Chères sœurs et chers frères dans le Christ,
Comme moi, sans doute, vous avez lu l’article de Stéphanie Le Bars sur l’Assemblée des Évêques de France à Lourdes (Le Monde daté du 8/11/09). Si tel est le cas, j’imagine vos mines consternées. Non que les évêques ne vous aient pas répondu, il fallait s’y attendre, non qu’ils disent repousser leur réflexion au printemps, je crains qu’ils n’en fassent rien, mais par l’image que cet article donne de leurs réflexions.
Mgr Stanislas Lalanne découvre, grâce à la sécularisation, qu’il lui faut avoir « l’audace d’annoncer la foi ». On se prend à se demander quelle « définition de poste » est habituellement donnée aux évêques si la tâche première des apôtres et de leurs successeurs est pour lui une nouveauté. En effet quelle audace !
Quant à Mgr Dominique Lebrun, tous les laïcs en charge ecclésiale lui seront reconnaissants de leur déléguer l’insigne honneur d’organiser des co-voiturages pour aller à la messe. Merci, mille fois merci… Monseigneur, si vous pouviez également nous permettre d’arbitrer les matchs de football que nous organisons avec les jeunes de nos aumôneries nous serions totalement comblés.
Comme vous, je pense, j’ai envie de dire aux évêques : « Pénurie ou abondance, nous ne sommes pas du bétail qu’on « gère » ! Nous sommes des baptisés adultes qui savons pourquoi nous œuvrons ! Nous ne vous demandons surtout pas de nous « gérer », nous ne vous demandons pas de répondre à des problèmes que nous n’avons pas, nous vous demandons simplement de faire résonner la Parole du Christ aux oreilles du monde et à nos oreilles, nous vous demandons simplement de nous rassembler autour du Christ dans la communion de l’Eglise et particulièrement dans la Communion eucharistique. Nous vous demandons simplement de nous nourrir du Christ afin que notre foi soit plus forte et que nos œuvres soient plus belles. »
Chères amies, chers amis, vous agacez les évêques. Les pauvres ! C’est qu’ils ont d’autres problèmes bien plus importants à traiter et vous n’étiez que trois ou quatre cents à une marche et si mes informations sont bonnes qu’un millier depuis. Finalement peut-être êtes-vous déjà trop nombreux pour espérer être traités comme la brebis égarée ?
Vous les agacez parce que d’autres groupuscules, à peine plus nombreux que vous mais au lobbying très efficace, des nouvelles « petites franc-maçonneries catholiques » comme les nomme un de mes amis historien, les assomment déjà de revendications, arguant de leur parfaite soumission à la volonté de Rome. Que voulez-vous, ils ne peuvent pas répondre sur tous les fronts !
Mais je sais que vous ne vous tairez pas et je sais que vous n’êtes pas un front mais une vague. A l’heure où nous célébrons la chute du mur de Berlin, je serais heureux que l’intelligence de notre foi que vous trompetez en marchant fasse s’effondrer enfin les murs de la peur.
Vous les agacez aussi parce que le nom que vous avez choisi est pour eux le signe d’une opposition à leur structure. Laissez leur leur nom ! Je vous en propose un plus beau et un plus catholique finalement. Vous pourrez ainsi répondre à leur inquiétude première celui du « comment dire qui nous sommes ? ». Ce nom c’est « Communion catholique des baptisés de France » CCBF.
Il répond à tout ce que vous êtes, aux convictions qui vous ont portées, aux enjeux que vous souhaitez développer. C’est un nom inscrit dans la Tradition de l’Eglise, c’est un nom qui est au cœur du Concile Vatican II auquel vous êtes profondément attachés, c’est un nom qui dépasse les clivages et vous amarre à Celui à qui vous avez donné votre foi : Jésus le Christ.
Ce nom vous attachera à l’Eglise du Ciel et de la Terre. « Tout comme la communion entre les chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la communauté avec les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur source et de leur chef, toute grâce et la vie du peuple de Dieu lui-même. » (Vat. II, LG 50).
Ce nom redira votre insistance pour qu’hommes et femmes soient également constitutifs de l’Eglise et qu’ils s’expriment dans des structures sociales. « Dieu n’a pas créé l’homme solitaire, dès l’origine « il les créa homme et femme » (Gn I, 27). Cette société de l’homme et de la femme est l’expression première de la communion des personnes. Car l’homme, de par sa nature profonde, est un être social, et, sans relations avec autrui, il ne peut ni vivre, ni épanouir ses qualités. » (Vat II, GS 12).
Ce nom, enfin, attestera que vous vous mettez à l’écoute de l’Esprit Saint que vous avez reçu au baptême pour œuvrer pour l’unité de l’Eglise, au sens le plus large. « L’Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Eglise, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’unité de l’Eglise. » (Vat II, UR 2).
Chères amies, chers amis, bien certainement cet article du Monde ne dit pas tout de la pensée des évêques réunis à Lourdes, mais ce qu’il rapporte est néanmoins le signe que l’Eglise a de manière
urgente la nécessité de s’ouvrir à une réflexion neuve, une réflexion portée par les premiers concernés, les catholiques baptisés que nous sommes. J’espère de tout cœur et de toute ma foi que
vous porterez cette réflexion et y associerez le plus grand nombre. Je l’espère pour l’Eglise et pour chacun d’entre nous. Je l’espère pour chacun des hommes et des femmes de ce monde. Je
l’espère pour le Christ.
Avec toute mon amitié et ma prière,
Pourquoi je crois que la Conférence des Baptisés de France est une bonne idée ?