Voilà un véritable mot martyr, un mot qui a été si malmené, si déformé que son sens ordinaire est devenu strictement l’inverse de son sens originel.
Pour la plupart d’entre nous, le mot désigne une catastrophe généralisée située entre le tsunami, l’épidémie mondiale de peste et la troisième guerre mondiale. C’est l’idée que « ça » va mal finir, « ça » désignant une époque, voire toutes les époques, bref, la fin du monde.
Pourtant, à l’origine, dans son sens littéral, le mot signifie un dévoilement, une révélation. Il désigne particulièrement une œuvre littéraire l’Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament, généralement attribué à saint Jean. Cette Apocalypse de saint Jean s’insère dans un genre littéraire plus vaste, le genre apocalyptique dont le meilleur représentant, dans l’Ancien Testament, est le Livre de Daniel.
Sur quoi le voile se lève-t-il, que nous est-il donné à voir, qui était caché ? Que racontent les apocalypses, et en particulier l’Apocalypse de saint Jean ? Que le monde est en proie à la violence, à la guerre, à des pouvoirs injustes, des puissances arbitraires et destructrices. Jusque-là, pas de scoop. Il suffit d’avoir des yeux pour le voir, et nous qui disposons de systèmes d’information performants, sommes soumis quotidiennement à la terrible litanie des catastrophes, crimes, attentats, turpitudes, perversités et autres fléaux qui balayent notre pauvre monde. Comparée au journal télévisé, la littérature apocalyptique fait souvent pâle figure.
Ce n’est donc pas la violence, ni la souffrance, ni les malheurs qui sont dévoilés. Ce qui est révélé, c’est ce qui advient à la fin. Car ce que dit l’Apocalypse, c’est que la fin de l’histoire (de l’Histoire), c’est Dieu qui l’écrit. Et il écrit une happy end. À la fin, les méchants sont vaincus et Dieu triomphe. Voilà ce qu’on lit au dernier chapitre de l’Apocalypse :
« Il (Dieu) aura sa demeure avec eux ; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé. » Ap 21, 3-4.
Il y a bien quelque chose d’ancien qui s’achève mais quelque chose de nouveau advient, et ce monde nouveau est un monde où Dieu victorieux règne sans partage.
Il est frappant de constater qu’il nous est si difficile de croire que les choses finiront bien que notre inconscient collectif a déformé le mot au point de lui faire dire l’inverse de son premier sens. La victoire finale est devenue une catastrophe. Cette dégradation du sens du mot montre bien à quel point nous refusons de croire Dieu. Comme il est difficile de croire que Dieu nous veut du bien, qu’il est de notre côté, que dans le combat contre le mal et l’injustice, il n’est pas un juge impartial mais un acteur engagé. Et pourtant, notre Dieu est « Dieu avec nous ». Voilà pourquoi l’histoire finit bien.
Lu dans le lexique du site de la Conférence des évêques de
France
Mot d’origine grecque, signifie dévoilement ou révélation.
Dernier livre du Nouveau Testament et donc de la Bible, cet ouvrage écrit par saint Jean est riche en visions symboliques, prophétiques. Il a joué un rôle important dans la résistance spirituelle et l’espérance des premières communautés chrétiennes en temps de persécution.