Ah, le baptême, voilà une chose simple, est-on tenté de dire. Si simple d’ailleurs, qu’autrefois, la sage-femme, ou le médecin, s’il y en avait un, « ondoyaient » le nouveau-né dès le premier cri poussé. Au cas où… À l’époque, les temps étaient rudes pour la jeune humanité vagissante, et nombre d’enfants rendaient à Dieu leur âme dans les premiers jours, ou les premiers mois. Mais justement, parce que baptisés, fils et filles de Dieu, ils pouvaient la rendre à leur Père céleste et prendre place parmi les innocents qui joignaient leur voix au chœur des anges. Pour les malheureux parents, la consolation n’était pas mince.
L’ondoiement, comme son nom l’indique, consiste à verser un peu d’eau sur la tête du nourrisson en disant « Je te baptise au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». Aujourd’hui encore, en cas d’urgence ou de péril mortel, chacun, chacune, et même un non-chrétien peut ainsi procéder à un baptême.
Jusque-là, tout va bien, il suffit donc d’un peu d’eau et de quelques mots pour être baptisé. Et ceci, sans l’ombre d’un doute depuis les premiers temps chrétiens. C’est ainsi que Philippe baptise l’Éthiopien, c’est aussi comme ça que Paul est baptisé à Damas. Facile !
Les affaires se gâtent et s’embrouillent quand… on écoute le Christ ! « Jean vous a baptisé dans l’eau, moi, je vous baptiserai dans l’Esprit ».
Allons bon, mais c’est bien le baptême du Christ que nous recevons, pas celui de Jean. Alors pourquoi de l’eau ? Certes, le vol de colombe ou les langues de feu, qui évoqueraient davantage l’Esprit Saint peuvent se révéler d’un maniement difficile voire dangereux. Mais quand même, pourquoi avoir conservé le signe de l’eau ? C’est là qu’il est utile d’avoir assisté à un baptême chez nos frères orthodoxes. Par parenthèse, c’est un baptême qui baptise aussi sûrement que celui des catholiques (un seul baptême !). Or donc, sous les yeux terrifiés de la jeune maman, le prêtre jette par trois fois le jeune enfant la tête la première dans l’eau. Et l’objectif est explicite ; pour lui donner un sentiment de mort ! Car c’est bien de cela dont il est question, de vie et de mort. L’eau du baptême n’est pas celle d’une petite ablution purificatrice. Le baptême nous plonge (c’est l’étymologie du mot) dans la mort avec le Christ et nous fait ressurgir, hors de l’eau, dans la vie nouvelle du Ressuscité. Par le baptême, nous mourrons avec le Christ, à la mort et au péché. Nous laissons au fond des abîmes le vieil homme, et nous renaissons homme (femme) nouveaux, relevés, ressuscités, revêtus de Grâce et de lumière. Nous renaissons, fils et filles du Père, frères et sœurs du Fils, temples de l’Esprit.
Finalement, ce mot est un peu traître. On pourrait lui préférer un néologisme ; être « christifié », qui signifierait revêtir le Christ, devenir dans le Christ, prêtre, prophète et roi et participer à la mission du Christ.
Car, j’allais oublier, être baptisé, ce n’est pas recevoir une carte d’identité de chrétien, c’est recevoir un ordre de mission !
Ce que dit le Magistère de l'Eglise catholique :
CEC 628 Le Baptême, dont le signe originel et plénier est l’immersion, signifie efficacement la descente au tombeau du chrétien qui meurt au péché avec le Christ en vue d’une vie nouvelle : "Nous avons été ensevelis avec le Christ par le Baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle" (Rm 6,4 Col 2,12 Ep 5,26)