Si Paul venait nous visiter aujourd’hui, viendrait-il avec des verges ou bien avec charité et en esprit de douceur ? Cette semaine, nous prions pour l’unité des chrétiens. Avec sincérité, nous prions, conscients que nos divisions sont un scandale qui nuit à la venue du Christ. Pourtant, de là où il est, Paul entend une cacophonie qui lui rappelle sa belle colère léguée dans la première épître aux corinthiens. « Je suis à Benoit XVI, entend-il, je suis au cardinal Danneels ou à monseigneur Léonard, je suis à l’abbé Michel ou à monseigneur Nourrichard, je suis à ma conscience, je suis à la tradition… je suis, je suis, je suis… »
Seigneur, pardonne-moi, je suis le premier à dire je suis !
Le scandale de l’unité est un véritable jeu de poupées russes. Cette unique Eglise que le Christ a instituée nous l’avons divisée, comme nous continuons de diviser nos propres églises (catholiques, orthodoxes, luthériennes…), nos églises particulières (celle qui est à Evreux, à Bruxelles ou pour moi à Paris), nos communautés, nos paroisses, nos familles religieuses… Depuis les premières communautés jusqu’à aujourd’hui, nous ne cessons pour des convictions religieuses, spirituelles, intellectueles, politiques, identitaires… de nous éloigner de celui auquel nous nous disons appartenir.
Seigneur, pardonne-moi, je suis le premier à m’éloigner de toi !
Depuis les premiers temps de l’Eglise, Paul nous met en garde et nous ne l’écoutons pas. Nous savons et notre science nous fait oublier l’amour. Nous voulons et notre volonté nous fait oublier la charité. Nous combattons et notre combat nous fait oublier celui même pour qui nous combattons. Que de mots brandis, que d’anathèmes jetés, que de petites certitudes défendues… quel manque de foi, d'espérance et de charité. En cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, c’est aussi pour nous que nous devons prier afin que nous acceptions de remettre le Christ au centre de notre vie, nos frères et nos sœurs au centre de nos préoccupations. Alors, nous serons unis. Alors, nous serons témoins.
Seigneur, prends pitié de moi, fais que je ne sois pas dupe de moi-même !