Il n’y aura pas de temple dans la Jérusalem céleste. Pas de temple, pas de religion. Simplement l’amour, selon la parole de Jésus : « Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. » (Jn 14). Le peule rassemblé et son Dieu demeurant auprès de lui.
Pourquoi respecter des règles alors ? Dans la petite crise racontée par Luc dans les Actes, la question est de savoir s’il faut ou non être circoncis pour entrer dans le nouveau Peuple de Dieu qu’est l’Eglise, être circoncis comme le veut la tradition du Peuple de Dieu selon la loi de Moïse. La réponse donnée par ce que nous appelons couramment le Concile de Jérusalem est double : la circoncision n’est pas nécessaire pour les païens, mais afin de permettre aux chrétiens issus du judaïsme et respectant la loi de Moïse et aux nouveaux convertis de s’asseoir à la même table on leur imposera quelques règles alimentaires issues de la loi de Moïse.
Si on relit l’ensemble du chapitre 15 des Actes on s’aperçoit que, dans cette décision, deux axes prédominent : ne pas faire porter un fardeau trop lourd aux nouveaux convertis, un fardeau trop lourd pour les juifs eux-mêmes, et préserver la communion. On s’aperçoit également que ce ne sont pas les règles et la tradition qui sont mis au cœur du questionnement mais le témoignage des œuvres de Dieu dans la communauté d’Antioche : « Alors toute l’assemblée fit silence. On écoutait Barnabé et Paul exposer tout ce que Dieu avait accompli par eux de signes et prodiges parmi les païens. » (Ac 15, 12).
Car si l’Eglise a été instituée, c’est bien pour témoigner que Dieu reste présent auprès de son Peuple. « Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14). Un Dieu libre qui a choisi de proposer son alliance à tous les hommes et toutes les femmes en leur communiquant son Esprit. « Et Dieu, qui connait les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l’Esprit Saint tout comme à nous. » (Ac 15, 8). L’Esprit saint qui, comme le rappellent les apôtres, décide de ce qui est bon.
Ce premier concile est donc un concile pastoral et sa décision a changé l’avenir de l’Eglise. Les principes qui ont éclairé cette décision sont toujours valables : la sollicitude et la communion enseignée par le Christ, seule lumière. « La cité n'a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l'illumine, et sa source de lumière, c'est l'Agneau. » (Ap 21,23). Pastoral… il serait temps de redonner à ce mot sa juste valeur car que pourrait-il y avoir de plus grand que ce qui est issu de l’Agneau pasteur. Qu’est-ce qu’un dogme ou une tradition face à l’amour de Dieu ?