Robert Scholtus, après dix années passées à Paris, rentre dans la ville de Metz qui l’a façonné. Des dîners de la capitale, il semble avoir gardé cette maladie à la mode au nom anglo-saxon, le name-dropping, qui consiste à placer un maximum de noms connus dans une conversation. Est-ce comme la pratique des citations, qu’il affectionne, un palliatif à la timidité ? Bien évidemment, l’exercice littéraire et la finesse de l’auteur transforment la litanie des people à la mode en celles d’écrivains, peintres, et personnages historiques, pour certains méconnus, au commerce plus agréable. Les souvenirs et la vie intérieure de celui qui est tout à la fois le héros et l’auteur de Promesse d’une ville sont façonnés par les références culturelles. Véritable musée vivant, elles l’aident à marcher sur la passerelle, ce présent narré, qui, dans les premières pages de l’ouvrage, le mène de la gare au nouveau Centre Pompidou-Metz.
L’auteur tutoie le héros dans une intime distanciation. Il entraine le lecteur dans sa vision intérieure, le rendant présent dans ses analyses, le faisant marcher comme un ami entendant remonter dans le silence de celui qu’il accompagne les souvenirs qui l’ont nourri dont certains semblent parvenir aujourd’hui seulement au stade du conscient. Promesse d’une ville, finesse d’une vie.
La passerelle que nous empruntons au travers de ces pages a des airs de passage inter-sidéral permettant des ouvertures éclaires entre des espaces mémoriaux bien différents où s’entremêlent architectures, histoire, écrivains et peintres, souvenirs d’enfance et, de temps en temps, mais finalement souvent, tels les blancs de Rubens qui venaient parachever et révéler ses œuvres, une pensée de l’auteur où une confession intime.
L’histoire, l’architecture, l’urbanisme et les personnages célèbres de Metz s’égrènent au fil des pages tandis que prend chair l’auteur-héros. Paris et les dix années de concubinages qu’il a vécu avec la capitale viennent s’immiscer dans la relation qu’il renoue avec la Pucelle abandonnée. Il l’appréhende avec le double regard de l’enfant et de l’homme expérimenté. Un double regard qui peut peut-être expliquer la finale paradoxale de l’ouvrage où un événement aux résonnances intimes vient finalement anéantir la précieuse construction de l’ouvrage, replongeant la promesse d’une ville dans une froide distance.
Promesse d’une ville
Robert Scholtus
Arléa. 2011. 15 euros.
Date de parution : 2 février 2012