Lectures : Ex 20, 1-17 ; Ps 18, 8, 9, 10, 11 ; 1Co 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25
« Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. »
Certes, nous n’élevons pas de statues d’oiseaux, de taureaux ou de cachalots devant lesquels nous nous prosternons. Mais ne faisons nous pas pire en élevant nos phantasmes, nos attentes et souvent nos peurs comme une statue invisible en laquelle nous croyons reconnaître l’image de Dieu et Dieu lui-même.
« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage. »
En ce troisième dimanche de Carême, à l’écoute des textes qui nous sont proposés, je me pose la question de savoir si, parfois, je n’inverse pas les rôles. Si je ne crée pas Dieu à mon image au lieu d’accueillir Celui qui vient à moi. Et malheureusement je connais la réponse.
« Alors que les Juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. »
Oui, ce dimanche, comme chaque jour, je proclamerai avec Paul, un Messie crucifié mais accueillerais-je vraiment Jésus, le ressuscité ? Jésus dont les paroles et la vie s’adresse aujourd’hui encore à moi, comme à nous tous, pour me faire découvrir qui est ce Dieu auquel je dis avoir donné ma foi.
« Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Car, dans l’évangile de Jean, le cri de Jésus ne porte pas que sur l’argent, il porte également sur notre aptitude à faire de la contrefaçon. Et souvent de la contrefaçon grossière. A bâtir petit à petit une maison de Dieu, un Temple, une Eglise, avec ce que nous créons plutôt qu’avec ce que Dieu nous offre. A nous laisser inconsciemment déporter jusqu’à ne plus entendre Dieu tellement nous sommes devenus sourds, enfermés dans des habitudes et de la Tradition qui ne nous permettent même plus de voir que ce que nous affirmons n’a plus grand rapport avec ce que Jésus nous a enseigné, ou pire parfois lui est contraire.
En ce temps de Carême, je crois que nous pouvons nous poser ces deux questions : Est-ce que je laisse à Dieu la possibilité d’être lui-même ? Est-ce que j’accepte d’entendre ce qu’il me dit, ce qu’il nous dit ?
Ne créons pas Dieu à l’image de nos peurs et de nos faiblesses mais reconnaissons le dans la vie qu’il nous donne en abondance. Là nous serons sauvés et la Résurrection que nous nous préparons à fêter durant ce Carême éclairera notre propre vie comme l’ensemble de la création restaurée dans Jésus, le Christ.