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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 15:25

Chers manifestants,

 

Dimanche, vous avez défilé contre la théorie du genre, contre la PMA, contre la GPA et vous l’avez crié bien fort : « Vous ne lâcherez rien, jamais, jamais, jamais ! »

 

Mais que tenez-vous dans vos mains jointes, contractées de peurs et de revendications ? Dans ces mains jointes qui forment un rempart contre ce changement total de civilisation qui viendrait selon vous balayer ce qui fait l’essence même de ce que nous sommes.

 

La famille, me répondrez-vous. Quelle famille ? Votre famille ressemble à s’y méprendre à une idole à laquelle vous avez donnée une figure de repli bien éloignée de la logique du bien commun que développait il y a des siècles Saint Thomas. Votre famille devient une communauté à part déliée du monde dans lequel elle est pourtant forcée de vivre, où l’unique centre d’intérêt est la procréation et où les enfants, pour reprendre vos slogans appartiennent aux parents (« Nos enfants nous appartiennent »). Mais si la famille est en effet le lieu de l’entraide le plus favorable, elle ne peut en aucun cas être une communauté fermée pouvant répondre à elle seule aux aspirations de développement de ses membres.

 

Vous n’aimez pas la théorie du genre, pour beaucoup vous n’avez même pas pris la peine de lire une ligne sur le sujet à part les inepties et les contre vérités que ceux qui vous manipulent pour des raisons bien éloignées de celles que vous croyez défendre vous transmettent dans leur propagande. Avec les imbéciles vous apposer le mot nature à tous ce qui est pour vous un petit enclos de protection – l’homme, la femme, la famille, la civilisation – dressant autour de vous (grand bien vous fasse) mais également des autres les herses de la captivité. Vous transformez la création divine en idoles, méprisant les efforts de Celui qui est venu pour vous libérer au prix de sa vie. Vous imposez au monde les vues étriquées qui soulagent votre peur absolue d’être libres.

 

Si la famille ne permet pas l’épanouissement de tous, et surtout de ceux qui souffrent du joug de la différence que vous leur faites porter, elle n’a aucun intérêt. Si la famille n’est que la structure sociale permettant la procréation dite naturelle elle n’a aucun sens et les animaux s’en passent très bien. Les évangiles ne disent que peu de choses sur la famille, et rarement des choses positives. Elle est souvent le frein à la liberté de l’homme et à l’appel de Dieu. Comme quoi, déjà à l’époque la famille servait d’idole aux esprits chagrins qui préféraient que rien ne change ! Allez enterrez vos morts avec vos morts et laissez les vivants vivre dans la liberté que Dieu nous donne.

 

Chers manifestants vous ne manifestez pas pour tous, vous ne manifestez que pour vous-mêmes. C’est votre droit le plus strict mais ce que vous ne lâcherez pas, je vous le dis avec beaucoup d’affection et de fraternité, vous pouvez le garder car Dieu lui-même l’a détruit : la peur. Votre slogan résonne à mes oreilles comme le cri de l’orgueil de ceux qui n’accueillent plus ni Dieu ni leur prochain… et je vous le dis avec beaucoup d’humilité et de tristesse : qu’il est difficile de vous aimer comme des sœurs et des frères quand votre haine tranquille et bonne enfant défile sous mes yeux.

 

« Unique Amour, fais-nous ta proie,
Plie notre orgueil, panse nos plaies ;
De ta vigueur viens nous brûler,
Souffle de Dieu, Flamme de joie ! 

 

Esprit de Dieu, très pur Amour,
Descends dans notre nuit obscure ;
La chair nous tient, le temps nous dure,
Esprit du ciel, très pur Amour !»

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 01:10

 

heldercamara.jpg

 

A l’initiative de Philippe Giron, Laurent Grzybowski, René Poujol, Jean-Pierre Rosa, Etienne Séguier et quelques autres, un groupe Facebook s’est créé pour demander la béatification de Dom Helder Camara à l’horizon des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse qui auront lieu au Brésil. Plus de huit cents personnes en sont déjà membres. Faire redécouvrir cette grande figure qui a marqué les travaux du Concile et la deuxième moitié du XXe siècle est une merveilleuse idée et j’engage tous ceux qui ont un profil Facebook à le rejoindre.

 

« Quand je nourris les pauvres, on dit que je suis un saint. Mais quand je demande pourquoi les pauvres n'ont pas de nourriture, on me traite de communiste".

 

Si Helder Camara est connu par son option préférentielle pour les plus pauvres, il est également reconnu pour la dynamique qu’il a su mettre en place et dont les œuvres continuent de nourrir aujourd’hui de nombreuses communautés chrétiennes. Si son option n’a pas été qu’un discours mais est devenu un mouvement partagé et vivant c’est certainement parce qu’il a su témoigner d’une véritable relation avec le Christ et conduire ceux qui l’entouraient à vivre également dans et de ce compagnonnage.

 

Le proposer aujourd’hui, et particulièrement aux plus jeunes, comme une figure de sainteté c’est affirmer que l’appel du Christ peut donner suffisamment de force à des hommes et des femmes fragiles pour faire bouger ce que nous avons tendance à considérer comme des fatalités. C’est affirmer que l’Evangile change le visage du monde à condition que nous portions sur lui le regard et le projet de Dieu. C’est affirmer qu’à la suite d’Abraham, nous sommes tous appelés à partir pour nous mettre en vacances de nous-mêmes et en chemin avec le Christ. Et que ce chemin sur lequel il nous appelle n’est pas un chemin de malheur mais un chemin d’amour si nous le choisissons. « Chaque matin, je choisis d’aimer » se répétait Dom Helder Camara.

 

Donner comme modèle à une génération préoccupée par la justice et la lutte contre les inégalités la belle figure de Dom Helder Camara c’est affirmer que le christianisme est toujours aujourd’hui une voie de fraternité, un idéal qui se vit concrètement et dans la joie au milieu du monde.

 

 

LES VACANCES : PARTIR.

Partir, c’est avant tout sortir de soi.
Prendre le monde comme centre, au lieu de son propre moi.
Briser la croûte d’égoïsme qui enferme chacun comme dans une prison.

Partir, ce n’est pas braquer une loupe sur mon petit monde.
Partir, c’est cesser de tourner autour de soi-même
Comme si on était le centre du monde et de la vie.

Partir, ce n’est pas dévorer des kilomètres
Et atteindre des vitesses supersoniques.
C’est avant tout regarder, s’ouvrir aux autres, aller à leur rencontre.

C’est trouver quelqu’un qui marche avec moi,
Sur la même route, non pas pour me suivre comme mon ombre,
Mais pour voir d’autres choses que moi, et me les faire voir.

 

Dom Helder Camara 

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 19:17

 

Le 1er février 2010 au bout d’un clic de souris d’un élève de Saint Erembert,… Dakar ! Le TD simultané entre une classe de Saint Erembert et une autre du lycée Saint Monfort de Dakar pouvait commencer. Quelques semaines plus tard, pour tester la pédagogie d’enseignement de l’anglais par un partenaire étatsunien potentiel, au bout d’un autre clic de souris… la côte est des Etats-Unis…

A l’heure d’Internet, de Skype et autres Messenger, ces initiatives peuvent paraître banales. Il semble d’ailleurs que ce soit le cas pour les élèves. Le fait que l’interlocuteur se trouve à des milliers de kilomètres n’étonne plus ; qu’il s’inscrit dans une autre réalité culturelle, une autre religion, une autre représentation du monde n’est pas pris en compte. Seul indice d’une différence : l’âge a été l’objet d’un étonnement. L’interlocuteur de l’élève de St Érembert lui-même âgé de 16 ans, en a 23…

Et pourtant, envisagées sous l’angle de la tension entre le local et le global, ces initiatives introduisent dans la salle de classe un défi éducatif majeur pour la société d’aujourd’hui et de demain, pour le monde économique chaque jour plus interdépendant : le défi de l’éducation à la rencontre interculturelle dans des sociétés devenues multiculturelles.

Au slogan du « village planétaire », aux revendications d’être « citoyens du monde » a succédé l’humble expérience des remises en question produites par la compression du temps et de l’espace qui caractérise le vivre ensemble aujourd’hui. Car derrière l’universalité du moule technologique et de la consommation de masse, émergent de nouvelles lignes de tensions entre les êtres humains, indices de crispations culturelles, religieuses, confessionnelles, nationalistes, autrement dit identitaires. Ces crispations sont le signe des bouleversements en cours devant lesquels nous ne savons pas encore véritablement nous situer, ni nous projeter dans un espace et un avenir communs. Dans ces conditions où les termes de l’équation du vivre ensemble sont en cours de réélaboration, comment éduquer des êtres libres et responsables ?

A différentes époques de la tradition éducative de l’Oratoire, des oratoriens, comme d’autres, ont relevé les défis de leur époque pour tenir ensemble intelligence du monde et intelligence de la foi. Non pas l’une contre l’autre en cédant à la tentation d’une démarche identitaire confinée dans la sécurité illusoire d’un ghetto. Non pas l’un dans l’autre en cédant à l’illusion de croire l’homme indépendant des médiations du langage, de la culture, des rites à travers lesquels il s’exprime et entre en relation. Mais l’un avec l’autre : C’est le père Lamy qui enseigne Descartes au moment où certaines lectures du concile de Trente  (1545-1563) voudraient se contenter d’une réaffirmation du dogme. C’est le père Gratry au XIX°s qui met en place des ateliers d’apologétique pour explorer une approche rationnelle de la connaissance de Dieu. C’est le père Laberthonière qui défend une liberté de l’homme menacée par le positivisme scientifique et l’illusion d’un enseignement neutre. C’est, plus près de nous, le père Dabosville qui invite « l’autorité dans l’Église à retrouver le sens de la liberté. Il nous faut renoncer à ce qui n’est même plus une orthodoxie, mais à ce qui est devenue une orthologie soupçonneuse : dire ce qu’il faut dire, ne pas se risquer à penser, c’est une règle trop commune. »

À l’heure de la compression de l’espace, prendre en charge les questions posées par le clic d’une souris qui établit une connexion avec Dakar, est une nécessité pour une école qui s’inscrit dans la tradition oratorienne d’éducation à une liberté responsable. Comment les élèves sont-ils invités à prendre la mesure des spécificités culturelles de leurs interlocuteurs, à commencer par la diversité des parcours des personnes qu’ils côtoient dans l’établissement ? Comment sont-ils invités à relever le défi de la rencontre entre les croyants dans des sociétés devenues multireligieuses, mais aussi de la rencontre des croyants avec des personnes athées ou indifférentes dans des sociétés devenues pluralistes ? Autant de paramètres qui multiplient les possibilités de mettre en équation la tension entre le local et le global, tant les équations elles-mêmes varient selon que l’on se trouve à St Germain, à Los Angeles, à Singapour ou à Dakar. Comment sont-ils préparés à travailler avec des collaborateurs étrangers dans des sociétés multiculturelles ou dans des entreprises multinationales ? Ce défi éducatif n’est-il pas relevé dans la salle de classe à chaque fois qu’un enseignant accompagne un jeune qui élabore son identité dans et par le dialogue et le questionnement, davantage que lorsqu’il privilégie une pédagogie « compréhensive » qui coulerait une identité ou un savoir dans le marbre, avant de se risquer au questionnement, au dialogue et à la rencontre ?

Car finalement, le défi éducatif n’est-il pas précisément là : chercher comment mettre en œuvre une pédagogie cohérente avec la société et l’époque qui émergent sous nos yeux pour que les jeunes confiés à l’école Saint Érembert grandissent en liberté responsable ? Une tâche réflexive jamais achevée. Il en va d’ailleurs de la catholicité de l’éducation mise en œuvre dans cette école, à condition de ne pas réduire l’adjectif « catholique » au sens confessionnel d’un label ecclésial parfois véhiculé depuis le XVI° siècle, mais de retrouver le sens étymologique qui était le sien au temps des pères de l’Église. Ils rendaient raison de la pleine vérité du Christ en tant qu’elle s’accomplit en toute personne au plan universel, mais à travers la diversité indépassable des traditions locales.

L’Évangile nous indique qu’il en va et de la grandeur de Dieu et de la grandeur de l’homme, l’un et l’autre étant, selon la manière dont l’équation du vivre ensemble est élaborée, tout à la fois menacés par les réponses crispées apportées aux bouleversements en cours et dépositaires d’une promesse de paix.

 

François Picart, prêtre de l’Oratoire

Coordinateur de la pastorale de Saint-Erembert


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