Au centre du christianisme, il y a le corps. C’est sans doute la caractéristique la plus étrange de la religion chrétienne, et ce qui la singularise parmi les religions (à supposer que le christianisme soit en rigueur de terme une religion, ce qu’il conviendrait d’examiner avec soin et méthode, mais ce petit articulet n’en est pas le lieu).
Le corps ! C’est là que bat le cœur, que jaillit la source, que se donne le sens. Se pencher sérieusement sur cette particularité, pourrait nous conduire à reparcourir en totalité la foi chrétienne, nous nous contenterons d’un survol.
Que contemplons-nous sur la croix sinon le corps du crucifié ? À quoi avons-nous part dans l’eucharistie sinon au corps du Ressuscité? Que devenons-nous sinon le corps du Christ.
Jusque-là, la règle était claire, l’esprit pour Dieu et le corps pour les humains. Et le corps encombrait l’esprit, faisait obstacle entre Dieu et l’humain. Négliger, le corps, le mépriser, s’en débarrasser, était le prix à payer pour accéder à Dieu.
Et voilà que tout change !
Mystère du corps de Dieu, scandale pour le sens religieux ordinaire, folie, absurdité pour les philosophes. Oui, Dieu prend corps, dans la parole (le Verbe) qui s’incarne.
Écoutons, contemplons, adorons ! Nous ne nous rendons pas compte ! Ah, si nous croyions, si nous savions la folie de Dieu !
Et c’est ce que nous en voulons pas croire, pas voir, pas entendre. Nous pensons, pauvres bêtes que nous sommes, que si nous étions de purs esprits, nous serions plus près de Dieu, des esprits, presque comme lui. Misérables rêves, lamentables évasions.
Mais notre Dieu s’est incarné. Il n’est pas un pur esprit, n’en déplaise aux antiques catéchismes.
Regardons-le, notre Dieu, tout nous parle du corps ! Et surtout la résurrection qui est bien celle de Jésus, de Dieu fait homme. Dans la Résurrection, et plus encore dans l’Ascension, il ne s’agit pas du « retour » de la deuxième personne de la Trinité dans la communion des personnes divines. Non, il s’agit de l’accueil de l’homme, du corps de l’homme Jésus dans la communion divine.
Et pour nous, ça change tout. À la suite de Jésus, nous sommes tous et chacun appelés à partager cette vie, à faire corps avec Dieu.
Ce que dit le magistere de l'Eglise catholique :
CEC 999 Comment le Christ est-il ressuscité ? Le Christ est ressuscité avec son propre corps : " Regardez mes mains et mes pieds : c’est bien moi " ; mais Il n’est pas revenu à une vie terrestre. De même, en Lui, " tous ressusciteront avec leur propre corps, qu’ils ont maintenant " (Cc. Latran IV : DS 801), mais ce corps sera " transfiguré en corps de gloire ", en " corps spirituel " (1 Co 15, 44).