Pour ce qui est de l’enfer, j’invoque le non-lieu, et aussi le non-être, et tant qu’à faire, pardonnez-moi le néologisme, le « non-temps ». En effet, si l’enfer est la privation de Dieu, comment imaginer qu’il puisse y avoir un lieu, un temps, hors de Dieu ? Alors, direz-vous, n’y a-t-il pas d’enfer ?
Bizarrement, si ! Et c’est une nouvelle incroyable à propos de Dieu. Cela signifie que Dieu ne s’impose pas, au point qu’il se laisse rejeter. Dieu accepte que nous lui disions non. Et si nous disons non à Dieu, si nous refusons la vie qu’il nous offre, l’amour auquel il nous invite, alors, sans doute cessons-nous d’être. Si nous choisissons le néant, Dieu nous l’accorde.
Reste à savoir si nous pouvons réellement choisir le néant. En théorie oui, mais en pratique ? Devant la face de Dieu, est-il possible que nous choisissions la mort et le non-être plutôt que la vie, et même, la Vie, avec un grand « V », la vie absolue que nous avons l’habitude de nommer éternelle ?
Je reconnais, que j’ai un peu de mal à croire qu’à l’instant ultime, celui de notre mort, de notre « comparution devant Dieu, nous puissions avoir le cran, l’orgueil, la folie de refuser la beauté, la bonté, la joie, offertes en abondance.
Et si cela était, Dieu n’insisterait-il pas ? Ne reviendrait-il pas à la charge ? Un certain nombre de fois… Mettons soixante-dix-sept fois sept fois, au minimum.
Je peux aussi imaginer que certains puissent ne pas se juger dignes de l’amour et de la vie qui leur seront offerts. Quand on a été blessé, humilié pendant toute sa vie, quand le malheur a été un lot quotidien, on peut avoir du mal à se croire appelé au bonheur. Pour tous ceux-là, je suis bien certain que Dieu sera patient et qu’il saura consoler, apprivoiser.
Mais les vrais méchants me direz-vous, les assassins, les sadiques, ceux qui ont pris leur plaisir dans la souffrance, la torture, la mort, l’humiliation ? Et bien je prie pour que même le pire des criminels ait conservé une part d’humanité, même toute petite, capable d’entendre l’appel ultime de Dieu. Car si cette petite part existe, alors, je crois qu’elle suffit à retourner un être, à reconquérir un cœur et une âme et à amener le pire des hommes à la repentance.
Pour conclure, est-il possible que certains humains choisissent l’enfer ? En théorie, oui, en pratique, j’espère que non.
Quant à moi, quant à nous, préparons-nous, exerçons-nous sans relâche. Choisissons Dieu et la vie dès maintenant et réjouissons-nous dès aujourd’hui du bonheur qui nous est promis, car la promesse du bonheur est déjà du bonheur. Ici et maintenant, mettons notre confiance dans le Seigneur, afin que notre jour « J », soit jour de joie et que nous soyons des enfants reconnaissants qui se jettent dans les bras du Père en disant « Me voici ».
Ce que dit le Magistère de l'Eglise catholique :
CEC 1037. Dieu ne prédestine personne à aller en enfer (cf. DS 397 ; 1567) ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin. Dans la liturgie eucharistique et dans les prières quotidiennes de ses fidèles, l’Église implore la miséricorde de Dieu, qui veut " que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir " (2 P 3, 9)