous réjouir des signes que Dieu donne à l’humanité, nous souhaitons de signes pour nous-mêmes et nous sommes incapables de voir le plus grand signe qu’il puisse nous donner, sa présence au milieu de nous. Et nous sommes incapables de nous en émerveiller.
« Mais lui passant au milieu d’eux, allait son chemin… » (Lc 4, 30)
La promesse de Dieu ne vient pas habiter chez nous pour nous raconter de belles histoires, elle vient nous mettre en mouvement. Nous, nous souhaiterions qu’elle demeure à jamais auprès de nous. Amoureux dominateurs et égoïstes, nous voulons la garder prisonnière, fous d’amour nous serions prêts à la tuer plutôt qu’elle ne nous quitte. Fous, oui, fous que nous sommes qui souhaitons avoir prise sur Dieu lui-même ! Jésus vient nous mettre en mouvement et nous rêvons de stabilité, nous rêvons d’un bonheur bien établi dans la chaleur de Dieu.
« Aspirez aux dons supérieurs. Et je vais encore vous montrer une voie qui les dépasse toutes. » (1 Co 12, 31)
Car oui, le don de Dieu est un chemin, une voie. L’accueillir, c’est accepter de renoncer à notre immobilité confortable, c’est accepter de le suivre dans un amour en mouvement dont nous ne pouvons connaître encore la stable perfection. Tout en nous est incomplet si nous n’avons pas ce mouvement de Dieu qu’est la charité, ce don qui nous fait entrer dans la relation entre Dieu et les hommes, dans cette amitié sainte avec Dieu et avec les hommes. Tout, même la foi et l’espérance !
« N’aie aucune crainte en leur présence car je suis avec toi pour te délivrer » (Je 1, 8)
Le don de Dieu est un don à donner. C’est dans la transmission de ce don que nous serons nous-mêmes délivrés, car c’est dans la transmission de ce don que nous entrerons pleinement dans l’amitié de Dieu. La charité dont Dieu nous nourrit, nous devons en nourrir l’humanité afin que nul ne soit exclu de l’amour de Dieu. L’iconographie chrétienne nous l’enseigne en représentant la charité comme une jeune femme allaitant des enfants ou un vieillard, l’humanité naissante et l’humanité vieillissante. Il n’y a pas d’âge pour accueillir la vie de Dieu. Il n’y a pas d’âge pour transmettre la vie de Dieu, cette vie dont nous ne pouvons rêver d’être les égoïstes dépositaires. La charité c’est la vie de Dieu transmise.