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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 00:55

 

Ce qui est terrible avec l'oecuménisme c'est que depuis que nous nous conduisons comme des gens à peu près civilisés, que nous ne nous entrégorgeons plus ni ne nous jetons des noms d'oiseaux et des anathèmes à la figure, nous avons, en gros, la conscience tranquille.

Une fois l'an, nous manifestons symboliquement notre fraternité dans l'espérance et nous nous rendormons bien tranquilles. Finalement, à  y regarder de près, ce qui devrait être un monstrueux scandale devient une sorte de contribution du christianisme à  la biodiversité : eh bien oui, il y a différentes variétés de chrétiens, où est la mal ? Oui, où est le mal ? La diversité, et la tolérance, c'est bien... On ne va tout de même pas aller se chercher des poux dans la tête alors qu'on cohabite si aimablement!

D'ailleurs, il faut bien dire que notre niveau de sensibilité  théologique ayant fortement baissé, nous serions bien en peine, pour la plupart de circonscrire les points qui nous séparent. Et puis, de toutes les façons, Dieu reconnaîtra les siens... C'est à  dire tout le monde. Il faut ajouter, pour parfaire le tableau, qu'il n'y a plus que quelques franges d'intransigeants flirtant, voire plus, avec l'intégrisme, qui ont l'air de savoir de quoi il retourne. Et tant qu'à  faire, nous ne voudrions pas être mis dans le même sac que ceux qui croient, chez les catholiques que "protestant" est une insulte, et chez les protestants et les orthodoxes, qu'il n'y a rien de pire que de se faire traiter de papiste!

Alors, on se résigne. On attend la saint Glinglin surtout chez ceux qui ont une dévotion aux saints... Ou la consommation des temps, ce qui devrait être concomitant.

Bon sang ! Faut-il que nous soyons insensibles et mal croyants pour supporter que le Corps du Christ, sa présence au monde, soit défiguré par nos querelles.

Et le pire, c'est que nous osons prier Dieu de nous réconcilier ! Non, ce n'est pas mal de prier. Ce qui est mal, c'est de remettre à  Dieu une responsabilité qui est la nôtre! Ce n'est pas Dieu qui nous a séparés. C'est bien nous, avec nos orgueils débiles, notre susceptibilité meurtrière, notre goût de la haine.

A genoux, à genoux ! Dans la cendre et la pénitence. Seules nos larmes amères, nous délivreront. Seule notre honte et notre repentance inconditionnelle nous mettront sur le chemin de l'unité. Non dans une molle tolérance, non dans cette "diversité" si à la mode, amis dans une véritable fraternité retrouvée, dans la joyeuse exubérance des enfants du même Père. Il y a plusieurs maisons dans la maison du Père, dit Jésus, il serait temps d’inaugurer une fraternelle hospitalité.  

 

Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange.

Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste.

Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ;

tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.

Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.

Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ;

alors on offrira des taureaux sur ton autel.

(Psaume 50) 

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 12:49

 

« Ah, si tu déchirais le ciel », c’est la prière qui traverse l’Ancien Testament. Depuis le rêve de Jacob qui voyait les anges monter et descendre, en passant par le grand cri d’Isaïe (Is 63, 19). Oui, si Dieu pouvait manifester sa présence, être là, à nos côtés.

Eh bien c’est fait à chaque messe, Dieu déchire le ciel, ou plus exactement, nous célébrons à chaque messe ce mystère du ciel qui s’ouvre, de Dieu qui vient.

Et Dieu vient, en son Fils Jésus-Christ, non pour juger le monde mais pour que par lui le monde soit sauvé.

C’est dire qu’à chaque messe, nous sommes conviés à être les témoins et participants d’un événement cosmique : c’est-à-dire qui change la face du monde. Il ne s’agit de faire des petits actes de piété personnelle avec « Mon Jésus à moi, dans mon cœur ». S’il a un cœur à cœur, c’est celui de Dieu avec l’humanité, auquel nous sommes rendus participants pour en être les messagers.

La messe est la célébration de la présence :

Présence de Dieu dans sa parole qui résonne quand l’Écriture est proclamée ; Dieu, nous l’avons entendu. Présence du Christ dans un jeu complexe de figures, dans la coupe et le pain, signes de sa vie donnée, offerte, reçue et res- suscitée par le Père, dans le prêtre qui, en figure du Christ refait les gestes, redit les paroles par lesquels Jésus a donné sens à sa mort. À la Cène Jésus a précélébré sa mort et lui a donnée sens « Livré pour vous et la multitude ». À chaque messe, nous célébrons, la réalité et l’actualité – la présence - de ce don et de cet amour qui renversent définitivement le mal et la mort ! Oui, c’est vrai, pour de vrai, ici et maintenant, pour nous qui sommes là. Oui, c’est « réel ». Bien plus réel que le pain et le vin que nous voyons. C’est réel, ici, maintenant. Présence réelle !

Mais ce n’est pas tout, la messe n’est pas seulement un spectacle qui nous serait donné. Nous y participons. En participant au repas du Seigneur, en communiant, nous « devenons ce que nous recevons », nous devenons le corps du Christ, avec lui, pour le monde, nous devenons une offrande d’amour de Dieu à l’humanité, c’est bien pourquoi, à peine avons-nous communié, nous sommes envoyés, envoyés au monde : « comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ».

Alors, la prochaine fois que vous allez à la messe, pensez que vous êtes le corps de Christ, pensez que vous l’êtes avec vos voisins et voisines, et avec tous ceux et celles qui sont à la messe partout dans le monde et sont revêtus de cette dignité qui est une mission.

« Montre-nous le Père », disaient les disciples. « Qui me voit le Père », répondait Jésus. Et nous est-ce que nous sommes des signes de la présence de Dieu ? Qui nous voit voit-il le corps du Christ donné pour la vie du monde ? Sommes-nous en ce monde, le signe de la présence réelle de Dieu ?

  

CEC 1396 L’unité du Corps mystique : l’Eucharistie fait l’Église. Ceux qui reçoivent l’Eucharistie sont unis plus étroitement au Christ. Par là même, le Christ les unit à tous les fidèles en un seul corps : l’Église. La communion renouvelle, fortifie, approfondit cette incorporation à l’Église déjà réalisée par le Baptême. Dans le Baptême nous avons été appelés à ne faire qu’un seul corps (cf. 1 Co 12, 13). L’Eucharistie réalise cet appel : " La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas communion au Sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au Corps du Christ ? Puisqu’il n’y a qu’un pain, à nous tous nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part à ce pain unique " (1 Co 10, 16-17).

 

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 15:45

 

 

À en croire ma rigide grand-mère, quelles que soient les circonstances, on n’avait jamais fait que son devoir, ce qui ne nous donnait donc aucun mérite. Mais les courants les plus pessimistes du christianisme vont plus loin, non seulement nous n’avons aucun mérite, mais si nous « méritons » quelque chose, ce n’est que la rigoureuse condamnation de nos fautes, et le juste courroux de Dieu.

Il ne faut pas s’étonner, si une telle vision a jeté bien des croyants dans la détresse, voire dans la révolte. N’est-ce pas là, la vision d’un Dieu qui donnerait un serpent à celui qui demande un poisson et une pierre à celui qui implore du pain.

Alors, mérite, ou pas mérite ?

La question n’est pas de savoir si nous avons à l’égard de Dieu une dette que nous pourrions d’une quelconque façon « payer » par nos mérites, même si malheureusement, une part importante de la théologie l’a posée ainsi.

L’alliance que Dieu noue avec l’humanité n’est pas un contrat au sens classique et juridique du terme. C’est de la part de Dieu, un engagement, un engagement irrévocable et sans condition (donc sans mérite) de notre part. Quelle est donc notre part du contrat ? Le signer, tout simplement, accepter le don : « bon pour accord ». Et c’est tout. Pour le reste, Dieu fait tout, comme le berger qui ramène la brebis sur ses épaules.

Vraiment, on ne peut rien faire ? Si, « Dieu merci », au sens propre du jeu des mots, dire merci, rendre grâce, se réjouir, exulter dans le Seigneur…

Le seul véritable obstacle est notre lamentable esprit comptable qui nous fait soupçonner un vice caché dans le contrat. Oui, on peut rejoindre les esprits chagrins et dire : « c’est trop beau pour être vrai ». On peut ne pas ouvrir les paquets au matin de Noël, parce qu’on ne veut rien devoir à personne, parce qu’on n’est plus des gosses ou parce qu’on craint d’être déçu. Et c’est là que se cache le péché.

Dernière chose, l’engagement de Dieu, c’est quoi ? C’est précisément ce qu’on découvre en « ouvrant le paquet », et il faut au moins une vie pour cela. L’avantage, c’est que c’est Noël tous les jours ! Pour mon propre compte, et sous bénéfice d’inventaire, je dirais que Dieu s’engage pour le sens contre l’absurde, pour la confiance contre le soupçon, pour la bienveillance contre le cynisme, pour le pardon contre la vengeance, pour la gratuité contre l’agiotage…

 

Saint Paul ne dit rien de très différent dans l’Hymne à l’amour de Dieu au chapitre 8 de la lettre aux Romains :

Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ?

Qui se fera l'accusateur de ceux que Dieu a élus ? C'est Dieu qui justifie. Qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ?

Qui nous séparera de l'amour du Christ ? la tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? selon le mot de l'Écriture : À cause de toi, l'on nous met à mort tout le long du jour ; nous avons passé pour des brebis d'abattoir. Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés.

Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur.

 

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 23:37

 

Oui, Marie est vraiment l’un des grands « mystères » de l’Église, tout spécialement de l’Église catholique. Si l’on y regarde de près, force est de constater qu’elle occupe, dans le meilleur des décomptes, 1% de l’espace dans les évangiles, un verset dans les Actes des Apôtres, les lettres apostoliques ne la connaissant pas du tout, au point que Paul ne cite pas son nom, ni Jean !

Dans les évangiles, il y a certes une unanimité des quatre auteurs pour la désigner comme la mère de Jésus, mais en dehors des deux récits d’enfance, dont on sait que le genre n’a rien « d’historique », elle est très loin d’être un personnage principal. On m’objectera sa participation décisive dans l’épisode des noces de Cana, je répondrai que précisément ce texte a dans l’Évangile de Jean une ampleur et une valeur symbolique, telles qu’il serait bien illusoire de vouloir en tirer une quelconque information factuelle.

Dans les évangiles, Marie est d’abord absente. Cependant, deux épisodes semblent nous donner l’opinion de Jésus lui-même. Il y a le moment où Marie aidée des frères et sœurs de Jésus tente de le convaincre de « rentrer à la maison » (Matthieu 11, 46-50 et Marc 3, 20-21 puis 31-35 et encore Luc, 8, 19-21). La réponse de Jésus est unanime dans les trois textes synoptiques, et sans appel : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un frère et une sœur et une mère ».

De façon plus précise encore, le passage situé un peu plus loin dans l’évangile de Luc, ne devrait-il pas nous faire réfléchir plus encore : « Or il advint, comme il parlait ainsi, qu'une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : «Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés !» Mais il dit : «Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent !». Nous sommes en Luc 11, 27-28, quelques lignes après que Jésus a confié à ses disciples de Notre Père… On aurait bien envie de mettre les deux en rapport !

Alors, pourquoi, pourquoi cet extravagant déploiement du culte marial ? J’ai envie de dire, ce boursouflement ? Certes, je voudrais croire que Marie conduit toujours à son fils, mais j’observe que dans bien des cas, le développement du culte marial le cache.

Je peux certes comprendre qu’elle soit un bon média (une bonne médiatrice) pour notre méditation de l’Incarnation. Mais dans la figure symbolique qu’elle représente, je demeure étonné que l’on ait passé par pertes et profits l’époux que Dieu avait pris la sage précaution de lui donner. Pourquoi, alors qu’elle fut sur terre une honorable épouse et mère de famille, est-elle devenue fille-mère (certes vierge) au ciel de nos dévotions ?

Pourquoi ? Permettez que j’esquisse une réponse en une ligne : quand on oublie que Dieu est toute miséricorde et tendresse, que l’on en fait le représentant impitoyable d’une loi d’airain, qu’on le transforme en père noble qui accepte le « sacrifice » de son Fils pour sauver son « honneur » bafoué par le péché, ne nous étonnons pas de nous trouver une tendre mère pour intercéder en notre faveur.

 

La prière de saint Bernard (1090-1153) est certainement la plus claire illustration de mon propos :

Souvenez-vous,

ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu'on n'a jamais entendu dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre secours et demandé votre intercession, ait été abandonné. Animé de cette confiance, je me réfugie vers vous, ô Vierge des vierges, ô Marie, Mère de Jésus-Christ, je viens à vous, je cours à vous, et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. O Mère du Verbe éternel, ne rejetez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer.

Ainsi soit-il.

 

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 23:28

 

12-ZILLIS-NOEL.jpg

 

Imaginez un instant qu’un païen facétieux – un païen, j’entends un vrai, un ancien Romain par exemple – achète une double page dans Le Monde ou/et dans Le Figaro qu’il titrerait : « Sol invictus : rendez à Noël son véritable sens ! ».

Eh oui, à l’origine de notre Noël, il y a une fête païenne, qui autour du solstice d’hiver célébrait de retour du soleil et la reprise de l’allongement des jours. Sous nos latitudes, Noël, plein de frimas et de frissons annonce le retour du beau temps. Mais si les païens sont parfois facétieux, nos ancêtres chrétiens étaient avisés. Puisque personne n’a la moindre idée de la date de naissance de Jésus, autant en choisir une qui ait du sens. À cet excellent choix répond, au cours de la célébration de la messe de la nuit de Noël, la grande prophétie d’Isaïe : « Le Peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ». L’Évangile lui fait écho, et cette fois, c’est la gloire du Seigneur qui enveloppe les bergers de lumière.

On pourrait donc, à juste titre répondre à notre ami le païen : nous n’avons rien retiré au sens de Noël, au contraire, nous en avons plutôt ajouté. En particulier, nous avons ajouté la joie et la paix ; c’est ce qu’annoncent les anges, la joie, et ce qu’ils chantent, la paix.

Et le sujet de cette joie ? Une naissance tout simplement, un enfant nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire. Ah, j’oubliais, le principal cet enfant est un sauveur !

Un enfant sauveur couché dans la mangeoire des animaux ? Elle commence bizarrement, cette histoire. Quand on naît déjà sur la paille, on a de fortes chances de mourir va-nu-pieds… C’est bien d’ailleurs ce qu’annonce par avance l’évangéliste Luc qui truffe son récit d’allusions transparentes. Cette affaire de recensement, ne vous rappelle-t-elle pas la prophétie qui dit « il sera compté parmi les pécheurs ». Et l’enfant ne serait-il pas dans la mangeoire parce que devenu grand, il dira : « Mon corps est une vraie nourriture… » Les anges avaient bien raison de faire un signe de cette mangeoire. Et nombreux sont les Pères de l’Église qui ont vu dans l’enfant entravé dans les langes, l’annonce du corps enroulé de bandelettes de la mise au tombeau.

Oui, cher ami païen, Noël annonce le printemps, oui, cher frère chrétien, Noël annonce Pâques. Ne nous laissons pas trop aller à l’impression de merveilleux voulue par Luc. Certes, il entre dans un certain nombre des conventions du temps pour nous raconter une naissance extraordinaire, mais il n’oublie pas l’essentiel ; Dieu Sauve, (nous sauve) non avec des légions d’anges, musiciens ou pas, mais en y jouant sa peau.

 

Nativité, Zillis. L’âne et le boeuf ont le museau sur l’enfant emmailloté.

 

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 23:43

 

 

Je crains que sur la question du mariage, ma position ne soit pas encore officiellement enregistrée par le corpus de la doctrine catholique. Mais parfois, il faut des défricheurs, donc, risquons-nous.

Une première précision : nous sommes face au mariage devant une double tradition. D’une part, il y a, fondée dans l’Écriture, d’Osée à saint Paul, une vision grandiose du mariage, comme image de l’alliance de Dieu avec son peuple, du Christ avec son Église, et d’autre part, une pratique qui n’instituera que très tardivement (vers le XII° siècle)  le caractère sacramentel du mariage, lequel appartenait jusque-là aux usages sociaux que l’Église s’était mise petit à petit (et avec beaucoup de réticence) à bénir. Le mariage est demeuré, bien longtemps une affaire sociale et mondaine, il n’est qu’à voir le théâtre de Molière ; quand on parle mariage, on appelle un notaire, pas un prêtre ! Et c’est encore le cas un siècle plus tard chez Beaumarchais.

Beaucoup plus récemment, pas même deux siècles, nous avons assisté à deux mouvements quasi simultanés. D’un côté, la société a « désocialisé » le mariage pour en faire un acte de plus en plus privé et intime, appuyé sur le sentiment amoureux, de l’autre côté, on voyait naître une sorte de mystique conjugale qui a conduit à développer, au cours du siècle dernier, ce qu’il faut bien nommer une nouvelle théologie du mariage et de la famille.

Simultanément, l’augmentation de l’espérance de vie allongeait d’autant plus la durée potentielle des unions de telle sorte que beaucoup de couples en vinrent à considérer qu’il était plus sage, pour se défaire d’un lien qui était devenu une chaîne, de recourir au divorce plutôt que d’espérer l’improbable mort de l’un des conjoints.

 

Mettez tous ces éléments dans un shaker, agitez, et vous vous retrouvez dans l’impasse que nous connaissons : aux yeux de l’Église catholique, tout couple, pour être légitime, doit être sacramentellement marié, et le sacrement étant, comme tous les dons de Dieu, irrémissible, sa rupture est un péché qui l’est tout autant.

 

Alors, que faut-il faire ?

Rompre les enchaînements « vicieux » du raisonnement !

D’abord, reconsidérer la valeur humaine du couple, prise pour elle-même, et en conséquence, bénir, (en grande cérémonie) les époux qui s’engagent à fonder une famille, les appeler à la fidélité, à la responsabilité, à la tendresse, à la générosité, à l’exemplarité de l’amour, les accompagner… Et leur pardonner quand ils n’y arrivent pas ! Leur pardonner et les aider à pardonner, à se pardonner, à pardonner à l’autre. Un immense travail que notre condamnation du divorce nous interdit !

Et réserver à quelques-uns qui en reçoivent l’appel particulier, et après discernement par l’Église, de faire de leur vie conjugale un témoignage vivant de l’amour de Dieu, ce qui signifie effectivement demeurer fidèle, pour toujours, même si l’autre est infidèle ! Ce qui signifie vraiment aimer à en mourir. Ce qui signifie réellement se livrer et donner sa vie pour celui ou celle qu’on aime.

C’est une vision folle et somptueuse que cet amour humain devenant image de l’amour divin. Pense-t-on réellement que c’est ce que Dieu demande à tous les honnêtes hommes et femmes qui s’unissent pour fonder une famille ? Il me semble que c’est un peu comme si l’on imposait à tous les célibataires d’être Chartreux ou Carmélites.

 

Évangile selon saint Matthieu, 18, 6-7

Mais si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer. Malheur au monde à cause des scandales ! Il est fatal, certes, qu'il arrive des scandales, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive !

 

 
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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 23:39

 

S’il nous est souvent malaisé de dire ce qu’est le bien, surtout exemples à l’appui, en revanche, pour le mal, nous ne manquons pas d’exemples. Nous somme hélas devant une effroyable abondance, tant l’abjection, la cruauté, la perversion, le malheur, infligé ou subi, semblent être sans limite. S’il est une chose dont nous ne pouvons douter, c’est bien de l’existence du mal. Tous, nous l’avons rencontré, subi, commis, nous en avons été victimes, coupables ou complices. Tragique expérience que partagent tous les humains, ceux qui croient au Ciel comme ceux qui n’y croient pas.

Bon je sais, d’aucuns voudront subtilement distinguer entre le mal commis, qui a un auteur, et le mal sans auteur connu, qui fait tomber la foudre sur le promeneur, et les leucémies sur les petits enfants ; et peut-être entrer en procès contre un Dieu qui laisserait faire.

Et puis voilà, alors que je rédige ce difficile, article, un mail m’annonce la mort d’un homme jeune. Il s’est donné la mort. Et tout à coup, tout se mélange. En sa chair, il est victime et coupable… comme nous le sommes tous.

Et nous voilà, devant le mal et la mort, démunis, désolés et solidaires.

Non, il n’y a pas de réponse, il n’y a pas d’explication. Il n’y a que la fragile et chancelante espérance que ce n’est pas le fin mot de l’histoire. C’est ce fragile éclat de lumière qui éclaire la Croix de celui qui n’était que victime, elle vient d’un matin où le mal n’a pas eu le dernier mot, un matin auquel nous somme tous promis.

De tout mon cœur, de toute mon âme, à genoux, je lève les mains vers cette lumière vers cette promesse, pour l’enfant malade, pour l’homme désespéré, pour les torturés, les humiliés, Toi, Dieu, appelle-les, console-les, guéris-les, réjouis-les, eux et aussi leurs bourreaux. Et délivre-nous du mal.

 

Extrait du Testament de Christian de Chergé, prieur des moines de Tibhirine.

Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu faisais.

Oui, pour toi aussi je le veux ce MERCI, et cet « À-DIEU » en-visagé de toi.

Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. Amen ! Inch’ Allah

 

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 16:10

 

 

Dans le mot liturgie, du point de vue des racines grecques, il y a le peuple et l’action. À partir de là, les avis sont partagés pour savoir s’il s’agit d’une action du peuple ou d’une action pour le peuple.

J’ai bien envie d’être un peu provoquant en disant que c’est par lui, avec lui, en lui, et pour lui. Lui, le Christ, me direz-vous ? Et non, lui, le peuple… Quoique… Le peuple rassemblé, convoqué, ne serait-il pas Corps du Christ ?

En tout cas, pour le peuple et pas pour Dieu. S’il est juste et bon de lui rendre grâce, c’est juste et bon pour nous ! Je l’ai déjà dit à de multiples reprises, Dieu ne recherche pas nos hymnes, louanges, sacrifices et encens. La Bible sur ce point est très claire : il arrive même qu’il se bouche le nez !

On peut discuter quant à la liturgie céleste que les anges déploieraient pour le Très Haut. Nous avons sur ce point peu d’information, si ce n’est au moment du Sanctus où nous sommes réputés joindre nos voix à celles des anges.

La liturgie n’étant pas pour Dieu, qui n’en a nul besoin, elle est bien pour nous. D’ailleurs, la liturgie ne fait que célébrer ce qui déjà nous est donné.

L’amour de Dieu ne dépend bien sûr pas de notre petit manège de mots et de gestes. Mais nous, nous avons besoin que cet amour nous soit manifesté.

Et c’est là que se déploie la liturgie, c’est-à-dire une ensemble de paroles et de gestes qui produisent un sens plus grand qu’eux.

Pour produire ce sens, la liturgie a le devoir d’être aussi transparente que possible afin que les moyens mis en œuvre s’effacent au profit du sens qui est produit.

Ainsi, dans la liturgie eucharistique, nous mangeons : un tout petit morceau de pain, et buvons, à peine une gorgée de vin. Le premier sens qui se dévoile, c’est que nous sommes nourris, désaltéré. Et puisque nous buvons du vin et pas de l’eau, c’est aussi notre soif de fête qui est comblée. De plus, en mangeant, nous faisons corps avec cette nourriture. Voici donc le premier sens, apparent.

Or cette nourriture n’est pas seulement ce dont elle a l’air, du pain et du vin. Elle est le corps livré de Jésus, son sang versé, et elle est aussi le corps relevé, exalté, ressuscité du Christ. Saint Paul peut donc s’écrier : « Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » (1 Cor 11, 26)

En mangeant le pain et buvant à cette coupe, nous sommes donc incorporés au Christ, et rendus participants à sa mort et à sa résurrection. Voilà le sens réel.

Mais prenons garde, la liturgie n’est pas de la magie, c’est de la pédagogie, et de la meilleure, puisqu’elle vient de Dieu. Ce n’est pas de la magie au sens où la réussite de l’opération serait tributaire du bon geste, du bon mot, dit et fait au bon moment. Nous sommes sauvés dans la mort et la résurrection du Christ, non parce que le prêtre est un saint ou rigoureux célébrant, ni même parce que nous communions, mais parce que le Christ est mort et ressuscité. C’est de la pédagogie parce que nous l’entendons, nous le comprenons, nous l’éprouvons et nous l’annonçons. La liturgie nous est sensible (elle a à voir avec les sens). Elle œuvre à la fois en notre chair et en notre intelligence. Elle est pour nous l’occasion d’un dévoilement.

Évidemment, pour que tout notre être soit happé par la liturgie, il est nécessaire que la liturgie s’insère dans des signes culturellement compréhensibles.

Et pour prendre un exemple qui ne nous touche que de loin, je m’interroge sur le sens qu’il y a à célébrer des eucharisties en des lieux qui n’ont jamais vu pousser un épi de blé ni vu une grappe de raisin.

Reste, plus près de nous, que les surcharges redondantes, bavardages inutiles ou amoncellement de rites opaques, nuisent au dévoilement du sens. Il me semble que nous devrions nous référer à une unique règle simple : « que la liturgie dise ce qu’elle fait et fasse ce qu’elle dit » tout le reste est en trop.

 

CEC 1069 : Le mot " Liturgie " signifie originellement " œuvre publique ", " service de la part de/et en faveur du peuple ". Dans la tradition chrétienne il veut signifier que le Peuple de Dieu prend part à " l’œuvre de Dieu " (cf. Jn 17, 4). Par la Liturgie le Christ, notre Rédempteur et Grand Prêtre, continue dans son Église, avec elle et par elle, l’œuvre de notre rédemption.

 

 

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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 01:11

 

En régime catholique, la liberté, c’est un peu comme de la nitroglycérine, un produit hautement dangereux, à manier avec pincettes et précaution : on ne sait jamais, un geste brusque, une parole imprudente, et ça peut vous sauter à la figure. Et d’ailleurs, il y a de tragiques exemples, comme ces pauvres Adam et Ève. On croirait un jeu de mauvaise télé-réalité. Ils peuvent tout manger, sauf un arbre… Allez, céderont-ils ? Si vous pensez qu’ils vont craquer, faites le 1… Aïe, voilà le serpent, le rusé. Il approche Ève, le maillon faible… D’ailleurs où était-elle quand la règle du jeu a été dévoilée ? Stop, arrêtez le jeu ! Elle n’était pas encore créée, elle n’a rien entendu. Ce n’est pas juste… Trop tard, le serpent, cauteleux comme le Kaa du Livre de la jungle, susurre et trompe sa confiance. Et patatras, voilà nos deux héros jetés sur les routes du monde avec une peau de bête sur le dos et la liberté en bandoulière.

Alors, depuis, il paraît qu’il faut se méfier de la liberté.

Évidemment, cette histoire à dormir debout est colportée par d’aimables individus qui sont prêts à nous délester de notre chère et dangereuse liberté : « Ne prenez pas de risques inutiles, déposez la chose dans nos coffres, ils sont à l’abri des secousses sismiques et des serpents ». Désormais, contentez-vous de faire ce que nous vous disons de faire, et vivez tranquille.

Celui ou celles qui décline l’offre est implacablement traité d’orgueilleux irresponsable.

Alors, faut-il se soulager de sa liberté de crainte d’en faire mauvais usage ?

Il y a un petit problème, c’est qu’il semble que la liberté, et le petit matériel livré avec, conscience et libre arbitre soient précisément ce qui fait de nous des êtres humains. Il semble bien que ce soit notre « propre », le propre de l’homme. Mon chien est bien brave, il est fidèle, aimant, dévoué, obéissant. Est-ce ainsi que Dieu nous veut ?

Sans hésitation, je réponds « non ». Et ce n’est pas un hasard si la Bible ne cesse de rapporter des exemples d’émancipation. Abraham quitte la terre de ses pères pour accéder à sa propre histoire. Dieu libère son peuple d’Égypte, de la maison de servitude. Sans cesse, Dieu libère, Jacob de sa place de cadet, David de son rang de petit dernier, ou Anne ou Élisabeth de leur stérilité. Jésus à son tour libérera, l’aveugle de la nuit, le sourd du silence, le paralytique de l’immobilité, Lazare du tombeau, et finalement, nous délivrera du mal et de la mort.

Alors, croyez-moi, la liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, et celui qui la dépose au coffre ou l’enterre comme un talent inutile encourt la colère de celui qui nous l’a confiée comme le plus précieux des trésors.

 

Aujourd’hui, notre catéchisme sera celui de Charles Péguy qui met dans la bouche de Dieu la phrase suivante :

« Quand on a connu d’être aimé par des hommes libres, les prosternements d’esclave ne vous disent plus rien ».

En une ligne et demi, l’essentiel est dit.

 

 

100 mots pour la foi



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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 13:31

 

Cette fois, ce sont des tambours et des trompettes qu’il faut ! Vous pouvez même imaginer un garde champêtre à l’accent fleuri, proclamant « Avisss à la population ! »

Car ce mot grec désigne originellement la proclamation publique. Évidemment, nos ancêtres, même grecs et philosophes, avaient bien l’idée, de bon sens, que si une chose doit être proclamée, il faut qu’elle soit concise. Il faut aller à l’essentiel et vite. Aussi, nos prédécesseurs, apôtres et disciples, ayant à annoncer leur foi toute neuve, et à la proclamer dans les rues de Jérusalem, dans les synagogues, ou devant le tribunal où on les traîne, mirent-ils au point des formules brèves et percutantes. Avec des variantes, cela donne à peu près : « Jésus, cet homme mort crucifié, Dieu l’a ressuscité, il est vivant, nous en sommes témoin, convertissez-vous. ».

Rêvons, juste un instant, parce que nous avons l’esprit taquin, que ce serait cela, qui serait prêché dans nos églises le dimanche, proclamé par le pape à son balcon.

Ce serait lassant pensez-vous ? Il est vrai que c’est très précisément ce qui est célébré à chaque messe, et que nous n’entendons plus.

Pourtant, les premiers qui entendirent cela à Jérusalem au matin de la Pentecôte en furent bouleversés, et plus de 3000 se convertirent.

Quels mots faut-il dire aujourd’hui pour convertir ? Oh, ce n’est pas une question de slogan. Nous pouvons être maladroits, il faut seulement que sonne juste et vrai le « nous en sommes témoin ». De quoi sommes-nous témoin ? De quoi sommes-nous la caisse de résonance ? Saint Paul nous donne un conseil : s’il n’y a pas l’amour, nous sommes comme des tambours crevés, des trompettes bouchées.

Oui, c’est à la mesure de ce que nous croyons que nous serons crus, comme nous-mêmes avons cru dans la foi d’un autre, dans le cœur d’un autre, père, mère, ami, prêtre, religieuse…

Une seule solution, parler du cœur, parler au cœur ! Le kérygme est le cœur de la foi, il doit avoir la justesse du cœur à cœur et viser droit au cœur. Ce qui ne disqualifie pas le travail intellectuel mais l’ordonne à la relation vivante entre les personnes.

Rude enjeu. En la matière, la question n’est pas de trouver le mot juste mais de nous laisser ajuster par ce que nous disons et par ce que nous recevons. Et finalement, notre parole sera kérygmatique parce qu’elle nous exposera, parce que nous ne nous réfugierons pas derrière les mots, les dogmes et les définitions, mais que nous accepterons de mettre notre cœur à nu.

Le catéchisme de l’Église catholique est sans doute trop latin pour user du terme « kérygme ».

Je nous propose de l’entendre dans l’une de ses formules liturgiques, celle de l’anamnèse, qui est un dialogue entre le prêtre et l’assemblée immédiatement après la Consécration. Le caractère du témoignage se trouve dans l’acte même de la proclamation liturgique.

Le prêtre : Proclamons le mystère de la foi !

L’assemblée : Gloire à Toi qui étais mort. Gloire à Toi qui es vivant, notre sauveur et notre Dieu. Viens Seigneur Jésus !

 

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