Au cœur de l’évangile de l’aveugle né, Jean nous raconte un procès, nous renvoyant directement au cœur de l’évangile, le procès de Jésus, et au cœur de notre vie de foi, notre témoignage.
Nous pourrions être choqué de l’explication de Jésus quand ses disciples lui demandent pourquoi cet homme est aveugle de naissance. « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? » … « Ni lui, ni ses parents. Mais l'action de Dieu devait se manifester en lui. ». L’action de Dieu c’est celle que Jésus va accomplir. Mais Dieu peut-il vraiment avoir fait naître un homme aveugle simplement pour pouvoir manifester sa grandeur et même son amour ? L’aveugle-né ne serait-il qu’un pion duquel dieu se jouerait ? Et pourtant si un homme est bien né pour que le salut de Dieu se manifeste n’est-ce pas justement Jésus lui-même ? La réponse de l’aveugle-né devant ses juges : « Je vous l'ai déjà dit, et vous n'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m'entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? » préfigure la réponse de Jésus à son propre procès : « J'ai parlé au monde ouvertement. J'ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n'ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j'ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m'entendre. Eux savent ce que j'ai dit. »
Pour l’aveugle né, comme pour nous, l’action de Dieu reste finalement inconnue, pour les autres et pour nous-même, tant que nous n’acceptons pas d’y reconnaître Dieu lui-même et que nous n’en témoignons pas. Le procès de Jésus que relatent les évangiles se résume finalement à cette seule question : « Croyons-nous qu’il est le Fils de l’homme ? ». Tous les signes qu’il peut nous donner, jusqu’au signe définitif de sa victoire sur la Croix, ne servent à rien si nous nous projetons nous-mêmes dans les ténèbres en refusant de reconnaître qu’il est le Fils de Dieu. L’aveugle n’est pas un pion dont Dieu se sert, il est un homme aimé par Dieu qui découvre pleinement son amour dans une relation personnelle. Une relation qui dépasse l’action salvatrice pour aller jusqu’à la connaissance de celui qui l’a sauvé et au témoignage.
Puissions-nous laisser Jésus dialoguer avec nous pour qu’il nous amène à notre rythme à lui répondre nous aussi : « Je crois, Seigneur ! ». Nous serons alors témoins du Salut.