Ah la Sainte-Famille ! Il est si rare que nous nous rappelions que Jésus est né dans une famille et pas simplement de la Vierge Marie. Joseph est là aussi, saint Joseph. Un père pour Jésus, un père qui, avec sa femme, l’inscrit dans une lignée, lui donne un nom, l’élève, l’aime et le fait grandir. On ne sait pas grand chose de la vie de cette famille et on peut donc l’imaginer à l’égal de toutes les vies de famille, avec ses joies et ses peines, ses difficultés, ses engueulades et ses réconciliations. Trop souvent, les représentations de la Sainte-Famille oublient Joseph ou le relèguent à l’arrière plan, dans l’ombre. J’avoue que je préfère celles où Joseph est bien présent, tenant l’enfant Jésus par la main ou travaillant le bois. Là je me dis que Jésus est vraiment né dans une famille.
Une famille qui n’est pas non plus un modèle facile à imiter. Si toutes les mères étaient vierges et tous les pères, adoptifs et justes, si tous les enfants étaient fils de Dieu… cela serait un vrai bazar ! Et pourtant parmi ces trois affirmations l’une est vrai et est au cœur de la fête de ce jour. Oui, tous les enfants sont fils de Dieu (tous les parents aussi évidemment) ! Et hop cela nous permet de changer l’angle de notre lunette et de regarder non plus la sainte petite famille de Jésus mais la sainte famille de Dieu rassemblée en Jésus-Christ et qui n’a qu’un Père.
Car c’est bien ce que nous rappelle le jeune Jésus au Temple : certes il a une famille sur terre avec un père (Joseph) et une mère (Marie) auxquels il est soumis nous dit l’Evangile, mais il a également un Père, Dieu son véritable Père. C’est également ce que nous dit Anne qui reçoit sont fils Samuel comme un don de Dieu et qui, dès qu’il est sevré, l’offre à son tour au Seigneur en action de grâce. Toute vie humaine nait de Dieu et au-delà de la famille dans laquelle elle prend racine, sa véritable destinée est de retourner à celui qui est véritablement son Père. Jésus est l’exemple parfait de cette grâce faite et de cette action de grâce rendue. C’est pourquoi la liturgie de la Sainte-Famille nous adresse cette parole de Jean : « Voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes. »
Et quand nous regardons de près les Evangiles, nos petites familles ne sont pas au cœur des enseignements de Jésus et elles n’ont rien de sacré. Ce qui compte vraiment c’est l’appel de Dieu à vivre dans cette Sainte Famille qu’est le peuple de Dieu rassemblé en Jésus-Christ pour demeurer dans l’amour du Père. L’Eglise n’a d’ailleurs pas hésité à nous donner des exemples de sainteté bien étranges au regard de nos sensibilités modernes, comme la bienheureuse Marie Guyart de l’Incarnation qui, veuve, a abandonné son enfant de douze ans pour vivre pleinement l’amour de Dieu !