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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 12:08

 

Les toiles de Claude Legrand à la cathédrale d’Orléans.

Si vous avez encore le temps de programmer des visites culturelles durant l’été, je vous invite à faire un tour par la cathédrale d’Orléans avant la fin du mois d’août pour découvrir l’œuvre de Claude Legrand, artiste peintre de 46 ans, qui y présente un travail sur différents grand thèmes bibliques et religieux. Abstraction faite de son titre, œuvres sacrées, qui tout comme l’expression art sacré ne me parait pas juste (l’œuvre d’art est une production humaine pour les hommes, un dialogue qui n’a rien de sacré même si les thèmes sont religieux et même si l’artiste les crée dans une recherche spirituelle), cette exposition temporaire présente l’œuvre d’un artiste aux accents expressionnistes qui permet d’entrer pleinement dans le mystère de la réception par l’homme du Salut proposé par Dieu. Les expressions légèrement torturées de certains des personnages y brisent notre vision bien souvent trop « naturelle » des évangiles qui gomme allègrement les aspérités des natures humaines des disciples du Christ pour en faire des saints désincarnés, des héros de romans dénués de ce qui fait la beauté et l’intérêt des êtres humains : leurs failles, leurs questions, leurs souffrances, leurs joies…

L’exposition, projet de fin de deuxième cycle d’une étudiante de l’Institut d’Etudes Supérieures des Arts, Marie-Alix Cherchillez, a été produite par l’association Claude Legrand, présidée par Hadrien Lacoste, et la Commission d’art sacré du diocèse d’Orléans, présidée par l’abbé de Scitivaux.   

 

cene.jpg  La Cène, 2011


 Les vitraux d’Imi Knoebel à la cathédrale de Reims.

Inaugurés en juin 2011, cet ensemble de six vitraux n’a rien de temporaire et seul le désir de les voir nécessitera de vous presser. L’œuvre d’Imi Knoebel, artiste allemand né en 1940 et grande figure de l’abstraction depuis 50 ans, encadre les célèbres vitraux de Marc Chagall (1974) au fond de la cathédrale. Ils forment un écrin de lumière puissant, peut-être trop puissant car les vitraux de Chagall semblent d’autant plus mats à leurs côtés, composé d’une construction abstraite de bleu, de jaune, de rouge et de blanc répondant de manière contemporaine au vocabulaire et à la grammaire des vitraux anciens de la cathédrale. Cette œuvre lumineuse et joyeuse d’un artiste allemand dans la cathédrale martyre de Reims est également pleine de sens et fait écho à la réconciliation franco-allemande scellée en juillet 1962 dans le même lieu par le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer.

Cette œuvre est le fruit d’une commande publique initiée en 2000 par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne. Sa réalisation a été confiée aux ateliers de maîtres verriers Duchemin à Paris et Simon Marq à Reims.

 

VITRAIL0611-510_cr200.jpg

 

Mais, pour ces deux productions culturelles, se pose non la question de la réception des publics (même si pour les vitraux d’Imi Knoebel, l’absence totale d’information ne doit pas aider les publics à l’apprécier… il n’y a même pas un cartel avec le nom de l’artiste !) mais bien celle de l’appropriation des communautés chrétiennes qui vivent dans ses lieux. A Orléans, le prêtre qui avait pourtant donné son accord pour cette exposition n’a pas hésité à faire un prêche contre celle-ci durant une messe se faisant applaudir par ses paroissiens (on rêverait que ces paroissiens l’applaudissent pour la qualité de ses commentaires de la  Parole). A Reims, un ami plus curieux que moi ou moins fataliste devant l’absence de documents mis à la disposition du public s’est entendu répondre quand il a demandé des informations aux personnes de l’accueil de la cathédrale : « Ah, si ces vitraux vous intéressent, emportez-les ! ». Sans rêver que toutes et tous ressentent le même intérêt que moi pour les œuvres exposées (heureusement que nous sommes différents et que nous n’éprouvons pas tous les mêmes émotions devant les mêmes œuvres !), il me paraît totalement ahurissant que des chrétiens qui représentent leur communauté face au public qui vient voir ces œuvres, parfois de loin, aient de telles réactions. Ce n’est pas à eux que je jette la pierre mais bien aux responsables de ces projets et particulièrement aux responsables ecclésiaux de ces projets qui prennent ces bâtiments pour des lieux d’expositions oubliant qu’ils sont avant tout le lieu de vie d’une communauté chrétienne. Concernant le prêtre de la cathédrale d’Orléans sa réaction, alors qu’il avait donné son accord pour l’exposition, est totalement sidérante de mauvaise foi et de bêtise pastorale.

L’art contemporain est depuis toujours le bienvenue dans les églises et dans les cathédrales même si la fin du XIXe siècle nous a légué une conception mortifère de la conservation d’un patrimoine qui ne devrait plus subir aucune altération. Des chrétiens sont parfois aujourd’hui réticents face à certaines productions culturelles, parfois pour de bonnes raisons, mais peut-être également de temps en temps parce qu’ils rêvent de conserver une Eglise de toujours rêvée et dont ils oublient, tout comme pour les personnages de l’Evangile, qu’elle n’a cessée, elle-aussi, d’être humaine, vivante et changeante, dans ses formes comme dans ses productions. Il me paraît donc urgent de mettre en place dans le cadre des actions d’exposition ou de commandes d’œuvres d’art dans les églises un volet obligatoire destiné aux communautés qui y vivent afin qu’elles se les approprient et puissent en être témoin. Ceci n’annihilant aucunement le goût de chaque membre de la communauté, appelé à exercer dans ce domaine comme dans les autres sa capacité et sa liberté de jugement.

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commentaires

M
Bonjour, Merci d'évoquer la "problématique" de la réception de l'art du temps présent dans un bâti pluri séculaire. "Cathédrales pierres vivantes" selon la belle et justifiée formule de Cluny. Reste qu'une certaine réticence devant des créations contemporaines n'est pas toujours fondée sur un passéisme figé et sur l'inculture artistique alors induite. L'artiste contemporain peut, parfois, par sa conception fondamentale de la "démarche" créatrice s'exonérer du lieu concerné par la commande. Se servir du monument et non le servir. Sans entrer dans le débat stérile de l'esthétique pure on peut s'étonner que l'abstraction absolue s'inscrive dans des chapelles rayonnantes dédiées et destinées à recevoir un décor tout autant narratif qu'illustratif. Chagall l'a bien compris qui n'oublie pas, surtout pas, que la religion chrétienne s'incarne. A cet égard je crois que les nouveaux vitraux sis dans le clair étage (bras nord du transept) de Saint Gatien de Tours font sens .
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F
<br /> <br /> Avec le Recteur Claude GIRAULT, bien connu des orléanais pour ses multiples frasqes a répétition, nous nageons depuis plus de  10 ans dans  l'obscurantisme du XIX ème<br /> siècle.<br /> <br /> <br /> Et pourtant, Dieu saît si je suis attachée à la liturgie tridentine, mais il est essentiel de ne pas être fermé aux productions artistiques de notre temps !<br /> <br /> <br /> Merci pour cet article plein de bon sens qui met le doigt sur les bien tristes et pauvres réalités pastorales orléanaises ... <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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