Avant toute chose, soyons bien clairs, je crois aux miracles. Comment ne pourrais-je ne pas y croire ? J’ai vécu assez d’années pour en voir, et beaucoup, se réaliser sous mes propres yeux. Certes, je n’ai vu personne quitter son fauteuil roulant et se mettre à courir, mais j’ai vu des paralysés du cœur se mettre à aimer et des âmes dévorées par la haine pardonner. Mais ça, me direz-vous, ce ne sont pas de « vrais » miracles. Pas des miracles démontrés, des miracles « contre » la science !
Faut-il que notre foi et notre intelligence soient dévoyées pour que nous souscrivions, sans même nous en rendre compte aux arguments du plus primaire du positivisme.
Et c’est bien en cela que la question du ou des miracles est complètement dévoyée. Oui, dévoyée, car les miracles qui, si j’en crois Jésus lui-même, sont des signes donnés pour notre foi – des signes c’est-à-dire quelque chose à comprendre et à interpréter – sont devenus des preuves. Des preuves ! Et pour être des preuves, il faut qu’ils soient « inexplicables ». Ils seraient des preuves qu’il y a un Dieu ! Un Dieu cantonné dans l’inexplicable !
La belle affaire, s’est-on avisé qu’il y a des miracles dans toutes les religions, et ceci depuis des temps immémoriaux ! Il y en avait en Épidaure au temple d’Esculape, il y en a dans les grands sanctuaires de toutes les religions. Des « vrais » miracles direz-vous ? Oui, au sens où les gens sont guéris, ils marchent ils recouvrent la vue ou l’ouïe, leurs plaies s’assèchent et leurs tumeurs disparaissent. Il y a pourtant une différence, comme ça ne se produit pas dans l’Occident positiviste, on n’en demande pas de « preuve » à la médecine. Les gens ne sont pas allés chez le médecin avant, et après, ils se contentent de louer leurs dieux de les avoir secourus, et ils rentrent chez eux, réjouis et sauvés. Pas d’analyses, pas de scanner, pas de preuve, juste la foi et la joie. Comme c’était le cas en Occident avant que le terrorisme de la pensée positiviste nous contamine si bien qu’on a ouvert à Lourdes un « bureau des miracles » – rien que l’expression en est risible, la grâce rentrant dans les cases des formulaires ! La gratuité de Dieu doit se plier à nos logiques fonctionnaires. Désormais donc, les miracles sont soupesés non au poids de la foi, mais à celui de l’échec de la science. Récemment, on a ergoté sur le miracle qui « prouve » la sainteté de Jean-Paul II. Outre le grand doute que j’ai sur l’urgence qu’il y a d’entreprendre une telle procédure, il me semble qu’en matière de miracles, il y avait mieux à trouver… de murs qui tombent, des ennemis qui se tendent la main… on avait l’embarras du choix !
Notre vision étroitement prosaïque est l’un des symptômes des plus grave de la maladie du catholicisme : il est matérialiste, gravement, tragiquement matérialiste. Grave contresens, contre sa source même et contre l’esprit. Je n’ose pas l’écrire avec un « E » capital, mais c’est quand même ce péché-là qui nous guette.
Il n’y a pas grand-chose sur les miracles dans le Catéchisme de l’Église catholique alors j’ai été en chercher un sur dailymotion :