Par-dessus l'horizon aux collines brunies,
Le soleil, cette fleur des splendeurs infinies,
Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ;
Une humble marguerite, éclose au bord d'un champ,
Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle,
Blanche épanouissait sa candide auréole ;
Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,
Regardait fixement, dans l'éternel azur,
Le grand astre épanchant sa lumière immortelle.
«Et, moi, j'ai des rayons aussi !» lui disait-elle.
Victor HUGO, Unité, Les contemplations
Et si la première chose à faire, comme cette petite marguerite, c’était de nous persuader qu’entre Dieu et nous il y a quelque chose de commun. Dieu n’est pas le tout Autre, s’il l’était, il ne nous importerait pas. Penché sur la terre, il nous illumine de sa Grâce attendant que nous prenions conscience que nous aussi, comme la marguerite, nous avons des rayons et qu’ils peuvent illuminer le monde. Malgré notre faiblesse, la blancheur dont Dieu nous a revêtu au baptême est une lumière pour nos frères et pour nos soeurs.
L’unité commence peut-être là. Car sans cette conviction, sans cette reconnaissance que quelque chose de Dieu, si imparfait que nous soyons, habite en nous, nous unit à lui, nous ne trouverons jamais ni la force, ni les mots, ni les actes qui nous permettront d’être témoin de son amour.
Fort de cette conviction, le regard fixé sur lui, nous pourrons nous aussi regarder par-dessus les vieux murs des divisions passées et présentes.
Fort de cette conviction, le regard fixé sur lui, nous pourrons nous aussi nous tenir droit parmi l’avoine folle et témoigner dans l’éternel azur de son amour qu’Il ne cesse de se pencher sur le monde pour l’inonder de sa lumière.