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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 08:50

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 9, 22-25 (lecture du jeudi après les Cendres)

Jésus disait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »

Il disait aussi à la foule : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c'est en se perdant lui-même et en le payant de sa propre existence ? »


L’abaissement et la souffrance ne sont pas une fin en soi. La fin ultime voulue par Dieu c’est la Résurrection, dans laquelle toutes ses promesses, toute l’alliance entre Dieu et les hommes est accomplie et manifestée à l’humanité entière.

Marcher à la suite du Christ, cela nous est impossible si nous ne reconnaissons pas d’abord que c’est Dieu qui nous relève, nous nourrit, nous donne la force de nous mettre en route. Renoncer à nous-même, ce n’est pas renoncer à être, à penser, à vivre. Renoncer à nous-même, c’est choisir le don de Dieu plutôt que dépenser nos faibles forces à essayer par nous-mêmes d’accéder à un mystère qui nous dépasse. Renoncer à nous-mêmes, c’est choisir de nous laisser incorporer pleinement à la Résurrection du Christ.

Mais le mystère de la Résurrection n’est pas un mythe, c’est l’histoire de Jésus le Christ, Fils de Dieu et vrai homme. Le mystère de la Résurrection est indissociable de la passion de l’homme Jésus, indissociable de la Croix. Prendre sa croix chaque jour, ce n’est pas souffrir chaque jour, mais manifester Dieu, porter sa voix, son amour, sa justice, sa miséricorde, au risque d’être incompris, au risque d’être rejeté.

Ce chemin là, c’est le chemin qui a mené Jésus à la Croix mais c’est également le chemin qui a permis à Dieu de se manifester pleinement à l’ensemble des hommes et des femmes. Ce chemin là, nous ne pouvons le parcourir si nous ne laissons pas l’Esprit de Dieu nous porter.

Sauver sa vie ou la perdre, ce n’est pas choisir de vivre ou d’aller à la mort. C’est choisir entre la vie éternelle que Dieu nous donne ou la vie biologique et finie que nous croyons posséder et dont nous pensons être les maîtres mais qui finalement nous échappe.

Si nous choisissons la vie éternelle, il nous faut laisser Dieu naître en nous. Dieu et non l’image que nous nous en faisons. Choisir de laisser Dieu nous façonner, c’est-à-dire accepter de lui laisser les commandes de notre vie, accepter de nous dépouiller de nos certitudes et de nos volontés de puissance pour que l’Esprit insuffle en nous la vie éternelle. Choisir Dieu, c’est d’abord arrêter de penser que Dieu nous aide à vivre et accepter enfin que Dieu nous fait vivre.

Le chemin de la Résurrection, le chemin du Carême, n’est pas un chemin de souffrance. C’est un chemin d’abandon et de confiance.

 

« Car pour cette naissance, Dieu doit et veut disposer d’une âme vide, détachée de tout souci et libre, en laquelle il n’y ait rien que lui seul et qui n’attende rien ni personne que lui. »

Maître Eckhart

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 13:47

 

« Où donc est mon Dieu ? »

 

Je te cherche Seigneur dans les visages et dans les gestes, dans l’histoire et dans le monde.

Je te cherche Seigneur et je te trouve, je te nomme, je te loue.

Mais toute cette connaissance ne me fait pas vivre. Elle me conforte.

Alors par delà les mots, les certitudes, les autres, par delà tout ce qui constitue ma vision de toi, je te cherche toi dans la pureté de ta communication, dans l’absence des mots et des idées, la solitude et le jeûne, dans l’abandon mais dans la certitude que tu passeras.

Tout ce que je sais de toi, de tes promesses, de tes actions, tout ce que je connais de toi, je le dépose devant toi pour me présenter à toi dans la pauvreté de ce désir gonflé de ma seule espérance. Sans même savoir ce que j’espère.

Dépouillé de tout ce qui pourrait me faire rater ta rencontre, je plonge dans ce secret où tu es présent, où tu viens me rencontrer. Viens naître en moi, Seigneur, dans ce secret qui m’est à moi-même inconnu, afin que tout ce que je ferai, dirai, penserai, croirai vienne de toi et témoigne de toi.

 

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 12:43

 

« Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »

 

Les vitres de nos fenêtres sont tellement sales que la lumière que nous gardons jalousement n’éclaire plus le monde. Certes nous l’avons mise sur le lampadaire pour qu’elle éclaire notre maison, l’Eglise, mais pour, soi-disant en assurer la pureté, nous avons tellement orné le lampadaire que la lumière ne brille plus que pour ceux qui savent que derrière les ornements il y a cette pure lumière.

 

Mais qui sommes nous pour croire que nous pouvons assurer la pureté de Dieu. Est-ce là la mission que Dieu nous a confiée ? Dieu nous a-t-il demandé de retisser le rideau du Temple pour le protéger ? Non, il nous a demandé de porter cette lumière aux nations, d’en faire un phare pour tous les hommes et toutes les femmes. Le Christ est-il resté caché au milieu de ces disciples ? Non, il s’est exposé au monde, jusqu’à faire briller sa lumière sur le lampadaire de la Croix.

 

L’évangile de ce jour est la suite immédiate des Béatitudes que nous avons lues dimanche dernier. Ces deux textes sont l’introduction au grand discours sur la Montagne de Jésus. Il n’y a pas de vie en Dieu, de vie avec Dieu, qui ne soit pas missionnaire. Il n’y a pas de pureté qui ne se risque à la contradiction et à la liberté des hommes et des femmes avec lesquels nous vivons. Notre position n’est pas facile, comme Paul nous sommes dans la faiblesse, craintifs et tous tremblants. Mais c’est dans cette position que Dieu nous rend fort, non quand nous sommes forts et sûrs de nous.

 

En souhaitant ouvrir les fenêtres de l’Eglise, Jean XXIII et le deuxième concile du Vatican ont souhaité que l’Eglise reprenne son dialogue missionnaire avec le monde mais également avec elle-même. Un dialogue missionnaire qui soit fondé sur le Christ lumière du monde, ce Christ qui doit éclairer le monde mais également nos pratiques. En signant leur pétition intitulée "Eglise 2011: un renouveau indispensable", les 140 théologiens allemands, suisses et autrichiens, font leur devoir. Celui de questionner l’Eglise au nom du Christ. Tout ce qu’ils demandent n’est peut être pas à faire, mais leur questionnement de fond est celui qui doit mener l’Eglise : comment rester fidèles à la mission qui nous a été confiée. Nous sommes perçus, et je ne crois pas totalement à tort, comme une institution et non plus comme le peuple des disciples du Christ. Nous avons créé un langage, une sagesse qui veut convaincre, où,  finalement, le Christ est devenu un argument alors qu’il devrait être l’unique objet de nos pensées, l’unique intérêt de nos cœurs. Ecoutons Paul !

Les frileux de Dieu ont crié et continuent de crier qu’il fallait vite refermer ces fenêtre car il y avait des courants d’air et que l’Eglise allait tomber malade. La belle affaire ! Nous célébrons Jésus Christ, ce Messie crucifié pour avoir dialogué avec le monde, pour avoir annoncé la merveilleuse promesse de Dieu au monde, et nous aurions l’outrecuidance d’avoir peur d’un rhume ou d’une bronchite ? Qu’importe si ces courants d’air font valser quelques unes des pages humaines écrites par notre Eglise depuis 2000 ans. Peut-être nous permettront-ils de remettre la main sur quelques pages de la Parole de Dieu que nous avons égarées depuis trop longtemps. En nous focalisant sur les pages humaines au point d’oublier celles de l’Evangile, nous dénaturons les unes comme les autres. « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. »

 

Ne soyons pas obnubilés par la pureté de l’institution et de son discours ! Mais soyons toujours inquiets de Dieu et de notre prochain dans lequel nous reconnaissons Jésus-Christ lui-même. « Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira comme l'aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t'accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon coeur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi. »

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 12:48

 

J’aime ce rappel à l’ordre de Paul. Il est clair et précis. « Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce donc Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » Il nous permet de nous recentrer immédiatement sur ce qui fonde notre foi : Jésus. Jésus crucifié pour nous et au nom de qui nous sommes baptisés. Quand, cette semaine comme chaque année nous prions pour l’unité des chrétiens, c’est bien sur ce rappel de Paul que nous devrions méditer. Car qu’importe que nous soyons de telle ou telle église, qu’importe même que nos églises soient unies, si nous avons perdu le cœur même de notre foi.

 

« J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. » dit le psalmiste. Et pourtant, souvent j’ai l’impression que nous ne cherchons pas à habiter la maison du Seigneur mais à retenir le Seigneur dans les maisons que nous nous créons. Ces maisons que nous appelons religions ou confessions chrétiennes. Nous allons à la messe et nous voyons descendre Jésus sur nos autels sous la forme du pain et du vin. Nous sommes contents de nous. Nous l’avons pour nous par ce que nos prêtres en imposant les mains font venir notre Dieu dans notre maison église. Nous sommes rassurés, il est présent, bien à nous, chaque dimanche ou chaque jour. Mais est-ce là l’enseignement de Jésus-Christ ? Est-ce cela faire Eglise ?

 

« D'ailleurs, le Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l'Évangile, et sans avoir recours à la sagesse du langage humain, ce qui viderait de son sens la croix du Christ. » Il ne s’agit pas pour Paul de remettre en question l’institution du baptême mais bien de redonner tout son sens au baptême. Un sens qui semble se diluer pour ne pas dire se pervertir dans la traduction qu’en donne notre langage humain de la religion. Le baptême n’est pas la porte d’entrée dans nos églises humaines, elle est la porte d’entrée du chemin qui mène à la suite du Christ et avec le Christ dans l’Eglise de Jésus Christ. Une Eglise certes déjà présente dans nos Eglises mais une Eglise qui les dépasse infiniment. Une Eglise qui ne divise pas les hommes entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors mais une Eglise qui appelle tous les hommes et toutes les femmes à être unis dans le Christ.

 

On reconnaît l’Eglise de Jésus-Christ à ce qu’elle est conforme à Jésus-Christ lui-même. Non repliée sur elle-même, mais en marche, appelant les hommes et les femmes à se mettre en marche avec elle. « Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. » Non repliée sur elle-même mais ouverte sur le monde, au service des hommes et des femmes de ce monde. « Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. »

 

On reconnaît l’Eglise de Jésus-Christ à ce qu’elle diffuse la lumière qu’est Jésus-Christ à tous les hommes et à toutes les femmes. « Le peuple qui marchait dans les ténèbresa vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l'allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus. Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane. » On ne reconnaît pas l’Eglise du Christ au fait qu’elle soit fière de la lumière qui éclaire ses propres bâtiments.

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 22:00

 

[Le lendemain] Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ;

C'est de lui que j'ai dit ‘Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était.’

Je ne le connaissais pas ; mais,

si je suis venu baptiser dans l'eau,

c'est pour qu'il soit manifesté au peuple d'Israël. »

Alors Jean rendit ce témoignage :

« J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui.

Je ne le connaissais pas, mais

celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit :

‘L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer,

c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint.’

Oui, j'ai vu, et je rends ce témoignage : c'est lui le Fils de Dieu. » (Jn 3, 29-34)

 

Quand on est devant un texte si dense, je ne pense pas qu’on puisse se permettre de se lancer dans une grande homélie soit sur « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » soit sur « le Fils de Dieu ». Car ces deux appellations que Jean Baptiste donne à Jésus ne sont peut-être pas le cœur du témoignage qu’il nous rend, même si (et peut-être parce que) elles en sont le point de départ et d’arrivée.

 

La première chose que la traduction liturgique ne met pas en valeur contrairement aux grandes traductions de la Bible, c’est le lien entre ce passage, celui qui précède et celui qui suit. Un lien identique : « Le lendemain ».  Notre texte commence ainsi : « Le lendemain, il vit Jésus venir vers lui. ». Et le verset suivant notre texte qui ouvre le passage sur les premiers disciples débute de la même manière : « Le lendemain, Jean se tenait là. ». Cela nous marque le contexte de ce témoignage. Dans le texte précédent, l’évangéliste nous présente la prédication de Jean-Baptiste dans des termes qui sont repris dans le témoignage que nous entendons aujourd’hui. « Moi je baptise dans l’eau. Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas, celui qui vient derrière moi, dont je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sandale. » Dans le texte suivant, les premiers disciples sont mis en route vers Jésus également par un phrase que nous lisons aujourd’hui ; « Voici l’agneau de Dieu ». Ce jeu de référence entre le texte central, le précédente et le suivant n’est pas anodin, il montre bien la continuité des trois textes et le sens qui s’en dégage. Le cœur ou devrais-je plutôt dire le nœud de la mission du dernier prophète de l’ancienne alliance qu’est Jean-Baptiste et de celle de ceux qui suivront Jésus est proclamée dans le témoignage que Jean-Baptiste nous livre aujourd’hui.  Et les deux phrases que nous venons de citer sont le cœur de ce mystère : « Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas », « Voici l’agneau de Dieu ».

 

« Je ne le connaissais pas mais », par deux fois Jean-Baptiste utilise cette expression qui vient faire écho à son annonce précédente « Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas ». Nous ne connaissons pas Jésus de manière innée. Nous ne pouvons apprendre à le connaître qu’en le fréquentant, qu’en fréquentant cet homme dont les évangiles s’attachent à nous faire découvrir sa personnalité et ses enseignements. « Venez et voyez » dira Jésus aux premiers disciples. Et ce Jésus, Jean-Baptiste lui-même ne le connaissait pas mais il avait à le manifester. Les deux « mais » de Jean-Baptiste n’introduise pas des révélations sur Jésus lui-même mais sur la mission qui a été confiée au prophète : « si je suis venu baptiser dans l'eau, c'est pour qu'il soit manifesté au peuple d'Israël », « celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : ‘L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint.’ ». Comme nous l’avons dit précédemment, Jean-Baptiste est en mission pour Dieu, son rôle est clair il est là pour attester que l’homme Jésus qui se tient au milieu de la foule, cet homme est « le fils de Dieu », celui qui est de toute éternité. « Car avant moi il était. » nous dit Jean-Baptiste, comme l’évangéliste au premier mot de son prologue nous disait « Au commencement était le verbe et le verbe était auprès de Dieu et le verbe était Dieu. » Comme Jésus dira lui-même « En vérité, en vérité, je vous le dis avant qu’Abraham fut, Je suis », se donnant à lui-même le nom divin révélé à Moïse. Le témoignage de Jean-Baptise ne fait pas que donner deux titres à Jésus, il le révèle comme vrai homme et vrai Dieu.

 

Mais revenons au lien existant également avec les disciples de Jésus et par extension avec nous-mêmes. Le nom que Jean-Baptiste donne à Jésus « Agneau de Dieu » ne peut pas ne pas faire référence à la Pâque juive et à cet exode salvateur et donc à la Pâque chrétienne qu’est la crucifixion et la résurrection du Christ. Cela nous projette à la fin de l’Evangile et là le lien entre le témoignage de Jean-Baptiste et la mission des disciples s’éclaire d’un jour nouveau. Nous sommes après la mort de Jésus et celui-ci, ressuscité, apparaît aux disciples. Que leur dit-il ?

Il leur dit alors de nouveau

« Paix  à vous, Comme le père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie »

Ayant dit cela, il souffla et leur dit :

« Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jn 20, 21-23)

 

La mission des disciples est fondée sur les deux éléments majeurs qu’annonce Jean-Baptiste dans son témoignage. Jésus est celui qui baptise dans l’Esprit Saint et Jésus est celui qui enlève le péché du monde. Et Jésus en nous baptisant dans l’Esprit Saint nous confie sa mission tout en restant le cœur de cette mission. L’évangile de Jean est certainement celui qui lie avec le plus de force la mission des disciples à la mission même du Fils de Dieu, envoyé par son Père « pour que le monde soit sauvé par son entremise » (Jn 3, 17).

 

Ce lien évident entre le début et la fin de l’évangile de Jean nous pousse encore à voir dans le thème de la connaissance réelle de Jésus le message le plus fort du témoignage de Jean-Baptiste. Encadrée par l’annonce de Jean-Baptiste quant à sa propre mission et l’envoi en mission des disciples par le Christ ressuscité, toute la vie de l’homme Jésus est mise en valeur comme le lieu où ne nous rencontrons pas une idée abstraite de Dieu, une religion ou des valeurs mais où nous vivons une véritable conversion dans le compagnonnage avec cet homme qui est aussi le Fils de Dieu, ce ressuscité qui a gardé les marques de ses plaies qui permettront à Thomas de dire « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28)

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 18:42

 

Quel échange entre Jean-Baptiste et Jésus ! Instinctivement, ne serions-nous pas du même avis que Jean-Baptiste ? Pourquoi Jésus aurait-il besoin d’un baptême de conversion ?

« Pour le moment, laisse-moi faire ; c'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. »

Nous pourrions supposer qu’au tout début de ce que nous appelons la vie publique du Christ Jésus n’a pas encore pleinement conscience de qui il est. C’est peut-être d’ailleurs effectivement le cas pour le baptême « historique » de Jésus par Jean-Baptiste. Mais alors comment comprendre cette parole de Jésus et surtout le fait qu’il prenne l’initiative : « laisse-moi faire ».

Je crois pour ma part qu’il faut lire ce texte à un autre niveau que le niveau historique et en lien avec le passage suivant, les tentations du Christ au désert. Dans ces deux textes, nous sommes frappés par l’abaissement de Jésus qui se conduit comme un simple mortel. Il se fait baptiser par Jean-Baptiste, il combat le Diable avec les uniques armes de la Révélation et de la foi.

En fait, ce qui est juste pour Jésus, c’est visiblement d’être parfaitement humain. Non pas humain au sens d’être pécheur, mais humain au sens de répondre à l’appel de Dieu avec les seules armes que Dieu a lui-même données aux hommes. A ce moment précis de son existence, comme durant toute sa vie publique, le Christ ne triche pas avec son incarnation, il est un homme « comme tout le monde » même s’il est l’homme qui répond parfaitement au désir de son Père.

Alors évidemment, c’est difficile à comprendre pour Jean-Baptiste qui a reconnu en lui le Messie. Comme il lui sera difficile de comprendre, quand il sera en prison, que la présence du Messie ne change rien à l’injustice qui règne dans le monde. Mais justement, la lecture d’Isaïe (42, 1-4.6-7) de ce dimanche nous permet de mieux comprendre la réponse que Jésus fera à ses disciples : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » (Mt 11, 4-6)

Car là encore, ce qui frappe c’est l’humilité du serviteur de Dieu. « Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n'entendra pas sa voix sur la place publique. Il n'écrasera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité. » Ce n’est pas par la puissance divine, telle qu’on pourrait se l’imaginer, que le serviteur de Dieu va manifester « l’Alliance avec le peuple et la lumière des nations » mais par la simplicité et la douceur de la vérité. « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix. » écrira Paul aux Philippiens (2, 6-8).

Car comment ne pas voir déjà dans ce prologue de la vie publique de Jésus, ce qu’il nommera lui-même son baptême, c’est-à-dire sa mort sur la Croix, abaissement ultime de Dieu, mais preuve ultime de cet amour que le Père avait déposé tout entier en son Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour. »

En agissant de cette manière, plus que de s’offrir pour notre salut d’une manière exceptionnelle, Jésus nous a laissé le témoignage qu’avec la force de l’Esprit que nous recevons au baptême, nous pouvons être, par lui, en lui et avec lui, les dignes serviteurs de Dieu. Qu’à l’image de ce que Pierre dit de Jésus dans les Actes, le chrétien peut être reconnu à son témoignage : « Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. »

Comme le Christ, c’est par l’humilité de notre service que nous témoignons de la grandeur de Dieu, que nous rendons au Seigneur, éblouissant de sainteté, la gloire de son nom.


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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 16:19
Je profite de ce dimanche pour vous presenter tous mes vœux pour cette nouvelle année. Un dimanche où nous fêtons les rois et leurs présents, un dimanche où nous fêtons un sauveur pour toutes les nations, un roi, un homme un Dieu. Une espérance pour tous, voilà ce qui nous est donné. Mais pas une espérance sous forme d'un doudou ou d'une boite de tranquilisants, une espérance faite homme, une voix d'homme, une voie humaine. L'enfant que nous fêtons, l'enfant qui nous émerveille, n'est ni un mythe ni une belle histoire, Il est un homme à l'histoire tragique, un Dieu à la fidélité salvatrice. Dès les premières pages de l'evangile tout nous est proclamé ! La promesse accomplie, son universalité, son incarnation et sa réception d'homme à hommes. Une réception tragique mais libre, une réception à nos forces mais aidée d'un esprit qui nous permet de dépasser nos propres limites. Que pouvoir souhaiter de plus que d'être à l'écoute de cet esprit qui nous mène au Christ et qui nous avertit des chemins à emprunter pour qu'il vive et accomplisse son chemin de rédemption et de résurrection. Que pouvoir souhaiter de plus que d'être éclairé par cette divine Lumière qui nous rend libre. Cette Lumière qui fait de nous des esprits libres, des hommes et des femmes libres et acteurs de la vie. Une liberté qui ne fait pas de nous des faibles retrenchés derrière les murs de la Jérusalem céleste mais les pierres protectrices et fortes de cette Jérusalem. C'est cette liberté salvatrice que je vous souhaite d'accueillir et de vivre durant cette nouvelle année. Une liberté qui transforme notre pauvreté en force, une liberté qui fait de nous des missionnaires, des lumières pour nos frères et nos sœurs, un phare céleste pour notre monde. Allons prosternons nous devant l'enfant-Dieu. Accueillons, en lui offrant nos vies en présent, le présent de sa vie qui nous relève et nous rend digne d'être appelés fils et filles de Dieu. Tous mes vœux pour cette nouvelle année dans un monde qui continue d'avoir besoin d'entendre la Parole de Dieu. Soyons au pied du Christ, soyons au service de nos frères et de nos sœurs.
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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 13:46

 

 

Femmes soyez soumises... Les lectures de ce dimanche de la Sainte Famille sont pour moi l'occasion de revenir sur ce texte de Saint-Paul qui fait grincer, à juste titre, tant de dents féminines. Je le ferai en vous proposant la contemplation de quelques chefs d'œuvres de Philippe de Champaigne.

 

Si nous devons, hommes et femmes, être sous la mise de quelqu'un, c'est bien de Dieu, lui dont nous sommes certains, dans la foi, qu'il nous aime et veut notre bonheur. Et la soumission de Marie est la même que celle de Joseph : une soumission positive qui répond par les actes à la proposition que Dieu leur fait d'être des acteurs de son Incarnation. Le Songe de Saint-Joseph montre bien ce parallélisme entre les deux époux. Alors que Joseph reçoit la visite de l'ange, les sandales ôtées, Marie, le regarde dans la position classique des annonciations de la Renaissance, faisant ainsi référence à sa propre soumission à la Parole de Dieu. Son regard vers Joseph n'est pas un regard de soumission de la femme vers son mari, mais bien le regard d'espérance que dans la foi, l'un et l'autre, soumis à la Parole de Dieu, accepteront de porter au monde le fruit de la promesse.

 

SongedeJoseph_Champaigne.jpg

 

Car elle est là la grandeur de la Sainte Famille, elle réside toute entière dans l'acceptation de donner au monde l'Incarnation de Dieu en Jésus-Christ. Et Philippe de Champaigne montre bien une nouvelle fois ce parallélisme en représentant les deux époux de chaque côté de l'Enfant Jésus, les yeux fixés sur lui et les mains jointes ou croisées sur le cœur afin de signifier l'acceptation dans la foi du mystère qu'ils ont accueilli et qu'ils présentent au monde sous le regard bienveillant du Ciel. Dans l'adoration des mages de Rouen, Philippe de Champaigne peindra la Vierge ouvrant son manteau pour dévoiler aux bergers le nouveau né.

 

Nativite_Champaigne.jpg

 

L'épisode de la fuite en Égypte que nous lisons aujourd'hui est construit sur trois songes de Joseph qui permettent deux citations d'accomplissement des écritures (« D'Égypte, j'ai appelé mon fils » et « Il sera appelé Nazaréen »). Mais l'épisode montre surtout que toute la vie familiale de Marie et de Joseph est centré sur l'enfant Jésus et sur la possibilité qu'il ait de vivre et de remplir sa mission. Une fois de plus, c'est le père et la mère qui sont soumis à la volonté de Dieu. Une fois de plus cette soumission est active et se traduit par des actes qui permettent que l'Incarnation de Dieu perdure. La Fuite en Égypte de Philippe de Champaigne est d'une grande douceur. Le regard de Joseph sur Marie et l'enfant est celui de la protection tout comme l'attitude de Marie enveloppant son fils. Cette douceur lumineuse est comme un écrin protecteur qui permet de passer des ténèbres de la forêt au paysage lumineux dans lequel ils arrivent. Cette douce lumière qui réunit la sainte famille aussi surement que les tableaux aux constructions pyramidales de la Renaissance est pour moi l'illustration parfaite de la phrase de Saint-Paul que nous lisons aujourd'hui : « Par-dessus tout cela, qu'il y ait l'amour : c'est lui qui fait l'unité dans la perfection. Et que, dans vos coeurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former en lui un seul corps. »

 

 FuiteenEgypte_Champaigne.jpg

 

Le reste de la citation de Paul, tout comme les théories sur la famille que nous livre Ben Sirac le Sage, ont, en comparaison avec ce que nous apprennent de la famille Marie et Joseph un intérêt de recettes de cuisine. La famille, comme l'Eglise, ne puisent leur mystère de vie que dans la soumission qu'elles ont au Seigneur. Il ne s'agit pas que la femme soit soumise au mari ou que l'Eglise enseignée soit soumise à l'Eglise enseignante. Il s'agit que tous soient soumis à Dieu afin que son Incarnation ne devienne pas un moment de l'histoire mais le centre de tous nos actes.

 

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 19:20

 

 

Cette nuit, aujourd'hui, nous avons fêté Noël. Et c'était une grande joie.

Des moments conviviaux, une belle célébration, le plaisir de se retrouver ensemble.

Mais pour certains, Noël a été un moment de solitude qui a pesé d'autant plus qu'ils avaient l'impression que tous étaient en fête. Une solitude qui les mettaient à l'écart.

 

Cette mise à l'écart, cette solitude, c'est ce qu'ont vécu Marie et Joseph. Eux pour qui il n'y avait pas de place dans la maison commune. Jésus est né dans une situation de mise à l'écart.

Heureusement que les anges sont allés chercher les bergers pour les prévenir de la naissance. Ils viennent autour de Jésus, autour de Marie et de Joseph. Ils donnent un esprit de fête à cette naissance solitaire qui aurait pu passer, sur terre, totalement inaperçue.

 

Avant d'être rejeté, Jésus aurait pu tout simplement être ignoré.

 

Alors évidemment, personne ne pouvait savoir à cet instant que ce nouveau-né n'était pas n'importe quel enfant, qu'il était le Fils de Dieu, le Messie envoyé.

 

Noël, pour moi, n'est pas simplement la fête de la Naissance du sauveur. Noël est le signe que dans un événement sans importance peut déjà naître une grande espérance à condition que nous soyons à l'écoute, attentifs à ce qui nous est proposé. A condition que nous ayons envie de laisser de la place à cette espérance, que nous ayons envie de l'accueillir et de la faire vivre.

 

Des Noëls nous devrions en vivre chaque jour de notre vie, des Christ nous devrions en voir naître chez tous nos frères et toutes nos sœurs. Mais laissons nous de la place dans nos vies à ces accueils et à cette joie de la rencontre d'un Dieu qui s'est fait homme et qui continue de se faire homme, par la force de l'Esprit Saint ? Ne sommes nous pas trop plein de sentiments, de doutes, de projets, de difficultés pour laisser de la place dans notre maison commune aux premiers signes de l'incarnation de Dieu ?

 

Noël est une grande joie. Une joie qui ne demande qu'à se démultiplier si nous restons attentifs aux signes que Dieu nous donne à travers nos frères et nos sœurs. En ce jour de fête, je souhaite à tous les hommes et à toutes les femmes de rester accueillant à ces signes et de vivre dans l'année à venir de nombreux jours de fêtes, de nombreux Noël.

Je vous souhaite d'accueillir ce Dieu incarné dans vos frères et dans vos sœurs, même quand il ne se manifeste que dans la discrétion et l'humilité.

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 14:43
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