Aujourd’hui, sort le livre de Christine Pedotti et Anne Soupa Les pieds dans le bénitier, aux Presses de la Renaissance. Leurs détracteurs en seront pour leurs frais, elles n’y jurent pas ni n’y maugréent.
Pour être honnête, on serait presque un peu décontenancé tant ce livre est catholique. Alors, rassurons tout de suite notre lecteur ! Nos deux diablesses égratignent le fonctionnement de l’Eglise et son cléricalisme. Comment une caste composée uniquement d’hommes célibataires pourrait être représentative de l’Eglise ou de l’humanité ? Mais également ses fixations, notamment en matière de morale sexuelle, qui tendent à instaurer des discours pouvant aller jusqu’à l’encontre de la Bonne Nouvelle proclamée par le Christ.
Mais, en effet, si on s’attend à lire un brûlot critique, on ne peut être que déçu. Car le cœur de l’ouvrage n’est certainement pas politique (ou polémique) mais bien spirituel. Elles ont les pieds dans le bénitier ou plutôt dans le baptistère. Elles les ont bien ancrés dans la tradition (si si) de l’Eglise, dans la Parole de Dieu, mais surtout dans la Mission. Cette mission qui est le fondement même de l’Eglise, cette mission qui oblige l’Eglise à se réformer toujours pour être porteuse de la parole qui libère, témoin de l’amour et de la miséricorde divine.
Et si ce qu’elles disent peut déranger ou titiller, il serait impossible de ne pas déceler dans leurs propos une force formidable d’espérance, un amour de l’Eglise et de l’humanité, un sentiment d’obligation de faire résonner le don de Dieu qu’elles ont reçu… et l’absolue nécessité de le partager.
Alors oui, les pieds dans le bénitier, elles nous proposent de nous baigner avec elles et de partager la tâche de la mission. A nous de voir si nous voulons être de timides pucelles ou si nous acceptons de plonger dans le bénitier avec tous les risques que cela peut comporter mais également tout le plaisir qui peut en naître !
« Je l’attendois au benoistier,
pour lui donner de l’eau beniste ;
mais elle s’enfuyoit plus viste. »
Clément Marot