Mercredi débute le salon du patrimoine. Ministère de la culture, collectivités territoriales, associations, consultants en tourisme et en patrimoine, artisans… tout le petit monde qui restaure, anime, gère et fait vivre le patrimoine sera présent au Carrousel du Louvre du 5 au 8 novembre autour d’un thème : « Patrimoine des religions ».
Parmi les conférences et tables rondes qui traiteront de ce sujet, l’Institut d’Etudes Supérieures des Arts organise une rencontre entre Monseigneur Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg, Alain Erlande Brandenburg, conservateur général honoraire du patrimoine et grand spécialiste de l’architecture gothique et Denis Lavalle, conservateur général du patrimoine en charge du suivi des grands travaux à la Direction de l’architecture et du patrimoine au Ministère de la Culture et de la Communication.
Au centre de cette rencontre : l’accueil des publics dans les édifices religieux et plus particulièrement dans les cathédrales. Comment faire en sorte que cohabitent dans un respect mutuel les chrétiens qui viennent célébrer et prier et les touristes qui viennent découvrir des trésors d’architecture, de sculpture et de peinture ?
Entre l’Etat propriétaire et l’Eglise usufruitière de ces cathédrales, un dialogue s’instaure pour que chacun, religieux ou non puisse pénétrer dans ces lieux et y trouver ce qu’il recherche. Mais pour les uns comme pour les autres, il n’y aurait pire solution que de les transformer en musées. L’Eglise comme l’art qu’elle a produit s’inscrit dans une dynamique, dans un chemin. La plupart de ces bâtiments ont été transformés au cours des siècles, des réformes liturgiques, de l’histoire du goût. Et ils doivent continuer de vivre et d’évoluer, d’accueillir de nouvelles formes artistiques… tout en conservant les productions souvent exceptionnelles et parfois uniques qu’ils abritent.
Comme le souligne très justement Alain Erlande Brandenburg, il ne faudrait pas regarder « l’art sacré » comme figé. L’art de l’Eglise exprime une pensée dans des synthèses réalisées par l’homme à des moments précis et à partir de données renouvelées. Le résultat est à l’image de la vie humaine, il n’obéit pas à un déterminisme, il est la longue conversation des hommes qui souhaitent honorer Dieu.
Finalement l’enjeu est donc souvent le même pour le chrétien qui vient prier et pour le visiteur qui souhaite comprendre l’art produit dans les édifices religieux : s’intégrer à une conversation de formes, de volumes, de couleurs et de lumières qui tente de dire quelque chose de la foi des hommes.
Alors évidemment, il faut s’organiser pour que le flux des touristes ne vienne pas altérer la qualité d’un silence propice à la prière et à l’entrée dans le mystère vers lequel nous tourne ce patrimoine. Mais si la médiation du lieu et des œuvres est bien faite, et si sa logistique favorise un climat d’ouverture à leur compréhension dans leur dimension esthétique, culturelle et spirituelle, il est certain qu’elle pourra tout autant bénéficier aux touristes qu’aux fidèles.