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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 11:13

 Pour un Dieu, quel abaissement ! On le chante au moins une fois par an, à Noël, eu milieu des hautbois et des musettes. On y revient au moment de célébrer la Passion, en méditant l’hymne aux Philippiens : « il s’est abaissé et a pris la condition de serviteur ».

Pourtant, même si dans les deux cas, c’est le mot abaissement qui est choisi, le terme kénose vise quelque chose de plus radical. Peut-être en langage moderne devrions-nous dire « dessaisissement ».

C’est cette réalité, quasi « inconcevable » que les premiers conciles ont tenté de cerner, non par goût de la joute intellectuelle, mais parce que petit à petit, la réalité de l’humanité du Christ se dissipait. Or voilà l’intenable qu’il faut tenir : vraiment homme, vraiment Dieu.

Un Dieu réputé « tout-puissant » peut-il se glisser dans la peau d’un homme ? Voilà qui déjà est difficile à envisager, mais il ne s’agit pas d’être « en figure d’homme », d’avoir l’apparence d’un homme, il faut être vraiment, totalement un homme. Il faut en prendre les limites, la finitude, éprouver la pesanteur de la chair, le poids du jour, la fatigue, la faim, mais aussi l’inquiétude devant l’avenir, le chagrin devant la mort de l’ami (Lazare), l’angoisse devant sa propre mort, et le doute. Oui, le doute ! Non pas le doute qui mène à la révolte, celui que le psalmiste identifie à plusieurs reprises « Où est-il ton Dieu » ou « il n’y a pas de Dieu », mais le doute qui fait crier vers Dieu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ».

Le Dieu auquel les chrétiens donnent leur confiance s’est fait homme ! Il s’est dessaisi de lui-même pour entrer en humanité, non pas Dieu sous les traits d’un homme, mais homme, pleinement, totalement homme, minuscule être humain, vagissant dans ses linges, attendant tout de la tendresse de ses parents. Le Dieu qui, dans le livre d’Osée, dit à son peuple, « Je t’avais appris à marcher (…) j'étais pour toi comme ceux qui soulèvent un nourrisson contre leur joue et je te tendais de quoi te nourrir » devient celui qu’il faut prendre dans ses bras et nourrir !

Voilà ce que recouvre, ce terme de Kénose. bien sûr, on peut dire Incarnation, mais le retour au mot grec indique que ce n’est pas seulement une descente avec « atterrissage », ni une aimable visite. C’est un « corps à Corps » de Dieu avec l’humanité.

Elle est grande la tentation de refaire bien vite de Jésus un dieu, de le remettre à bonne distance ; oh, certes, après quoi, nous nous abîmerons en adoration. Nous à genoux, et lui dans un ailleurs inaccessible. Ce que dit le poète Prévert à propos du Père : « Notre Père qui es aux cieux, restez-y et nous, nous resterons sur la Terre… », nous le disons et le pratiquons avec le Fils, nous sommes bien heureux de le « renvoyer » au ciel et de revenir aux affaires de la terre, aux affaires de César. Mais la radicalité chrétienne ne nous laisse pas à cette paix séparée. Entre la terre et le ciel, pour toujours, il y a le corps du Christ, la chair du Fils de Dieu.

Le christianisme n’est pas une religion « ordinaire » qui aménagerait un espace pour Dieu, tout simplement parce que Dieu, de sa propre initiative, a emménagé chez nous. Rien de ce qui est à nous ne lui est étranger. Osons croire que ce que dit le père prodigue à son fils est vrai pour nous ; « Mon enfant, tout ce qui est à moi est à toi. »

 

Comme je n’ose pas vous proposer pour la troisième fois de lire l’Hymne aux Philippiens, ce qui pourtant s’imposerait, je cite le Catéchisme de l’Église Catholique. Le style, hélas, manque et de souffle et de poésie.

 

CEC 472 : Cette âme humaine que le Fils de Dieu a assumée est douée d’une vraie connaissance humaine. En tant que telle celle-ci ne pouvait pas être de soi illimitée : elle était exercée dans les conditions historiques de son existence dans l’espace et le temps. C’est pourquoi le Fils de Dieu a pu vouloir en se faisant homme " croître en sagesse, en taille et en grâce " (Lc 2, 52) et de même avoir à s’enquérir sur ce que dans la condition humaine on doit apprendre de manière expérimentale (cf. Mc 6, 38 ; Mc 8, 27 ; Jn 11, 34 ; etc.). Cela correspondait à la réalité de son abaissement volontaire dans " la condition d’esclave " (Ph 2,7).

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 19:07

 

On rapporte qu’un pasteur mondain, au xx° siècle, soulignait que Jésus était d’excellente famille, et que ses parents eux-mêmes l’étaient. D’excellente famille juive ! Détail que notre pasteur mondain omettait sans doute dans une période où l’antisémitisme était bien porté.

Alors, oui, Jésus était juif, à 200 % au moins. Mère juive, père adoptif juif, Père juif aussi, archi-juif, car c’est bien du Très Haut, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Moïse, Dieu de David, qu’il est Fils. Il est donc juif, Fils d’un Dieu très juif.

Voilà pour les origines. Pour l’éducation, le doute n’est pas davantage permis. Il fut circoncis âgé de huit jours et ses parents le présentèrent au Temple quarante jours après sa naissance. À douze ans, sa « fugue » au Temple et sa discussion avec les docteurs de la Loi font figure d’entrée dans la majorité religieuse. Et au commencement de sa vie publique, il exerce le privilège des hommes juifs, qui est de lire la Torah à la synagogue et de la commenter.

Il suffit d’ailleurs d’entendre parler Jésus pour comprendre à quel point il est juif et pétri de la méditation de l’Écriture, normal, oserai-je dire, c’est sa langue paternelle.

Si on saute les étapes, c’est d’ailleurs avec un écriteau le désignant comme roi des Juifs qu’il meut sur la croix.

Au troisième jour, ses disciples, tous juifs, le reconnaissent comme vivant, relevé de la mort, « conformément aux écritures », écritures juives, bien entendu, entendez, la Bible.

Mais ça ne s’arrête pas là, puisque c’est un juif parmi les plus purs, un pharisien nommé Paul qui va « élargir le débat » en s’adressant d’abord aux juifs vivant hors de Palestine, puis aux non-juifs. Dès lors, tous les chrétiens ne sont plus juifs, et tous les juifs ne deviennent pas chrétiens, c’est-à-dire qu’ils ne reconnaissent pas en Jésus le messie que Dieu leur a promis.

Pourquoi sommes-nous devenus frères ennemis ? Terrible mystère que ces longs siècles fratricides. Mystère dont nous, chrétiens, portons sans nul doute la très large responsabilité. Nous avons hélas fait le malheur de nos frères juifs infiniment plus qu’ils n’ont fait le nôtre. Nous avons osé dire ce peuple « déicide » alors que c’est lui qui nous donne le Christ. Nous l’avons accusé de crime alors que par lui, par sa foi et sa fidélité, Dieu vient au monde. Quant à retenir à son égard une culpabilité ! Quel homme, quelle femme peut oser prétendre qu’à Jérusalem en l’an 30, devant le palais de Pilate, le procurateur romain, il n’aurait pas crié : « Crucifie-le » ?

Dieu (et je pèse mes mots) merci, depuis le concile de Vatican II, nous avons renoncé à cette terrible vision accusatoire du peuple juif. Nous avons affirmé (ce que saint Paul avait fait dès l’origine) que les promesses de Dieu sont irrévocables et que l’Alliance que Dieu a conclue avec son peuple est éternelle. Les juifs, sont comme nous, fils et filles de la promesse de Dieu. Comme nous, ils sont dans l’attente. Ils attendent gardant la Loi et gardés par elle. Nous attendons et espérons avec le Christ présent à nos côtés, avec son Esprit dans nos cœurs, heureux somme-nous.

 

 

Déclaration du concile de Vatican II Nostra Aetate, paragraphe 4 

Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. Que tous donc aient soin, dans la catéchèse et la prédication de la Parole de Dieu, de n’enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l’Évangile et à l’esprit du Christ.

 

100 mots pour la foi

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 15:38

 


Oui, c’est forcément un mot qui fait peur. On songe aux anges à la pesée, qui de vitraux en fronton de cathédrale soupèsent les âmes à leur poids de péché. Sauvé, damné. Ne se prononce pas. (Pas encore, on verra après le purgatoire). Jésus lui-même n’y va pas par quatre chemins. La grande scène du chapitre 25 dans l’évangile de Matthieu montre bien le partage entre ceux qui ont accordé un verre d’eau à un petit, visité un malade, et les ceux qui sont passés sans les voir.

Il semble pourtant que l’objectif de Dieu ne soit pas de juger mais de sauver. Alors comment concilier ces images de jugement qui abondent dans l’Évangile, et la promesse du Salut, promesse adressée tous azimuts, en particulier à l’égard de ceux qu’on nomme volontiers « réprouvés », filles de rien et hommes de peu.

D’abord, regardons du côté de la peur. L’évangile nous rapporte le cas du serviteur qui a enfoui son talent sans le faire fructifier. Que se passe-t-il. Et bien, c’est ce serviteur paresseux qui juge le maître : « Seigneur, dit-il, j’ai appris à te connaître pour un homme âpre au gain : tu moissonnes où tu n’as point semé, et tu ramasses où tu n’as rien répandu. Aussi, pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien. »

Ce serviteur veut être « quitte ». Fin de ses relations avec ce maître !

Dans la parabole des ouvriers de la dernière heure, on voit de nouveau les ouvriers juger la générosité du maître. Et au jaloux, le maître répond : « faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ? »

Alors, est-ce qu’il y aura un jugement ? Sans hésitation, je réponds oui, parce que Dieu ne nous prend pas pour des enfants irresponsables, et nous aurons à répondre de notre vie. La grande question, c’est quel droit de regard accorderons-nous à Dieu ? Craindrons-nous le regard de Dieu, ou serons-nous capables de nous y exposer, de dire comme le psalmiste :

Sonde-moi, ô Dieu, connais mon cœur,

scrute-moi, connais mon souci ;

vois que mon chemin ne soit pas fatal,

conduis-moi sur le chemin d’éternité (Ps 138, 23-24)

Car la vérité, c’est que la justice de Dieu ne nous juge pas, elle nous justifie, elle fait triompher le bien sur le mal, jusque dans notre propre cœur, mais pas sans notre consentement. Et si nous devons nous tenir à l’issue de notre chemin sur cette terre, sous le regard de Dieu, pour qu’en nous, le mal soit définitivement détruit et le bien exalté, je nous recommande d’y consentir chaque jour dès aujourd’hui. En cette matière, mieux vaut, me semble-t-il un peu d’entraînement.

 

CEC 681 Au Jour du Jugement, lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien sur le mal qui, comme le grain et l’ivraie, auront grandi ensemble au cours de l’histoire.

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 23:54

 

Voilà un mot dont il faut s’approcher avec crainte et tremblement. Certes, c’est un grand mystère, mais d’abord, pour les imprudents qui arrivent avec leurs gros sabots, leurs mots, leurs idées et leurs concepts, c’est une belle cause de chute. De chute dans l’hérésie, et il y a des précédents célèbres, comme Arius et Nestorius, qui non seulement ont trébuché, mais ont de surcroît entraînés beaucoup de gens à leur suite.

Il faut bien dire que pour l’intellectuel ou le philosophe, la tâche n’est pas aisée. Parce que quand même il faut savoir de quoi on parle ! Comme disait un penseur moins poli que moi : « Dieu est Dieu, nom de Dieu ! ». Eh bien non. C’est tout le problème : Dieu est homme. Tout philosophe sensé haussera les épaules : ça ne se peut pas.

Ça, ce sont les sensés. Les insensés ne se découragent pas si facilement. Mais si, ça va rentrer ! Dieu, infini, omniscient, tout puissant, va rentrer dans la carcasse humaine ! Si, allez, encore un effort, on va trouver la bonne formule et les mots pour le dire. Le dire, passe encore, le comprendre…

Dieu tout puissant dans la chair d’un pauvre homme abandonné, pendu au bois de la croix en déni de toute justice ? C’est possible ça ? Alors, on atermoie, on négocie, on raconte des histoires : « on dirait qu’il était en figure d’homme ».

Mais il y a Jésus qui nous embête : « qui me voit, voit le Père », déjà, c’est rude à assimiler. Mais quand sur la croix, il gémit « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné », j’allais dire on jette l’éponge, mais ce serait de trop mauvais goût.

Oui, je fais des blagues nulles, pour essayer d’échapper au plus difficile.

Parce que, nous qui demandons sans cesse ce que fait le « bon Dieu » pendant qu’il se passe tant de malheurs et d’injustices, est-ce que nous nous sommes demandé où il était quand Jésus expirait sur la croix.

 

Crainte et tremblement ! Et cette fois pour une excellente raison, non parce que nous avons peur de l’hérésie, mais parce que la vérité que nous approchons suscite en nous un sentiment d’effroi émerveillé. Et si c’était vrai ? Et si Dieu n’était pas ce qui nous croyons ? Là, nos mots se taisent ; ils ne sont pas de taille. L’intelligence nous manque, mais la foi pressent l’inconcevable. Ce Dieu là échappe aux concepts et aux dogmes.

Il n’y a plus que la contemplation. Il n’y a que l’adoration.

 

Vous ne serez pas étonnés qu’une fois encore, je nous propose de reprendre l’hymne aux Philippiens. (2,6-11) parce que saint Paul n’est pas seulement un grand théologien, c’est d’abord un grand spirituel

 

Le Christ Jésus,

lui qui est de condition divine

n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieu

mais il s’est dépouillé

prenant la condition d’esclave.

Devenant semblable aux hommes

et reconnu à son aspect comme un homme

il s’est abaissé

devenant obéissant jusqu’à la mort

à la mort sur une croix.

C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé

et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom

afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse

dans les cieux, sur la terre et sous la terre

et que toute langue proclame que le Seigneur c’est Jésus Christ

à la gloire de Dieu le Père.

 

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 10:55

 

 

Vous connaissez tous les machines à voyager dans le temps, ces vaisseaux imaginaires qui permettent de « réparer » des événements, dans le passé ou le futur, afin de modifier le présent, et bien, l’Immaculée conception fonctionne un peu comme ça, par une sorte de paradoxe temporel. Ne vous récriez pas, que je sache, Dieu est maître du temps, et d’ailleurs, vue de l’éternité, notre temporalité n’est certainement pas ce que l’on croit.

Alors, que se passe-t-il dans l’affaire de l’Immaculée conception ? Eh bien, la victoire de Jésus sur la mort, le mal et le péché, bénéficie à Marie par anticipation. En conséquence, la jeune fille de Nazareth peut recevoir l’annonce de l’ange avec un cœur pur, non contaminé par le péché. Ce que l’on nomme (fort improprement, et je vais m’en expliquer) Immaculée conception, est la garantie de la liberté réelle de Marie. Son « Fiat » est la réponse confiante, joyeuse et surtout, libre qu’elle donne à l’invitation de Dieu.

Alors pourquoi ce drôle de nom d’Immaculée conception – conçue sans péché ? Nous la devons à saint Augustin, qui observant que le péché était la chose la mieux partagée au monde conclut à sa contagion et supposa que sa propagation était enclenchée dès la conception. On en tira d’ailleurs de désastreuses conclusions sur le caractère peccamineux de l’acte sexuel…

Si nos esprits modernes, répugnent à juste titre devant cette hypothèse. Il reste que le caractère contagieux du péché, lui, n’est pas douteux. Et hélas, nous y sommes exposés dès le premier souffle de notre existence. Le petit enfant, naît hurlant, impératif, tout-puissant, jaloux. Vous direz : « ce n’est pas sa faute, c’est la condition de sa survie ». C’est bien l’idée que les théologiens ont du péché « originel » : ce n’est pas notre « faute », mais nous y sommes exposés et soumis.

Fatalité donc ! Pas du tout, l’affaire de l’Immaculée conception est là pour nous le prouver : ce qui se passe pour Marie « par avance » est ce qui nous est acquis par le Christ. Dès maintenant et plus encore, dans l’espérance, nous ne sommes plus esclaves du péché, soumis à son pouvoir. Nous ne sommes plus des êtres pour la mort mais promis à la vie.

Finalement, ce qui est en jeu dans l’Immaculée conception, ce ne sont pas les mérites propres de la vierge de Nazareth mais le caractère débordant de la Grâce, qui déborde l’espace et le temps. En Jésus, Dieu sauve, et ce Salut déferle sur tout être, sur toute vie, source vive, inépuisable. À nous de nous laisser happer afin que nous puissions nous aussi demeurer dans le « Fiat » qu’inaugure la jeune Marie.

 

CEC 490 et 491

490 Pour être la Mère du Sauveur, Marie " fut pourvue par Dieu de dons à la mesure d’une si grande tâche " (LG 56). L’ange Gabriel, au moment de l’Annonciation la salue comme " pleine de grâce " (Lc 1, 28). En effet, pour pouvoir donner l’assentiment libre de sa foi à l’annonce de sa vocation, il fallait qu’elle soit toute portée par la grâce de Dieu.

491 Au long des siècles l’Église a pris conscience que Marie, " comblée de grâce " par Dieu (Lc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception. C’est ce que confesse le dogme de l’Immaculée Conception, proclamé en 1854 par le pape Pie IX : La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel (DS 2803)


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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 09:59

 

 

Non, l’humanité n’est pas l’autre nom de l’espèce humaine. Le terme ne désigne ni une caractéristique biologique ni une réalité sociologique. Et même si on l’utilise parfois pour désigner l’ensemble des humains, il désigne surtout une sorte de tautologie, c’est-à-dire la capacité des êtres humains à être vraiment humains. Et il faut bien avouer que c’est bien notre spécificité à nous les humains, de penser ce que nous sommes, et même ce que nous devrions être. Que je sache, mon chat, bien qu’il se donne un air de profonde méditation, ne pense pas sa félinité.

Si j’étais philosophe, il me faudrait de longues pages pour essayer de cerner l’humanité, mais, Dieu merci, et je pèse mes mots, la chose m’est plus aisée, puisque j’ai sous les yeux, si j’ose dire, le modèle parfait de l’humanité. En effet, qui mieux que Jésus peut incarner l’humanité ?

Évidemment, ça place la barre un peu haut. Non parce qu’il est « Dieu né de Dieu », mais parce qu’il accomplit l’humanité. Un père de l’Église, dont j’ai oublié le nom, (Irénée, peut-être) dit que Dieu avait les yeux fixés sur le Christ quand il créa l’homme. J’ai toujours aimé cette façon de voir, cet audacieux renversement du temps qui fait du Fils incarné le modèle de l’humanité.

Dès lors, notre vocation est simple (je n’ai pas dit facile). Il faut nous humaniser, jusqu’au bout, jusqu’à devenir comme le Christ, nous laisser « christifier ».

C’est ainsi que j’entends la prière de l’offertoire, au moment où le prêtre verse quelques gouttes d’eau dans le calice rempli de vin : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité. »

Le « bout » de l’humanité, c’est l’union à la divinité. Inutile donc de tenter de nous élever vers la divinité à la force du poignet où de la volonté, comme si nous voulions échapper à notre condition. Inutile de tenter de faire les anges au risque de finir bêtes. Au contraire, entrons davantage en humanité car c’est là que nous accomplissons notre vocation, là que Dieu nous attend.

 

Une fois encore, la méditation de l’Écriture me semble appropriée, et qui peut prétendre avoir jamais épuisé la puissante inspiration de l’hymne de la lettre aux Philippiens (2,6-11)

 

Le Christ Jésus,

lui qui est de condition divine

n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieu

mais il s’est dépouillé

prenant la condition d’esclave.

Devenant semblable aux hommes

et reconnu à son aspect comme un homme

il s’est abaissé

devenant obéissant jusqu’à la mort

à la mort sur une croix.

C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé

et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom

afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse

dans les cieux, sur la terre et sous la terre

et que toute langue proclame que le Seigneur c’est Jésus Christ

à la gloire de Dieu le Père.

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 21:43

 

Attention, nous voilà devant l’un des plus grands mystères théologiques, un véritable continent inconnu. Un objet d’observation si neuf que rien n’en a encore été dit : l’homme, avec un petit « h », et un chromosome « XY », autrement dit, un être humain de sexe mâle, en latin, vir, à ne pas confondre avec homo, qui désigne le genre humain et non le genre masculin. Évidemment, la confusion est aisée, d’autant qu’en français, « homme » comprend la « femme », enfin, comprend… façon de dire.

Si nous procédons de façon scientifique, pour commencer à défricher le terrain, on peut supposer que si femme désigne les êtres féminins de l’espèce humaine, et homo tous les êtres humains, le vir s’obtient par déduction : Est vir ce qui n’est pas femme.

Hypothèse intéressante, tentons-la !

Si la vocation de la femme est d’être « vierge ou mère », celle du vir, (homme) sera donc de n’être pas vierge, ni mère. On lui accordera donc d’être père, ce qui est raisonnable s’il n’est pas vierge.

Si l’on suit ceux qui prétendent que les femmes sont les protectrices de la vie, il faudra supposer que les vir (hommes) ont des tendances de tueurs… Si l’on suppose que les femmes ont une disposition particulière à la tendresse et à l’écoute, on en déduira que les vir, (hommes) sont couramment des brutes sans cœur.

Il me semble que la démonstration montre ses limites… Ah, non, j’allais oublier… la vocation des hommes, c’est bien sur d’être prêtres, puisque c’est la chose par excellence qui est impossible aux femmes.

CQFD, voilà la véritable vocation des hommes, des « vrais » ! Je suppose que ça fait de tous ceux qui ne le deviennent pas (prêtres) des demi-ratés qui n’accomplissent pas vraiment leur virilité.

 

Je n’aurai qu’un mot : foutaises !

Et je vais oser m’aventurer sur le terrain inconnu et miné. Ce qui caractérise l’être humain mâle, c’est le manque, il n’est pas tout l’humain à lui tout seul. C’est ce même manque qui caractérise l’être humain femelle. Parfois ce manque se noue et se dénoue dans le jeu du désir, parfois, simplement, il se conjugue dans l’amitié et la fraternité. Et ce manque n’est plus une souffrance ou une perte mais une immense richesse qui se découvre, celle de l’autre, des autres, des différences, des variétés, des similitudes.

Et cette épreuve (lieu ou l’on éprouve) de l’incomplétude est sans doute le lieu qui nous ouvre au tout Autre.

Oui, Seigneur, tu as bien raison, qu’il est bon d’être homme et femme pour te découvrir toi. C’est même très bon.

 

 

Pour ce mot, laissons la parole à qui de droit :

Dieu créa l’homme à son image,

à l’image de Dieu il le créa,

homme et femme il les créa.

Dieu les bénit et leur dit :

« Soyez féconds, multipliez,

emplissez la terre et soumettez-la ;

dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel

et tous les animaux qui rampent sur la terre. »

Dieu dit :

« Je vous donne toutes les herbes portant semence,

qui sont sur toute la surface de la terre,

et tous les arbres qui ont des fruits portant semence :

ce sera votre nourriture.

À toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel,

à tout ce qui rampe sur la terre et qui est animé de vie,

je donne pour nourriture toute la verdure des plantes » et il en fut ainsi.

Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon.

Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour.

 

Genèse 1, 27-31

 

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 08:12

 

Voilà un mot qui dans son usage religieux a un petit parfum suranné. Comme ils nous semblent lointains, les grands débats des siècles précédents sur les œuvres et la Grâce, sur la Grâce suffisante. Comme elles sont étrangères, ces piétés du 19° siècle qui comptabilisent les grâces du Seigneur avec le sérieux d’une comptabilité boutiquière. Voilà qui n’entre plus guère dans nos façons de parler, de penser, de prier. Et pourtant… Écoutons d’abord le mot pour ce qu’il signifie en langage courant : légèreté, élégance, délicatesse. Il y a dans le mot quelque chose de radieux, comme un matin d’été parfait, comme une amoureuse qui se sait aimée, comme des parents penchés sur le sommeil de leur enfant.

Nous sentons bien la parenté de cette grâce avec la beauté et la perfection.

Il manque encore au tableau de la grâce son caractère gratuit. L’instant se donne à nous, sans raison, sans prix, sans effort.

Telle est la Grâce de Dieu, loin des pesantes définitions et des petits calculs. C’est d’abord un beau geste de Dieu. La Grâce est donnée pour rien, pour la beauté du geste, parce que Dieu est Dieu, et que l’élégance, la beauté, la gratuité lui appartiennent. La Grâce est un don sans retenue, sans mécompte, sans escompte. La Grâce ne se divise pas. De la part de Dieu, elle n’existe qu’au singulier, entière, et parfaite. Et tout ce que nous pouvons faire, c’est rendre grâce, c’est-à-dire, comme pour la Gloire, rendre à Dieu ce qui est à lui, ce qui est lui.

Oui, la Grâce, c’est la beauté de Dieu, sa perfection, répandue, irradiée, communiquée en abondance, en surabondance. À nous de nous laisser saisir, illuminer.

Mais enfin diront d’aucuns, vous semblez oublier que d’abord la Grâce nous sauve. Je ne l’oublie pas, je ne dis même que cela. Elle nous sauve de notre pesanteur, de notre obscurité, de nos mesquineries agioteuses.

Alors, d’autres diront : « Vous avez sérieusement éveillé notre intérêt ; cette Grâce, est-ce qu’on peut la voir ? ». Mais bien sûr, elle a un nom et un visage, celui du plus gracieux des enfants des hommes, un nom simple, Jésus. N’est-il pas le beau geste de Dieu par excellence ?

Maintenant, j’hésite sur la formulation : dois-je dire : « Jésus le Christ en qui la Grâce de Dieu s’incarne » ou « Jésus le Christ qui incarne la Grâce de Dieu » ?

Je vous laisse choisir.

 

Et en guise de méditation, je vous invite à relire la scène de la synagogue de Nazareth, au chapitre 4 de l’évangile selon saint Luc, du verset 16 au verset 22.

 

Il vint à Nazareth où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit :

L’Esprit du Seigneur est sur moi,
parce qu’il m’a consacré par l’onction,
pour porter la bonne nouvelle aux pauvres.
Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance
et aux aveugles le retour à la vue,
renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur.

Il replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture. » Et tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche.

 

 

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23 août 2010 1 23 /08 /août /2010 23:30

 

Après un rapide tour d’horizon dans les évangiles il est clair que la véritable gloire vient de Dieu et lui appartient en propre. La meilleure preuve est que nous lui rendons gloire ; nous rendons donc à Dieu ce qui est à lui. Les autres « gloires », en particulier, celles des Césars et autre princes de la terre, seraient plutôt des glorioles. On voit d’ailleurs le Christ n’y attacher ni intérêt ni crédit lorsque le diable essaie de lui négocier la gloire des royaumes de la terre contre son allégeance. Et oui, le diable, entre autre chose, est faux monnayeur, du genre qui vous fait prendre des vessies pour des lanternes et des pierres pour du pain.

En matière de gloire donc, un seul fournisseur fiable, Dieu lui-même. Reste à savoir ce qu’est cette gloire qui n’appartient qu’à Dieu. Si mes souvenirs d’hébreu ne me trompent pas (ça pourrait arriver) il me semble que le mot gloire a à voir avec le poids. La gloire de Dieu serait donc son « poids ». Son poids dans la balance, bien sûr. Et quand Dieu met son poids dans la balance, alors, c’est vers lui que tout penche. C’est ainsi que Dieu glorifie son Fils, en mettant tout son poids dans la balance. Et le fils glorifié nous glorifie à notre tour. Ainsi, nous aussi, nous penchons irrésistiblement vers Dieu.

Écoutons Jésus dans la prière qu’il adresse à son Père avant la Passion : « Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unité et que le monde reconnaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. » (Jean 17, 22)

La gloire de Dieu est donc bien sa puissance, sa puissance d’amour et de Salut, sa puissance de communication, de relation.

Irénée de Lyon l’avait bien compris, et le formule ainsi dans son traité contre les hérésies : « Car la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la vue de Dieu ».

 

100 mots pour la foi

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19 août 2010 4 19 /08 /août /2010 13:22

 

 

La fraternité n’est pas un de ces bons sentiments chrétiens, une vertu que l’on pourrait inscrire au fronton des églises entre la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Ce n’est pas un produit dérivé de l’amour du prochain, ni même de l’amour de Dieu. La fraternité est le cœur même du christianisme, son origine et sa source. En Christ, Dieu s’est fait frère !

Voilà pourquoi le christianisme est si différent des religions plus anciennes, des religions d’observance, des religions légalistes… Disons pour être honnête, qu’il devrait l’être, et que chaque fois qu’il ne l’est pas, il se trahit, il trahit le Christ.

Oui, la tentation est grande sinon de se passer du Christ, du moins de passer par-dessus afin de retrouver la vieille image d’un Dieu que certes, par convention, on appelle « Père », mais qui reprend rapidement la belle tête altière d’un Zeus tout-puissant régnant dans l’éther des hautes sphères azurées.

Mais la réalité de l’Incarnation, c’est qu’en Jésus le Christ, Dieu s’est fait frère. Jésus-Christ fait de tout être humain, son frère (sa sœur) et nous le donne comme frère ou sœur. Dans le Christ s’origine toute fraternité. Et par le Christ, nous sommes faits fils et filles du Père, ce Père qu’il nous donne non comme un maître, mais comme un tendre père : « Dites Abba », ce qui signifie papa, ou petit père.

Fin des images de Dieu vengeur, Dieu des éclairs et du tonnerre et des victoires. Place au fils perdu, humilié, au frère trahi. Place au père inquiet, amoureux qui s’élance à la rencontre du fils perdu.

Il m’est arrivé d’entendre de beaux esprits, épris de figures divines, pleines de pureté philosophiques, bardées de définitions dogmatiques, pointer d’un doigt accusateur une « dérive » du christianisme qu’ils nomment « fraternisme ». Ce serait un christianisme « horizontal », qui ne prendrait pas en compte la grandeur, la gloire de Dieu, sa transcendance.

Mais la transcendance de Dieu, c’est précisément de n’être pas enfermable dans nos définitions. Il échappe à notre mesure de hauteur, de largeur, de profondeur. Il est, ainsi qu’Élie le premier en a la révélation, dans le frémissement du silence.

Quand saurons-nous aimer, cette Terre, ce temps, ce monde, et les hommes et les femmes qui le peuplent comme Dieu les aime ?

Oh, comme nous aimerions y échapper, tourner le dos à toute cette glèbe et élever notre âme vers les divines perfections. Comme nous aimerions trahir la fraternité humaine pour nous rapprocher de Dieu : « Je ne connais pas cet homme ». Fous que nous sommes.

Écoutons le Christ notre frère : « Qui me voit, voit le Père », « Ce que vous aurez fait au plus petit, c’est à moi que vous l’aurez fait ».

Nous ne sommes ni un peuple d’esclaves courbant l’échine devant un Dieu, ni des enfants craintifs devant un père autoritaire détenteur de la « loi ». Nous sommes les frères et sœurs du Fils bien-aimé, et par lui, nous sommes fils et filles aimés et attendus par un Père d’inquiétude et de tendresse. À charge pour nous de vivre véritablement en frères et sœurs dans la tendresse et l’attention les uns aux autres.

 

CEC 469 : L’Église confesse ainsi que Jésus est inséparablement vrai Dieu et vrai homme. Il est vraiment le Fils de Dieu qui s’est fait homme, notre frère, et cela sans cesser d’être Dieu, notre Seigneur.

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