Une bonne âme a attiré mon attention sur cet événement qui se déroulera les 12, 13 et 14 février à Saint Etienne, c’est-à-dire à la veille de l’entrée en Carême.
Le jeûne, comme les privations en général, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Je suis donc allé sur le site de cette manifestation en m’attendant au pire : pieuses pensées sur la privation et bonne spiritualité de l’expiation par la souffrance qui je l’avoue ne m’est pas très familière. Finalement j’ai été presque déçu ! Loin de ces considérations, les assises chrétiennes du jeûne présentent cette pratique, multiséculaire, sous un angle très « mode », les bienfaits d’une cure detox sans thé vert mais avec des bouillons de légumes, du miel et des jus de fruits. Le jeûne rajeunit, fait du bien à l’organisme et au psychisme ainsi quand même qu’à notre élévation spirituelle.
Trèves de plaisanteries, après lecture des différentes pages, la spiritualité qui s’en dégage est plutôt celle d’une libération que d’une expiation, celle du bien être que de la souffrance, celle d’une régénération plus que d’une privation. Et le sens du jeûne, comme de la pauvreté chrétienne, est bien là. Ce n’est pas l’absence de biens qui est recherché, tout au contraire, c’est l’acquisition du Bien, de cette manne abondante qui seule nous nourrit en suffisance, de Dieu lui-même. L’idée n’est pas de nous priver de nourriture, de télévision, de cigarettes ou de je ne sais quelles autres possessions, mais bien de nous mettre en condition d’accueillir avec joie le don infini de Dieu. Et parfois, il faut bien l’admettre, nos goûts terrestres pour un certain nombre de babioles de pacotilles ou plus encore pour nous-mêmes, nous empêchent non seulement d’être accueillant à ce don mais d’être accueillant à nous-même et à nos frères et sœurs.
Finalement, le jeûne est comme cette « nudité intérieur » dont parle si bien Pierre de Bérulle. Une nudité qui nous permet d’accueillir Celui qui nous fait pleinement homme et femme, à l’image du Christ.
« Comme par abaissement nous adorons la grandeur de Dieu, par dénuement et dépouillement ou appauvrissement de notre être, nous adorons les richesses infinies en l’infinie plénitude et abondance de son être qui seul suffit et à soi et à toutes choses, et ce très abondamment.
Il faut aussi adorer la nudité de Jésus dénué de toutes choses divines pour adorer le Père éternel par une sorte de nudité qui n’est propre qu’à lui et à son état déifié.
L’esprit de cette nudité tend à nous dénuer si profondément de nous-mêmes et si intimement que notre être ne soit plus qu’une pure capacité de l’être divin. »