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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 07:09

 

 

Le temps de l'avent

 

Qu'on aime ou non les temps liturgiques qui peuvent sembler nous obliger à vivre notre relation à Dieu dans des sentiments ou des attitudes qui ne sont pas toujours les nôtres, le temps de l'avent, celui de la venue, devrait être le temps ordinaire des chrétiens. Non pas évidemment comme temps qui prépare à Noël mais comme temps qui nous prépare à la rencontre du Seigneur, à sa venue.

 

Nous avons une tendance évidente à oublier totalement que le Seigneur vient. Nous pensons plutôt que c'est nous qui irons à lui, le jour de notre mort. Et nous préparer à la venue du Seigneur se transforme le plus souvent à une préparation de notre mort, préparation que nous repoussons bien naturellement soigneusement à un temps autre, que nous espérons le moins proche possible.

 

Entre la venue passée du Seigneur que nous célébrons à Noël et la venue glorieuse du Seigneur dont ne nous connaissons ni le jour ni l'heure et dont nous avons une vague conscience, nous oublions que le temps de la venue du Seigneur s'est ouvert avec sa vie terrestre pour ne plus jamais se refermer. « Je serai avec vous tous les jours de votre vie ».

 

Pris dans un étau historique entre une crèche que nous réactualisons chaque année par quelques santons et la descente des cieux au milieu des anges que nous visualisons aussi bien qu'une scène de Cecil B. DeMille sur des écrans géants en 3D, nous oublions que la venue du Seigneur fait également partie de notre quotidien et que nous n'y sommes pas étrangers. Cette venue là n'a ni le charme désuet de la tradition ni le spectaculaire de nos fantasmes eschatologiques mais il a la réalité de la rencontre de celui à qui nous avons donné notre foi et à qui nous ne cessons de la redonner.

 

Entre l'attente de celui qui vient accomplir les promesses de Dieu et l'attente de celui qui a accompli les promesses de Dieu, nous avons la place d'attendre, dans ce temps de l'avent, celui qui vient aujourd'hui combler nos espérances et répondre positivement à notre foi, celui dont le Royaume advient quand ceux qui par lui se reconnaissent frères et soeurs, fils et filles de Dieu, se mettent en marche à sa suite.

 

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 23:07

 

J’aime le temps de l’avent car c’est pour moi le vrai temps de l’espérance.

 Et il est si difficile d’espérer pour les chrétiens. C’est étonnant mais je crois que nous sommes pervertis par cette phrase du Christ dans l’évangile de Jean : « tout est accompli ».

 A force d’être certain, à juste titre, que les promesses de Dieu sont accomplies en Jésus-Christ, nous finissons par oublier et les promesses que Dieu nous fait et les espérances qu’elles devraient susciter en nous.

 Ce temps où nous attendons la venue du Christ - et je devrais dire les venues du Christ, sa naissance à Noël et son retour glorieux - doit être pour nous un temps où nous redécouvrons nos espérances, un temps où nous réentendons les promesses de Dieu.

 Sans promesses, sans espérances, comment pourrons-nous entendre Jésus nous interpeller ? Comment sa parole pourra-t-elle nous rejoindre ?

 En ce premier dimanche de l’avent et pour toute cette période liturgique, je formule le souhait pour chacun d’entre nous de redécouvrir la joie des espérances nourries par les promesses de Dieu.

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 20:46

 

Face à la Royauté de Jésus, les soldats et le pouvoir opposent une dérision vulgaire et agressive.

Jésus avait expliqué à ses disciples qu’il était un roi serviteur, mais cette royauté du service est à l’origine de la haine soulevée.

Non seulement il est difficile d’être accepté comme serviteur quand on paraît être supérieur, quand on est celui qui possède les biens qui font vivre. Tous ceux qui se sont mis au service des plus démunis savent à quel point il faut faire preuve de pédagogie pour faire accepter la gratuité d’un don sans que la honte du besoin ou et la peur de la « redevabilité » ne fassent naître des réactions négatives chez les bénéficiaires.

Mais cette royauté du service fait également naître  de la peur chez ceux qui possèdent et qui voient dans la gratuité du don la possibilité d’un désordre dans un monde où les déséquilibres sont une forme d’équilibre.

Et pourtant même si tout semble rendre impossible ou risible cette royauté, la conversion du bon larron et la réponse du Christ « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » nous montre à quel point cette royauté est finalement d’une grande simplicité à condition de ne pas mettre le pouvoir et nos attentes du mauvais côté.

Car finalement la Royauté du Christ est une royauté où le pouvoir n’est pas dans les mains du monarque mais dans le cœur du sujet touché par l’amour infini du Père.

 

Le Christ, combien de divisions ? Autant que de cœurs convertis.

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:24

 

Voilà un passage de l’Evangile qui devrait poser à l’Eglise une véritable question. Non sur la Résurrection (et 99 homélies sur 100 ne porteront que sur ce thème), mais sur le mariage ! Car c’est bien sur le mariage que Jésus répond quand des sadducéens souhaitaient le piéger sur la Résurrection.

 

« Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection d'entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection. »

 

Si nous prenons ces paroles à la lettre, aucun baptisé ne devrait se marier puisque, par le baptême, il est déjà entré avec le Christ dans sa Résurrection. Tout au moins, s’il se marie, c’est donc uniquement pour faire perdurer la vie (et l’espèce), c’est-à-dire pour faire des enfants afin de vaincre « sa » mort et la disparition du groupe social auquel il appartient et par extension la disparition de l’humanité. Nous sommes loin ici d’une théologie du mariage qui donnerait à voir à travers les époux l’image même de l’amour divin. Il n’y aurait pas plus de sacralisation du mariage pour Jésus que de sacralisation de la famille, thème totalement absent de l’Evangile. Et finalement notre sacrement du mariage ressemblerait plus à une christianisation d’une coutume païenne, comme mettre une croix sur un menhir ou placer une fête chrétienne le jour d’une ancienne fête païenne. Le mariage ne serait pour Jésus qu’une réponse à l’instinct de survie.

 

Mais voilà que la liturgie met aujourd’hui en parallèle de ce passage de l’Evangile le très beau texte du second livre des Martyrs d’Israël, un texte qui nous raconte les réactions de sept frères condamnés à mort. Ces sept frères croient tellement à la Résurrection qu’ils accueillent la mort simplement.

 

« Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. »

« C'est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de sa Loi je les méprise, et c'est par lui que j'espère les retrouver. »

« Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie éternelle. »

 

Pas d’instinct de survie ici, mais un véritable abandon à la vie éternelle. Ils n’ont pas peur de perdre cette vie biologique qui les fait vivre dans ce monde car ils sont certains que Dieu leur donnera la vie éternelle qu’Il leur a promise. Car ce qui est sacré ce n’est pas la vie biologique, mais c’est la promesse et le don de Dieu, la promesse sur laquelle nous appuyons notre foi et le don qu’aujourd’hui nous savons avoir déjà reçu en Jésus-Christ, l’héritage de la Résurrection qui fait de nous des Fils de Dieu.

 

Passer de l’instinct de survie à l’abandon à la vie, c’est passer d’une sacralisation de la vie biologique, à la sacralisation de la vie éternelle. Ce qui ne signifie absolument pas que la vie biologique ne vaille rien et que l’on puisse la faire cesser comme bon nous semble. Mais ce qui signifie que sa valeur n’est pas liée à elle-même mais à la place qu’elle a dans le dessein de Dieu. Ainsi si le mariage chrétien est un sacrement, c’est peut-être pour aider les hommes et les femmes mariés à se défaire de la peur de la mort, d’un instinct de survie finalement mortifère. Il ne s’agit plus alors de donner la vie pour survivre, mais d’accueillir pleinement la vie de Dieu et de la partager.  


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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 16:58

 

 

« Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un pécheur. » ». La question de ceux qui méritent le salut et de ceux qui ne le méritent pas traverse les évangiles. Dans l’histoire de Zachée, le chef des collecteurs d’impôts, elle est présente et fait scandale. Jésus y répond à sa manière en entrant avec joie dans la demeure de Zachée et en déclarant « Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d'Abraham.
En effet, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
»

 

La célèbre fresque de l’entrée de Jésus dans Jérusalem par Giotto développe cette réponse d’une manière remarquable.

 

Giotto_EntreeJerusalem.JPG

 

Dès les premiers siècles, les sculpteurs télescopent la scène de l’entrée dans Jericho et celle de l’entrée dans Jérusalem. La similitude formelle, un arbre et les portes d’une ville, en est sûrement à l’origine. La présence, dans un récit apocryphe, de Zachée dans la foule montée dans les arbres pour accueillir Jésus dans Jérusalem, peut-être également. Il n’est donc pas rare de trouver dans les icônes ou les peintures un homme ou des hommes dans les palmiers de la scène de Jérusalem. Parfois la solitude de l’homme, comme pou cette icône, nous fait penser à Zachée, parfois au contraire, leur nombre, comme chez Duccio, à la cueillette des palmes qui serviront à acclamer le Seigneur.

 

icone-entree-du-christ-a-jerusalem 1 53 EntreeJerusalem Duccio

 

Mais Giotto va bien plus loin à mon sens. Il distingue deux arbres. Dans le premier sur la gauche, un homme est peint de dos. Dans le second sur la droite, il est peint de face et regarde Jésus. Dans cette scène aucun des deux personnages n’est lié à une quelconque cueillette des palmes. Au contraire, les deux sont dans un espace bien défini du tableau, l’arrière plan, comme séparés de la scène principale. Un espace entre terre et ciel, celui de l’intimité du choix. A droite et à gauche, ils encadrent le Christ qui va rentrer dans Jérusalem et bénit la foule.

 

   dedos_Giotto.JPG   deface_Giotto.JPG

 

S’il est évident que le personnage de droite fait référence à Zachée, il me paraît également  très vraisemblable que l’ensemble des deux personnages préfigure les deux larrons encadrant le Christ crucifié, l’homme de droite étant tout autant Zachée que le bon larron. Et l’image est d’autant plus savoureuse que le Golgotha est, comme les scènes de Jericho et de Jérusalem, l’entrée du Christ dans une ville, la Jérusalem céleste. Cette œuvre de Giotto fait alors résonner en nous le parallèle entre la phrase de Jésus à Zachée « Aujourd’hui, le Salut est arrivé pour cette maison » et celle de Jésus au bon larron « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

 

Elle nous permet de répondre à la question posée par les récriminations des détracteurs de Jésus. La division entre les hommes ne se fait pas entre purs et impurs, entre ceux qui méritent d’être visités par le Christ et ceux qui ne le méritent pas. Nous sommes tous pécheurs, à l’image de Zachée et des deux larrons crucifiés de chaque côté de Jésus. Et si division il doit y avoir, elle se fait entre ceux qui le regardent et l’accueillent et ceux qui lui tournent le dos.

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 20:08

 

Aller croiser le chemin du Seigneur. L’interpeller. En sommes nous encore capables ? En avons-nous envie ? Sentons-nous en nous ce besoin de Dieu qui nous pousse à l’appeler ? Sentons-nous en nous ce bonheur de Dieu qui nous pousse à lui rendre grâce ? Vivons-nous vraiment en Dieu ?

La lèpre spirituelle est une maladie terrible car nous n’en souffrons finalement pas ou peu. Et pourtant elle nous exclut de ce que nous affirmons être le plus important, le Christ lui-même que nous confessons comme chemin, vérité et vie.

Oh certes, nous savons que nous l’avons appelé un jour, certainement avec ferveur et foi, nous nous souvenons qu’au nom du Christ, animés par sa Parole, nous nous sommes mis en route, nous affirmons que nous sommes chrétiens. Mais ne sommes-nous pas comme ces dix lépreux qui, sauvés par le Christ, se contentent d’aller voir les prêtres et oublient Dieu lui-même ?

Notre appartenance à l’Eglise, notre fréquentation de l’Eglise, notre habitude de l’Eglise nous éloigneraient-elles imperceptiblement de Dieu ? Les sacrements de l’Eglise agiraient-ils comme de merveilleux anxiolytiques qui endormiraient tout à la fois les maux dont nous souffrons mais également la merveilleuse cause de notre manque, le désir de Dieu ?

Finalement, bien souvent, nous nous comportons comme des ayant droit et nous oublions de nous émerveiller comme l’étranger qui découvre le salut de Dieu. Elle est là la lèpre spirituelle qui nous guette tous : nous habituer à Dieu ! 

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 23:16

 

« Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : Tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c'est ton tour de souffrir. De plus, un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. »

Voilà une théorie qui, lue au pied de la lettre, fait doublement frémir ! Tout d’abord parce que à entendre Abraham, seuls les malheureux sur terre auraient droit au bonheur mais surtout parce qu’au ciel il n’y aurait aucune compassion possible !

Heureusement, la réaction du riche, qui souhaite prévenir ses frères, nous montre que cette lecture, au moins pour le premier point, n’est certainement pas la bonne. La question n’est pas d’être riche ou pauvre, heureux ou malheureux, mais la manière dont nous vivons nos richesses et notre bonheur. Nous avons Moïse et les prophètes et même si un homme revenait d’entre les morts cela ne changerait rien. La loi de Dieu, sa Parole, et Dieu lui-même ne nous privent pas de la liberté d’entendre ce que nous souhaitons entendre et de vivre de la manière dont nous souhaitons vivre.

Nous ne sommes ni la figure exagérée du riche égoïste et sur de lui, ni celle du pauvre couvert de plaies, nous sommes des hommes et des femmes qui avons des richesses et des pauvretés, du surplus et des carences. Mais nous sommes surtout des hommes et des femmes à qui Dieu donne en abondance si nous savons l’entendre et le choisir.

Abraham n’accuse pas le riche de ne pas avoir aidé Lazare durant sa vie, il l’accuse de ne pas avoir entendu Dieu lui offrir la vraie richesse, le vrai bonheur. Dieu ne nous regarde pas en mettant de chaque côté de la balance nos bonnes et nos mauvaises actions, nos égoïsmes et nos largesses, notre repli sur nous et notre amour de l’autre… Dieu nous tend la main pour que nous le rejoignions à ses côtés dès aujourd’hui, dès notre vie terrestre.

C’est sur cette terre que Dieu jette les ponts qui permettent de traverser le grand abîme. Ces ponts ce sont les vrais bonheurs, les vraies richesses. Ces ponts c’est Jésus-Christ lui-même, vivant dans nos frères, qui ne demande qu’à naître en nous.

 

« Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous !  Heureux, vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés ! Heureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez !  Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme.

Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel : c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.

Mais malheureux, vous les riches : vous avez votre consolation !  Malheureux, vous qui êtes repus maintenant : vous aurez faim ! Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez dans le deuil et vous pleurerez !  Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c'est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes.

Je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.

A celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique.  Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole.  

Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.

Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.

Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant.

Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu'on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu'on leur rende l'équivalent.

Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants.

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.

Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.

Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. » (Lc 6, 20-38)

 

Ne regardons donc pas nos richesses ou nos pauvretés, regardons le Christ, laissons-le nous habiter, laissons-le nous faire vivre et demeurer auprès du Père. Soyons heureux !


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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 20:11

 

Elle est bien difficile cette parabole de Jésus. On pourrait évidemment, d’autant qu’on vient d’entendre la lecture du livre d’Amos, n’écouter que sa finale « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres… Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » et ne pas à chercher à comprendre cette histoire d’intendant fripon. Mais ce ne serait pas très respectueux de la parole de Jésus et finalement pas très judicieux car cette finale qui existe de manière autonome dans l’évangile de Matthieu (Mt 6, 24) est sûrement plus une apposition à ce texte que la finale originelle de la parabole.

 

Reprenons donc. Les deux premiers protagonistes sont un homme riche et son intendant. L’intendant est dénoncé à son maître parce qu’il dilapide ses biens. La formule passive n’indique pas qui dénonce l’intendant. Et l’histoire ne précise pas la manière dont l’intendant avait dilapidé les biens de son maître. Au début de la parabole donc, il y a un serviteur à qui un homme riche avait confié ses biens et qui a fauté en conséquence de quoi l’homme riche lui annonce qu’il est renvoyé et qu’il doit solder ses comptes.

Au deuxième temps de la parabole, il y a l’intendant, seul, qui cherche une solution pour se sauver de cette situation. Il n’a pas protesté auprès du maître, reconnaissant implicitement sa faute, il ne s’est pas jeté à ses pieds pour demander pardon. Et la solution, il la trouve. Elle passera par les hommes avec qui il est en relation, ceux qui doivent de l’argent à son maître et qui lui en doivent donc à lui, puisque comme tout intendant, il se paye sur les intérêts du prêt.

Le troisième temps de la parabole met donc en jeu l’intendant et les débiteurs de son maître. Comme il doit présenter ses comptes à son maître, il est difficile de croire qu’il va le voler. On peut donc penser que les sommes qu’il remet (les cinquante barils d’huile et les vingt mesures de bois) sont la partie qu’il devait toucher lui. Ce qui est frappant c’est que ce n’est pas lui qui écrit les billets de remise mais les débiteurs « Prend ton billet, assieds toi et écrit vite ».

La finale de la parabole nous dit que le maître loue l’intendant pour la manière avisée dont il a agi. Ajoutant « Car les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière ».

Voilà pour la parabole racontée par Jésus. Regardons maintenant la conclusion qu’il en tire. Elle est simple : il nous engage à nous faire des amis avec l’argent afin de créer des liens qui pourront nous servir dans les « tentes éternelles ». Car si nous savons faire cela avec l’argent, nous saurons aussi le faire avec le « vrai bien ».

Vous me direz, jusque-là, on ne voit toujours pas très bien l’intérêt de cette parabole et surtout on a très sensiblement l’impression que Jésus nous invite à être un peu malhonnête et à acheter nos frères et nos sœurs pour, qu’à leurs tours, ils nous secourent. Bref tout ceci est loin de l’amour gratuit de Dieu que nous présente habituellement l’Evangile !

Alors plutôt que d’essayer de lire cette parabole par l’apposition de cette phrase de l’Evangile que Luc et Matthieu citent, regardons plutôt les textes qui encadrent vraiment cette parabole. Juste avant, Luc a placé les trois paraboles de la miséricorde et juste après celle du mauvais riche et du pauvre Lazare. Ce dernier est en relation exacte avec la conclusion de la parabole : le mauvais riche n’a rien donné au pauvre Lazare qui ne l’accueille pas dans les tentes éternelles. Et quand le riche demande qu’on prévienne ses frères, il lui est répondu qu’ils ont Moïse et les prophètes et que « même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts ils ne seront pas convaincus. » Le cadre de lecture de la parabole est donc donné : il s’agit du don de la miséricorde divine et de la manière de l’obtenir : vivre de la Loi et écouter la Parole de Dieu, ce que viennent appuyer les versets 16 et 17 placés juste après la parabole : « Jusqu’à Jean ce furent la Loi et les Prophètes ; depuis lors le Royaume de Dieu est annoncé, et tous s’efforcent d’y entrer par violence. Il est plus facile que le ciel et la terre passent que ne tombe un seul menu trait de la Loi. »

 

Alors reprenons la parabole et ses acteurs. Aux deux bouts de l’histoire, il y a le maître riche qui possède les biens et les pauvres débiteurs. Nous avons le droit vu le contexte général de voir dans le maître riche, Dieu lui-même, et dans les débiteurs, nous-mêmes. Entre les deux, le mauvais intendant à qui les biens sont confiés et qui est fautif. Ce personnage, c’est finalement nous aussi. Et le fait que nous ne connaissions pas vraiment sa faute, nous permet tous de nous identifier à lui, comme pécheur, c’est-à-dire homme ou femme à qui Dieu offre le salut et qui le gèrent mal.

Le deuxième temps de la parabole, ce temps où nous nous reconnaissons pécheur et où nous cherchons le salut, nous invite très clairement à nous tourner vers nos frères et nos sœurs. Ce n’est pas dans une relation directe avec Dieu que nous trouverons ce que nous cherchons.

Le troisième temps de la parabole nous invite lui à utiliser les moyens que nous avons pour construire le Royaume. Et en effet l’argent qui pourrait paraître malhonnête en fait partie. Mais l’intendant, en donnant de sa part pour obtenir son salut n’utilise pas d’une manière amorale son argent. Seule son intention peut paraître malhonnête, celle d’acheter son salut. Finalement est-ce si amoral que cela ? Est-ce plus amoral que de suivre la Loi à la lettre pour être juste ? Non, c’est d’une logique identique. En fait, l’intendant achète son salut en faisant deux « bonnes œuvres » qui réjouissent ses débiteurs. Et en ce sens il agit selon la Loi et les prophètes. Même si c’est par peur et non par amour, il se remet ainsi dans la logique de Dieu. Mais peut-on le condamner, lui qui n’a pas vu le triomphe de l’amour de l’autre que Jésus est venu enseigner et vivre en allant jusqu’à donner son bien le plus précieux, sa vie, triomphe manifesté dans sa Résurrection ? Et c’est en ce sens qu’il faut lire la conclusion qu’en tire le Christ. Si nous n’arrivons pas à donner nos biens matériels pour que la justice, dont nous sommes les premiers bénéficiaires, règne, comment pourrons-nous donner notre vie propre par amour pour que le Royaume se construise ? Mais si nous arrivons à donner de nos biens matériels pour que la justice règne, alors peut-être pourrons-nous un jour entrer vraiment dans la communion divine et agir par amour là où nous n’agissons bien souvent encore que par devoir. En tout état de cause, le pauvre qui signe le billet de remise le fait certainement avec une gratitude qui certes à un effet matériel immédiat mais qui pourra également avoir un effet spirituel, celui de le faire entrer dans la logique divine du partage gratuit, du don.

 

Et c’est je crois ainsi qu’on peut comprendre la phrase énigmatique qui conclut la parabole : « Car les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière ». Nous sommes tous, tout à la fois, les « fils de ce monde-ci » et les « fils de la lumière ». Mais nous avons tous tendance à être plus avisé dans la gestion de nos rapports entre nous, dans le cadre du monde, que dans le cadre du Royaume. Peut-être parce que nous n’arrivons pas à voir que nos manques les plus intenses ne peuvent être comblés que par l’amour de Dieu dont nos frères et nos sœurs sont les intendants ?

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 10:48

 

lectures : Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps 50, 3-4,12-13,17.19 ; 1Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-32

 

 

Contrairement au frère du jeune homme perdu qui s'indigne de la générosité de son père, Moïse défend le peuple pécheur pour que Dieu lui pardonne et le garde dans son amour.

Comme la brebis égarée, Dieu vient saisir Paul pour le ramener dans son troupeau.

 

Je ne suis pas certain que Dieu aurait dispersé le peuple du veau d'or, mais je suis sûr qu'il n'aurait pas apprécié que Moïse lui dise : tu as raison, ce ne sont que des pécheurs, restons entre nous et n'accueillons que des justes.

Le jugement et le pardon sont des choses trop graves pour que nous osions nous les accaparer. Il est bien préférable de les laisser à Dieu. Un Dieu qui manifestement aime suffisament les hommes pour leur pardonner leur trahison (le veau d'or), un Dieu qui aime tellement chaque homme qu'il est prêt à abandonner son troupeau pour rechercher la brebis égarée.

Laissez le jugement et le pardon à Dieu, cela ne veut pas dire se désintéresser de ses frères et de ses soeurs. A l'image de Moïse, nous devons intercéder auprès du Père pour qu'il sache que nous sommes toujours heureux de la promesse qu'il a faite à nos ancetres, que nous sommes toujours prêts à la relayer auprès de de tous ceux et toutes celles qui n'en auraient pas connaissance ou qui ne la penseraient pas pour eux.

 

Car ce n'est pas la justice de l'homme qui le fait entrer dans l'amour de Dieu. L'amour de Dieu ne s'obtient pas comme un grade universitaire ou une médaille olympique au mérite, à l'effort ou à la connaissance. L'amour de Dieu est premier et il est libre. Il est assez certain que les chrétiens contemporains de Paul n'auraient pas voté pour que Dieu jette son dévolu sur un de leurs pires ennemis. Mais Dieu a choisi Paul pour en faire l'un de ses principaux collaborateurs.

Le chrétien comme l'Eglise toute entière ne doit pas confondre son rôle avec celui de Dieu, ni s'arroger les prérogatives qui ne sont pas les siennes. Nous devons par contre répondre à la mission du Christ d'annoncer la Bonne Nouvelle aux hommes et aux femmes de toutes les nations afin qu'ils puissent reconnaître l'appel de Dieu et répondre à son amour. Nous devons le faire sans choisir les hommes et les femmes auxquels nous nous adressons, sans juger de ceux qui en sont dignes. Car, comme Paul nous le rappelle, "le christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs".

 

Notre rôle, c'est de permettre à chacun de découvrir l'amour de Dieu, de se sentir aimé de Dieu. Parce que c'est dans cet amour que les conversions les plus extraordinaires sont possibles. Parce que c'est dans cet amour que l'homme peut relire sa vie, peut changer sa vie. Parce que c'est dans cet amour qu'il peut se tourner vers Dieu et dire avec le psalmiste : "Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. [...] Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit."

 

Pour cela, plutôt que de leur répéter à l'envie, parfois avec une certaine hypocrisie, tout ce qui est mauvais en eux et qui soit-disant les éloigne de Dieu, essayons de les bénir pour tout ce qui, en eux, est bon! Ecoutons les pour mieux les connaître et apprendre avec eux à découvrir l'amour que Dieu nous porte. Intercedons pour eux auprès de Dieu, intercedons pour Dieu auprès d'eux. Alors nous serons des disciples de Jésus, l'unique médiateur.

 

 

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 20:30

Sg 9, 13-18

Ps 89, 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc

Phm 1, 9b-10.12-17

Lc 14, 25-33

Voilà un passage de l’évangile qui n’est pas facile à entendre !

 

« Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et soeurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. […] De même, celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.
 »

 

Mais voilà également un passage qui nous rappelle deux données essentielles que nous avons tendance à oublier : nous sommes des marcheurs et nous avons un but.

Les paroles de Jésus n’auraient aucun sens sinon ! Dans les deux exemples qu’il nous donne pour nous faire comprendre ses paroles (la construction d’une tour et la victoire d’une bataille), Jésus nous montre bien que l’enjeu est la finalité de la marche.

 

Mais si nous ne croyons pas que nous arriverons à bâtir cette tour, si nous ne sommes pas certains de gagner la bataille alors que les chiffres semblent ne nous donner aucune chance, il nous le dit : ce n’est pas la peine de nous mettre en route ! Et si nous étions seuls, il y aurait en effet peu de chance que nous osions nous mettre en marche. Car l’argent, le courage, la force dont nous avons besoin, nous ne les tirons pas de nous même, mais de la foi que nous avons en lui. « Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? […] Et qui aurait connu ta volonté, si tu n'avais pas donné la Sagesse et envoyé d'en haut ton Esprit saint ? C'est ainsi que les chemins des habitants de la terre sont devenus droits ; c'est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, ont été sauvés. »

 

Et c’est dans cette foi que ce passage de l’évangile peut prendre sens ! L’essentiel, nous le recevons du Seigneur. Et cet essentiel c’est la liberté. Cette liberté éclairée, ce Salut, qui nous permet d’envisager tout ce que nous possédons, jusqu’à nos relations humaines, d’une toute autre manière, à la lumière du Christ ressuscité. N’est-ce pas le sens de cette magnifique demande de Paul :

« Fils bien-aimé, moi, Paul, qui suis un vieil homme, moi qui suis aujourd'hui en prison à cause du Christ Jésus, j'ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, dans ma prison, j'ai donné la vie du Christ. Je te le renvoie, lui qui est une part de moi-même. Je l'aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu'il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l'Évangile. Mais je n'ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins forcé. S'il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c'est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, bien mieux qu'un esclave, comme un frère bien-aimé : il l'est vraiment pour moi, il le sera plus encore pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur. Donc, si tu penses être en communion avec moi, accueille-le comme si c'était moi. »

 

Marcher à la suite de Jésus, c’est apprendre de lui à vivre, à posséder autrement. La question n’est pas de ne rien posséder mais de « renoncer » à posséder comme si nous étions les maîtres des choses et comme si ces possessions étaient la finalité de notre marche. Marcher à la suite de Jésus c’est demander avec le psalmiste :

« Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos coeurs pénètrent la sagesse.  Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? Ravise-toi par égard pour tes serviteurs. Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants.  Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains. »

 

Convertir notre regard à la lumière de la résurrection du Christ, à la lumière de la Croix, voilà ce que nous demande Jésus. Il ne nous demande ni d’être des miséreux sans bien, ni de nous fâcher avec les gens que nous aimons et particulièrement notre famille, ni de mépriser notre propre vie. Il nous demande de vivre pleinement, de vivre en marche, de vivre en construisant une tour de son Royaume, de vivre en étant victorieux de nos peurs et nos innombrables imperfections. Il nous demande d’être de ses disciples, c’est-à-dire de nous appuyer sur la certitude qu’il est Celui qui nous donne la force de le suivre et l’assurance du Salut.

 

Jésus marche toujours devant nous. Et heureusement, de temps en temps il se retourne pour nous interpeller et vérifier que nous n’avons pas repris une pause statique ! L’inverse du jeu de notre enfance « 1, 2, 3… soleil » en somme.

1, 2, 3… Salut !

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