Sauvés par quoi ? La foi ou les œuvres ? On peut le jouer à pile ou face ou se lancer dans de subtils débats théologiques. Une certitude demeure : nous sommes d’abord sauvés par les œuvres… Les œuvres de Dieu, bien sûr !
Qui oserait imaginer que nous puissions être sauvés à la seule force de nos petits bras, de notre petite âme ? Nos œuvres aussi vastes, belles, généreuses, ambitieuses soient-elles, sont des œuvres humaines et à ce titre, marquée par nos limites, notre finitude. Or nous aspirons à plus grand que ce que nous sommes, à imaginer plus vaste, à espérer plus loin que ce que notre regard englobe et atteint. Ce désir plus grand que nous peut nous conduire au péché, c’est-à-dire à la frustration, au désespoir, à l’illusion de toute puissance, à l’égoïsme… La liste est longue des ersatz avec lesquels nous trompons notre désir. Oui, en trompant notre désir, nous nous trompons. Nous trompons Dieu et nous nous trompons de Dieu en sacrifiant à d’illusoires idoles. Or l’œuvre de Dieu vient au secours de notre désir, non pour le ratatiner mais pour l’exalter. Le salut qui nous est donné ne nous sauve pas du désir mais du désespoir. Il n’est pas question d’humiliation mais de l’humilité qui nous fait reconnaître Dieu comme source, moyen et but ultime de notre désir.
Nous recevons tout de l’œuvre de Dieu, par pure grâce, sans mérite de notre part. Dieu seul sauve nos œuvres du néant, de l’effacement, de l’insignifiance. Nous avons raison de voir grand dès lors que nos œuvres sont liées et ordonnées à l’œuvre de Dieu. C’est ce que Jésus dit lui-même dans l’évangile de Jean, au verset 12 et 13 du chapitre 14 : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais ; et il en fera même de plus grandes, parce que je vais vers le Père. Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. »
Les œuvres, nos œuvres sont bien le fruit et le témoignage de notre foi.
C’est ce que dit l’apôtre Jacques lorsqu’il demande : « Montre-moi ta foi »
Pendant des siècles, cette question de la foi et des œuvres a déchiré les chrétiens, en particulier, les catholiques et les protestants. L’accord luthéro-catholique de 1999 a conclu à une totale convergence de la doctrine exprimée en des termes différents.
Par-delà ou bien en deçà des savants édifices des théologiens, le bon sens nous fait dire que l’œuvre de Dieu se manifeste dans le don de la foi que nous manifestons par les œuvres.
Lettre de saint Jacques, chapitre 2, verset 14 à 18.
« À quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu'un dise : «J'ai la foi», s'il n'a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus, s'ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l'un d'entre vous leur dise : «Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous», sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi : si elle n'a pas les œuvres, elle est tout à fait morte.
Au contraire, on dira : “Toi, tu as la foi, et moi, j'ai les œuvres ? Montre-moi ta foi sans les œuvres ; moi, c'est par les œuvres que je te montrerai ma foi.” »