Bon essayons d’être simple. Les dogmes sont l’expression de la foi. Ce sont les mots pour le dire.
Saint Pierre ou saint Paul n’étaient pas moins croyants que nous. Et pourtant, nous étions des siècles avant les grands conciles dogmatiques qui ont défini les principaux dogmes catholiques.
Les dogmes sont des mots, des définitions intellectuelles. Ils tentent d’approcher une réalité qui les dépasse et les déborde.
Il y a la foi et son expression. Le pape Jean XXIII le dit de façon très claire dans son discours d’ouverture du concile de Vatican II en octobre 1962 : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d’en sauvegarder le sens et la signification. »
Alors, oui, l’intelligence humaine s’est déployée pendant des siècles pour tenter d’approcher le mystère de Dieu et de trouver les mots et les formulations les plus exacts, les plus justes. C’est un travail qu’il faut révérer. Mais il ne faut pas se tromper et confondre la foi et les dogmes.
En plus, sous prétexte de « déployer » les vérités de la foi, on a bien compliqué les choses.
Au bout du compte, il y a un millefeuille assez lourd. Il faut avoir le goût de la spéléologie intellectuelle pour plonger le cœur léger dans les épaisses couches de philosophie et de théologie superposées par les siècles. Et bien entendu, au cours du temps, les mots ont perdu leur sens premier. Il faut désormais être aussi diplômé de philologie pour s’y retrouver. À moins de sept ans de théologie, personne ne sait plus bien ce que les mots veulent dire.
Heureusement, comme déjà dit plus haut, la foi ne tient ni aux mots ni dedans.
Mais hélas, les dogmes, flattent nos orgueils idolâtres. Nous pouvons nous mirer dedans, admirer notre propre intelligence qui a su les concevoir, les énoncer, les préciser, et même les développer.
Quand on pense que Dieu a cru qu’il suffisait d’envoyer son fils raconter des histoires de moutons, de champs de blé, ou d’héritages dilapidé. Heureusement qu’il a été mis bon ordre à tout cela !
Bon, vous me sentez agacé ? Vous avez raison. Je ne veux pas faire de l’anti-intellectualisme à bon compte. Je sais qu’il faut comprendre ce que l’on croit. Mais cela suppose que les explications ne soient pas plus compliquées que la chose à croire. Et puis, je vois à quel point les dogmes peuvent devenir à la fois une armure et une arme.
Si je crois au Christ nu et désarmé, je ne peux pas être bardé de certitude et être prêt à en découdre avec quiconque viendrait bouger une virgule ou un mot de mes sacro-saintes définitions.
Oui, il faut se servir de son intelligence. Elle est un don de Dieu. Mais comme dit Jésus : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».
Et s’il faut choisir, je choisis le corps du Christ plutôt que le corpus dogmatique. Je choisis la chair du fils de Dieu plutôt que les indigestes traités de dogmatique.
Ce que dit le Magistère de l'Eglise catholique :
CEC 89. Il existe un lien organique entre notre vie spirituelle et les dogmes. Les dogmes sont des lumières sur le chemin de notre foi, ils l’éclairent et le rendent sûr. Inversement, si notre vie est droite, notre intelligence et notre cœur seront ouverts pour accueillir la lumière des dogmes de la foi (cf. Jn 8, 31-32).