Ce qui est terrible avec l'oecuménisme c'est que depuis que nous nous conduisons comme des gens à peu près civilisés, que nous ne nous entrégorgeons plus ni ne nous jetons des noms d'oiseaux et des anathèmes à la figure, nous avons, en gros, la conscience tranquille.
Une fois l'an, nous manifestons symboliquement notre fraternité dans l'espérance et nous nous rendormons bien tranquilles. Finalement, à y regarder de près, ce qui devrait être un monstrueux scandale devient une sorte de contribution du christianisme à la biodiversité : eh bien oui, il y a différentes variétés de chrétiens, où est la mal ? Oui, où est le mal ? La diversité, et la tolérance, c'est bien... On ne va tout de même pas aller se chercher des poux dans la tête alors qu'on cohabite si aimablement!
D'ailleurs, il faut bien dire que notre niveau de sensibilité théologique ayant fortement baissé, nous serions bien en peine, pour la plupart de circonscrire les points qui nous séparent. Et puis, de toutes les façons, Dieu reconnaîtra les siens... C'est à dire tout le monde. Il faut ajouter, pour parfaire le tableau, qu'il n'y a plus que quelques franges d'intransigeants flirtant, voire plus, avec l'intégrisme, qui ont l'air de savoir de quoi il retourne. Et tant qu'à faire, nous ne voudrions pas être mis dans le même sac que ceux qui croient, chez les catholiques que "protestant" est une insulte, et chez les protestants et les orthodoxes, qu'il n'y a rien de pire que de se faire traiter de papiste!
Alors, on se résigne. On attend la saint Glinglin surtout chez ceux qui ont une dévotion aux saints... Ou la consommation des temps, ce qui devrait être concomitant.
Bon sang ! Faut-il que nous soyons insensibles et mal croyants pour supporter que le Corps du Christ, sa présence au monde, soit défiguré par nos querelles.
Et le pire, c'est que nous osons prier Dieu de nous réconcilier ! Non, ce n'est pas mal de prier. Ce qui est mal, c'est de remettre à Dieu une responsabilité qui est la nôtre! Ce n'est pas Dieu qui nous a séparés. C'est bien nous, avec nos orgueils débiles, notre susceptibilité meurtrière, notre goût de la haine.
A genoux, à genoux ! Dans la cendre et la pénitence. Seules nos larmes amères, nous délivreront. Seule notre honte et notre repentance inconditionnelle nous mettront sur le chemin de l'unité. Non dans une molle tolérance, non dans cette "diversité" si à la mode, amis dans une véritable fraternité retrouvée, dans la joyeuse exubérance des enfants du même Père. Il y a plusieurs maisons dans la maison du Père, dit Jésus, il serait temps d’inaugurer une fraternelle hospitalité.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange.
Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ;
alors on offrira des taureaux sur ton autel.
(Psaume 50)