Le mot est plein d’ambiguïté et pourtant, il est la véritable raison d’être de tout le développement du christianisme depuis les origines. L’évangélisation est même le propre du christianisme. C’est ce que fait Jésus. Il ne crée pas de religion, n’établit pas de culte, ne laisse pas de corpus doctrinal. Il annonce « à corps perdu » la nouvelle, la « bonne » nouvelle : il y a un Dieu avec un cœur de père, avec des entrailles de mère, qui prend fait et cause pour l’humanité, qui veut son bonheur, son « Salut ». Et cette annonce, il la scelle, la garantit au prix de sa vie.
Depuis, fini les négociations avec la divinité ; « si je te sacrifie un mouton blanc, tu feras tomber la pluie et retiendras la foudre. », « Si je trouve un juste dans cette ville, tu ne feras pas tomber le feu du ciel ». Non tout cela est terminé. Il n’y a aucun sacrifice à faire pour apaiser un courroux divin. On trouvera des justes puisque c’est Dieu lui-même qui justifie. Et si nous rendons un culte à Dieu, c’est un culte d’action de grâce car tout ce que nous demandons nous est déjà accordé.
Pour évangéliser, il suffit donc d’annoncer, cette extraordinaire nouvelle : « Dieu est avec nous », d’en vivre et d’en témoigner, comme le Christ lui-même l’a fait.
Comme le Christ lui-même l’a fait ! Tout le secret est là.
Pas question d’apporter l’Évangile comme on apporte la civilisation, et malheureusement, souvent de la même main, qui n’était guère tendre.
L’Évangile ne « s’apporte » pas, il se porte. Il se porte à même la peau. Et d’ailleurs sont qui l’ont porté y ont la plupart du temps laissé leur peau, comme le Christ…
On parle aujourd’hui de seconde évangélisation, de nouvelle évangélisation. Il semble que de nouveau, on s’apprête à « apporter » quelque chose. Ne commettons pas de nouveau les mêmes erreurs que par le passé. Certes, on ne risque plus les conversions forcées, mais prenons garde, il est facile de croire que nous savons ce qui est bon pour l’autre. « Que veux-tu que je fasse pour toi, demandait Jésus ». À son exemple, commençons par écouter avant de parler.
Il se pourrait que ce monde ait aussi des choses à nous dire…
EVANGELII NUNTIANDI (Exhortation de Paul VI)
7-Jésus lui-même, Évangile de Dieu, a été le tout premier et le plus grand évangélisateur. Il l’a été jusqu’au bout : jusqu’à la perfection, jusqu’au sacrifice de sa vie terrestre.
14-Nous voulons confirmer une fois de plus que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Eglise, tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes. Evangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde.