Quand les emballements et les passions surgissent, il est bon de se retourner vers la Croix et de contempler.
Sur la Croix, je vois les enfants victimes de ces crimes. Dans le Christ souffrant, ce sont eux qui apparaissent. Comment ne pas entendre cette parole de Jésus : « Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait ».
Certains semblent y voir l’Eglise martyrisée par les médias. Je vois l’Eglise, certes, mais l’Eglise corps du Christ, une Eglise souffrant du mal qui a été fait à des enfants, à des enfants de Dieu, une Eglise défigurée par les crimes qui ont été commis par certains de ses membres.
C’est cela que je vois sur la Croix. Le reste, pardonnez-moi, n’a que peu d’importance.
Avec le Pape, avec toute l’Eglise, devant la Croix, je demande pardon pour ce mal et je demande pardon pour le silence qui trop longtemps, au sein de l’Eglise, a prévalu. Un silence qui a maintenu les victimes dans un enfermement mortifère. Je demande pardon comme membre de cette Eglise qui souffre. Je demande pardon aux victimes et à Dieu. Et je demande pardon à tous les hommes et toutes les femmes car, par ce témoignage affreux, je sais que l’Eglise les a éloigné de Dieu et a brouillé le message d’amour et de vie qu’Il leur adresse.
Je demande pardon. Je prie pour que les victimes, Dieu et l’ensemble des hommes et des femmes veuillent bien nous pardonner. Je prie surtout pour que les victimes et l’ensemble des hommes et des femmes acceptent que Dieu ne soit pour rien dans cette histoire car je crois que seul l’amour de Dieu leur permettra de pardonner et de vivre pleinement.
Evidemment, comme beaucoup, je suis blessé par certains propos, lus ou entendus, dans les médias ou dans des conversations. Mais je sais que ce n’est pas parce qu’on a demandé pardon que la colère s’estompe et que les souffrances disparaissent. Il faut du temps et l’emballement des médias et de l’opinion publique est le signe de cette colère et de cette souffrance. Une colère et une souffrance d’autant plus grande et justifiée que les actes visés ont été commis par les membres d’une communauté qui est sensée annoncer l’amour et la miséricorde de Dieu.
Face à ce drame, l’Eglise ne peut pas se draper dans une dignité offensée. Car si ils sont heureux ceux qui sont persécutés à cause du Seigneur, là le Seigneur n’a nullement sa place.
Alors, je ne suis pas plus naïf que d’autres, et je vois bien que certains, je n’ai pas l’impression qu’ils soient légions dans les média, en profitent pour accuser l’Eglise de tous les maux. Mais je refuse de me laisser entraîner dans des polémiques qui finalement n’ont comme seul effet d’oublier les vraies victimes de ce drame. Face à la calomnie, le Christ n’a toujours répondu que par l’amour et le dialogue et quand celui-ci était impossible, passant au milieu des hommes, il allait son chemin.
Restons plutôt en silence à contempler la Croix et témoignons de l’amour de Dieu. C’est de cela que le monde à besoin : de compassion et de vie.