Voilà un véritable faux-ami. Tout d’abord, parce que cette période bien que précédant Noël ne l’indique pas par son nom. L’Avent n’est pas l’avant. Son « e » nous invite à regarder l’av-e-nir. Car l’Avent n’est pas ce qui précède mais ce qui va arriver. Dans la même famille, on trouve ainsi les mots événement et avènement. Là encore, surprise. Noël, l’une des choses les plus prévisibles de l’année, est prétendument un événement. Bon, soit pendant presque quatre semaines (eh oui, quatre dimanches, ça ne fait pas nécessairement quatre semaines, révisez les règles de l’intervalle !), nous allons nous préparer à un événement.
En théorie, cette période est un « petit carême ». J’en veux pour preuve la couleur liturgique, le violet. Mais finalement, la seule chose dont nous jeûnerons, ce sera du Gloria de la messe dominicale, afin d’être impatients de mêler nos voix à celles des anges, dans la nuit de Noël, pour acclamer Dieu qui vient. Car le voilà, l’événement : Dieu vient. Oh, il vient en toute simplicité, sans tambour ni trompettes, juste avec quelques hautbois et une poignée de musettes (des sortes de cornemuses).
Quelques prédicateurs, sans doute fatigués de prêcher chaque année sur la naissance d’un enfant, (l’innocence, la faiblesse, le « miracle de la vie » et autres…), rappellent que nous attendons aussi le retour du Christ, ce que les savants appellent la Parousie. Son retour dans la gloire, cette fois, pas dans l’humble intimité d’une famille humaine, mais avec les trompettes du Jugement, le tonnerre et les effets spéciaux. Ah, ça vous a tout de suite une autre gueule ! Le seul détail un peu dérangeant, c’est que c’est ce qu’on a célébré le dimanche qui précède le début de l’Avent en fêtant le Christ-Roi. Certes, on peut prétendre que tout est dans tout et célébrer le messie humilié à la fin de l’année liturgique et son retour dans la gloire à Noël, mais on doit bien admettre que ça ne facilite pas la compréhension.
Je sais aussi qu’il est toujours difficile de reconnaître Dieu dans cet « abaissement », comme dit le vieux cantique. Il y a deux mille ans, nos ancêtres qui espéraient un messie pour Israël ne s’attendaient pas à l’humble naissance du fils de Marie et Joseph. Pas plus qu’ils ne s’attendaient à ce que ce messie soit Dieu lui-même. Quand aux disciples, il est clair que d’un bout à l’autre de leur aventure, ils découvrent que Jésus est toujours « ce qu’ils n’attendaient pas ». Jusqu’à la « divine » surprise de Pâques : « ce Jésus crucifié, Dieu l’a ressuscité il est vivant ». Ça, bien sûr, personne ne s’y attendait !
Tout ça vous paraît un peu compliqué ? Vous avez raison, revenons à des choses simples. Vous souvenez-vous, ce sentiment merveilleux que vous avez éprouvé enfant, de trouver au pied de l’arbre le cadeau que vous n’espériez même pas ? Et bien le temps de l’Avent ça devrait être cela, tout simplement, l’attente de l’inattendu.
Ce que dit le Magistère de l'Eglise catholique.
CEC 524 - En célébrant chaque année la liturgie de l’Avent l’Église actualise cette attente du Messie : en communiant à la longue préparation de la première venue du Sauveur, les fidèles renouvellent l’ardent désir de son second Avènement.