Il est peu de mots dont le sens se soit ainsi dissous. Il y a cinquante ans, tout le monde ou presque savait qu’il avait une âme, qu’il pouvait la perdre et surtout, qu’il fallait la sauver.
Antienne connue d’un admirable égoïsme ; « Je n’ai qu’une âme qu’il faut sauver ».
Et voilà qu’en quelques années, l’âme s’est évanouie. Le sens du mot s’est si bien estompé qu’il est bien difficile aujourd’hui de retrouver un point d’appui, un point d’où repartir.
Il faut dire qu’on a beaucoup disserté sur le corps et l’âme, on n’a cessé de les séparer pour mieux prétendre qu’ils étaient unis, on a voulu savoir si l’esprit était l’âme, ou si l’âme était plus que l’esprit. On a tenté d’étranges dissections, découpé l’être humain en morceau et les cheveux en quatre. À cela, la psychanalyse a ajouté qu’en plus d’une conscience, nous avions un inconscient, et aussi un « moi », un « surmoi » et un « ça ». Pour finir, les neurosciences ont expliqué que tout n’était question que d’hormones et d’impulsion électriques.
Il n’est pas surprenant que dans un tel chantier, nous ayons perdu notre âme ! Peut-on la retrouver ? La question mérite enquête.
Comme je suis fermement décidé à n’accabler personne, ni moi, ni mes lecteurs, de fastidieuses recherches spéléologiques dans les strates successives de la philosophie, de la théologie, de la spiritualité ou de la psychologie, je saisis une image merveilleusement concrète ; l’âme du violon. C’est une pièce de bois qui est introduite à l’intérieur du violon, qui ne tient que par la pression et l’ajustement précis. C’est elle qui fait résonner le violon et qui en assure la stabilité. Pièce maîtresse et invisible, elle fait chanter l’instrument. De même, mon âme me permet de faire résonner en moi et autour de moi le son de Dieu. J’aime bien cette métaphore, j’aime cette image de Dieu en luthier dont je serais l’instrument.
Je crois que mon âme est ce qui en moi vibre au souffle de Dieu, ce qui s’accorde à lui.
Dans l’instrument, l’âme sans le violon n’est qu’un bout de bois, le violon sans son âme n’est qu’une caisse muette. Mais par-dessus tout, il y a la musique. C’est la musique qui est importante. C’est ce son unique que chacun de nous est invité à faire résonner dans le grand orchestre de Dieu. C’est cette musique, le chant de notre vie qui sera sauvé et qui ne cessera de résonner pour l’éternité.
En résumé, j’ai une âme qui est comme la marque de Dieu sur moi, son sceau. Mon âme me rend capable de Dieu, de l’espérer, de le désirer. Je peux négliger le désir de mon âme, la priver de lien avec Dieu. Il est probable qu’alors, elle dépérit. Au point d’en mourir ? Peut-être.
Ce que dit le Magistère catholique :
Catéchisme de l’Église Catholique, en bref-382 : L’homme est " un de corps et d’âme " (GS 14, § 1). La doctrine de la foi affirme que l’âme spirituelle et immortelle est créée immédiatement par Dieu.