« Cependant tout le peuple faisait leur éloge, et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi. » (Ac 5, 14)
Comme nous aimerions voir cette phrase s’étaler à la une de nos journaux. Malheureusement tel n’est pas le cas et certains d’entre nous s’en plaignent avec véhémence, allant jusqu’à crier au complot médiatique. Ne serait-il pas plus sage de nous poser humblement la question des signes et des prodiges que nous donnons à voir aujourd’hui ? Ces signes et ces prodiges que Dieu réalise dans le peuple par les mains de ses apôtres. Ne serait-il pas plus sage de nous questionner humblement sur le témoignage que nous rendons à Dieu avant de nous questionner sur celui que le monde rend à l’Eglise ? Car, si je suis catholique et crois profondément que l’Eglise annonce et instaure le Royaume de Dieu, manifesté dans le Christ (cf. Vatican II, Lumen Gentium, 5), ce qui m’intéresse en premier lieu c’est que mes frères et mes sœurs adhèrent au Seigneur.
Et la première chose que nous devons nous rappeler, c’est qu’en tout temps, et particulièrement dans les temps difficiles, comme pour Jean à Patmos, ce n’est pas notre parole qui importe mais celui qui est le Verbe de Dieu et qui nous répète sans cesse : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier, je suis le Vivant : j'étais mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles, et je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. » (Ap 1, 17-19). C’est lui, le Christ, Jésus ressuscité qui attire les hommes et les femmes pour leur donner la vie éternelle. Ce que nous célébrons dans ce temps pascal c’est ce signe et ce prodige qui permet d’adhérer au Seigneur dans la foi. C’est de cela que nous avons à être les témoins.
Et Thomas, dont l’exclamation de foi retentit dans l’Evangile de Jean « Mon Seigneur et mon Dieu », nous rappelle dans son questionnement que le signe et le prodige réside dans le fait que le Ressuscité est bien le Jésus qu’il a côtoyé, cet homme avec lequel il a vécu et qui a témoigné de l’amour de Dieu jusque sur la Croix. Les plaies qu’il souhaite toucher, c’est la chair du Ressuscité. Car quel serait le sens de la vie éternelle si celle-ci n’avait aucun lien avec la vie humaine ? Et peut-être est-ce là que notre témoignage pèche ? Nous proclamons à la face du monde un Christ ressuscité mais ce même monde semble entendre dans nos propos un mépris de la vie humaine et de ses errements. Nous apparaissons dans notre discours « officiel » comme les apôtres d’une vérité désincarnée, contredisant ainsi les actes évangéliques que tant de chrétiens posent au jour le jour dans leur engagement envers les plus défavorisés. Contrairement à Jésus qui accueillait, mangeait avec les pécheurs, remettait en route les égarés, nous semblons incapables d’avoir une parole publique qui soit en adéquation avec nos actes. Or, notre responsabilité devant Dieu ne peut pas simplement consister à être certains que ce que nous proclamons est la Vérité mais également, et peut-être surtout, que cette Vérité soit entendue par nos contemporains pour ce qu’elle est : l’amour de Dieu qui appelle chacun d’entre eux, dans sa vie, dans sa chair, à la vie éternelle.
En ce deuxième dimanche de Pâques, nous pouvons prier pour que notre parole publique, tout comme nos actes,
témoignent de la charité du Christ, de cet amour bienveillant qui jamais n'exclut.
Alors peut-être aurons-nous la joie de pouvoir lire un jour dans les pages de nos journaux « On allait jusqu'à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des lits et des brancards » ou « Et même, une foule venue des villages voisins de Jérusalem amenait des gens malades ou tourmentés par des esprits mauvais ». Car pour les signes et les prodiges, nul doute que Dieu sera lui-même au rendez-vous.