C’est incroyable à quel point les mots de la foi sont déformés ou trahis. C’est comme si, incapables de croire Dieu, nous laissions notre mauvais fond, menteur tricheur et querelleur, tourmenter les mots afin de travestir la parole de vie en discours mortifère.
C’est le cas avec ce pauvre mot de confession, et c’est d’ailleurs pourquoi on lui a substitué le terme de réconciliation : sacrement de la Réconciliation. Reste qu’il y a bien dans ce sacrement une confession.
Serait-ce cet acte couvert par l’anonymat qui consiste à vider notre sac de péchés dans la pénombre d’un confessionnal, comme on jetterait honteusement ses vieilles ordures la nuit sur le trottoir ou à la croisée d’un chemin ?
Et bien non, car si en effet le mot s’est déformé pour devenir pronominal ; « se confesser », il est originellement transitif, on « confesse quelque chose ».
Par exemple, à Césarée, Pierre interrogé par Jésus confesse : « Tu es le Fils du Dieu vivant ». C’est la confession de Pierre… et ce n’est pas un péché ! Thomas, après la résurrection confesse « Mon Seigneur et mon Dieu ». Point de péché, là non plus.
Oui, étymologiquement, confesser c’est bien avouer, reconnaître. Mais il s’agit d’abord de l’aveu de la foi.
Malheureusement, de l’aveu de la foi, on est passé à l’aveu des péchés, liste à l’appui.
Bon, soyons un peu sérieux, peut-on avoir la fatuité de croire que Dieu s’intéresse à notre misérable petit tas de péché ?
Pas plus que le père prodigue de l’Évangile ne questionne son fils sur sa folle cavale, notre Père ne se préoccupe du décompte de nos fautes. Ce qui le passionne, c’est notre retour. Ce qu’il attend, c’est le murmure de notre cœur qui gémit vers lui. Au premier « Père… » il s’élance à notre rencontre.
Oui, ce que nous confessons d’abord, c’est l’amour insensé, la tendresse infinie dont nous sommes comblés. Et dans la lumière de cet amour, nous voyons notre misère et nous pleurons sur notre petitesse, notre mesquinerie, et notre étroitesse de cœur, nous regrettons amèrement l’orgueil imbécile qui nous a séparés de la source de la vie et du bonheur.
Et heureusement, géniale miséricorde de la Tradition catholique, il y a un frère pour entendre notre détresse, un frère qui nous accueille, compatit, et nous offre les mots de la consolation. Par la bouche de ce frère, nous recevons les mots efficaces qui effacent nos péchés, et nous remettent dans la paix et la joie des enfants de Dieu : « Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés ». Telles sont les paroles finales de l’absolution que le prêtre prononce en étendant les mains sur la tête du pénitent.
Un petit mot, pour finir, sur l’usage de ce meuble étrange qu’on nomme confessionnal. J’ai bien du mal à comprendre qu’un sacrement dont le signe est le dialogue (le péché a coupé – abîmé — ma relation avec Dieu, la confession restaure la capacité de parole, le cœur à cœur avec Dieu), puisse être célébré dans un chuchotement obscur, sans l’échange d’un regard fraternel et aimant.
Alors, le conseil que je nous adresse, c’est qu’en la matière, il faut choisir la qualité, prendre notre temps. On peut éviter de se confesser « à la chaîne », comme si on faisait la queue à la Poste ou chez le médecin. On peut même prendre rendez-vous, et contrairement à la consultation médicale, ça ne coûte pas plus cher !
Ce que dit le Magistère de l'Eglise catholqiue :
CEC 1424 Il est appelé sacrement de la confession puisque l’aveu, la confession des péchés devant le prêtre est un élément essentiel de ce sacrement. Dans un sens profond ce sacrement est aussi une " confession ", reconnaissance et louange de la sainteté de Dieu et de sa miséricorde envers l’homme pécheur.
Il est appelé sacrement du pardon puisque par l’absolution sacramentelle du prêtre, Dieu accorde au pénitent " le pardon et la paix " (OP formule de l’absolution).
Il est appelé sacrement de Réconciliation car il donne au pécheur l’amour de Dieu qui réconcilie : " Laissez-vous réconcilier avec Dieu " (2 Co 5, 20). Celui qui vit de l’amour miséricordieux de Dieu est prêt à répondre à l’appel du Seigneur : " Va d’abord te réconcilier avec ton frère " (Mt 5, 24).
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