L’Évangile, tout le monde sait ça, c’est la « Bonne Nouvelle ». C’est même ça que le mot veut dire. Bon ça ne nous empêche pas de dire la bonne nouvelle de l’Évangile à longueur de phrase. Remarquez qu’avec un pareil effet de redondance on est ordinairement dispensé de dire de quoi il s’agit. C’est le genre super-cadeau dont on ne déferait jamais le paquet. Au moins comme ça, on n’est pas déçu !
On a bien tort de ne pas ouvrir le cadeau, c’est-à-dire de ne pas ouvrir les livres des évangiles. Ils sont au nombre de quatre, comme les quatre as, ou les quatre mousquetaires. Ils ressemblent d’ailleurs plutôt aux mousquetaires. Matthieu, Marc, Luc, les synoptiques, qu’on peut quasiment lire en parallèle, sont les trois premiers. Le quatrième, celui de Jean est une sorte de D’Artagnan, qui fait cavalier seul.
Ce qui est frappant, c’est que les évangiles n’ont pas grand-chose à voir avec le catéchisme. D’abord, ils racontent des histoires qui mettent en scène des gens, hommes, pêcheurs, bergers, marchands, soldats, femmes, dames de bien et filles de rien et enfants. Ils sont truffés de petits détails amusants qui si on est un peu attentif nous transportent en un instant les pieds dans la poussière des chemins de Galilée, de Judée et de Samarie. Il fait chaud, froid, le soleil se couche, le vent se lève, les vagues du lac claquent. On croque des épis au bord des champs, on se désaltère au puits, on lève sa coupe chez des amis. Ici, un enfant est malade, là, un homme mendie son pain. Partout, on vit, on mange, on paye ses impôts, on pleure la mort des amis. Et puis on s’interroge, on questionne parfois on réclame, on jalouse et même on jure fidélité et amitié, et puis, on trahit, on renie. Bref, c’est la vie comme elle va et comme elle ne va pas. Bien sûr, il y a le personnage principal, ce jeune homme qui ne laisse personne indifférent, qui bouleverse les foules, retourne les cœurs. Il a un « je-ne-sais-quoi ». Il parle comme personne avant lui. « Mais qui donc est cet homme ? ». C’est la phrase qui traverse tous les Évangile. Et quand nous nous laissons nous aussi traverser par cette question, alors, nous défaisons le paquet cadeau. Alors, la Bonne Nouvelle peut nous atteindre, alors, l’Évangile s’ouvre vraiment. LA Bonne Nouvelle, elle est là, avec cet homme : Dieu n’est ni un grand horloger indifférent au monde, ni un juge suprême. Dieu est un patron qui embauche jusqu’à la onzième heure, un père qui guette le retour du son fils. Et surtout, aussi fou que cela puisse paraître, Dieu a mis les pieds sur la Terre, comme chez lui. La Bonne Nouvelle a bien d’autres accents. Quant à moi, je ne me lasse jamais d’aller à Cana entendre chanter les invités éméchés. J’aime aussi aller à Béthanie admirer la colère et la foi de Marthe, je la trouve « gonflée » d’apostropher Jésus comme ça. Parfois, j’ai le courage de me glisser dans la nuit froide du jardin des Oliviers. Mais là, j’avoue que moi aussi, j’ai peur et je tremble… Allez, vous aussi, ouvrez le livre, Dieu est là !
Aujourd’hui, la conclusion appartiendra à l’Évangile de Jean, au chapitre 21, verset 25
« Il y a encore bien d’autres choses qu’a faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu’on en écrirait. »