Ah j’aurais bien voulu nous rassurer, et dire, ne craignez rien il n’y a pas de diable, ce sont des histoires pour les petits enfants, comme le loup et le croquemitaine. Mais hélas, bien qu’il n’ait ni sabot fourchu, ni pique à barbecue pour mieux faire rôtir les damnés, il faut bien constater qu’à chaque instant, le « dia-bolos » (diviseur) travaille, nous travaille. Il est le soupçon qui s’insinue, la jalousie qui nous dévore, l’amertume qui nous ronge. C’est le désaccord alors que nous rêvons d’harmonie, c’est l’esprit de domination qui subvertit le sens du service, le venin de l’envie qui empoisonne la fraternité, le soupçon qui altère la confiance.
En un mot, c’est le grand diviseur commun, à cause de quoi nous ne sommes pas un seul cœur et une seule âme, ni en nous-même ni entre nous.
Ne me demandez pas qui il est, d’où il vient. Je n’en sais rien, je sais qu’il est querelle, ressentiment, insinuation, calomnie. Et il est malin ! Il dissimule l’orgueil sous l’honneur, la vengeance sous la justice, l’avarice sous la simplicité, la haine sous la pureté.
Vous direz, mais tout cela, c’est le péché, tout simplement, pourquoi faudrait-il qu’il y ait un diable en plus ? Je ne sais pas. Mais je constate que dans l’histoire humaine, à l’échelle des familles comme des sociétés, il y a parfois une conjonction de haine, de violence, un déferlement, qui semble avoir un mouvement propre, une autonomie. Il y a comme une amplification des effets et des conséquences du péché qui laisse penser que le résultat global est bien supérieur à la somme des péchés individuels. C’est un peu comme dans les incendies, pour que le feu soit dangereux, dévastateur, il faut qu’il rencontre un accélérant. Ce n’est peut-être pas un hasard si la représentation populaire montre le diable en maître d’un feu qu’il alimente et attise et qui ne s’éteint pas.
Soit, mais qu’y a-t-il entre Dieu et le diable ? Là encore, je n’en sais rien. Je ne suis pas doué en théologie fiction, et la révélation que Dieu fait de lui-même n’inclut pas un long exposé sur le diable. Dans les évangiles, le diable est le tentateur du Christ au désert, on voit bien comment il tente d’installer la division entre Jésus et Dieu. Sous la croix, l’assaut final a pris les traits des moqueurs : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même ». C’est la dernière tentation du Christ. La réponse de Jésus est la confiance en Dieu. La réponse, il l’a donnée par avance dans la nuit de Gethsémani : « Père, non pas ma volonté, mais ta volonté ». Il la confirme sur la croix : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ».
Alors, ce que je sais, c’est que face au diable, il n’y a que Jésus, le Christ de Dieu, le Verbe de Dieu, qui tienne. Ma force, notre force, c’est la sienne. Et quoique le diable essaie de nous murmurer encore, sa victoire sur le mal et le péché est acquise et définitive, le reste est illusion.
Pour lire ce que dit l’Église, je vous laisse aller lire les paragraphes 391 à 395 du catéchisme de l’Église catholique…
Quant à moi, je préfère vous suggérer de lire la tirade de Méphitophélès dans le Faust de Gounod (Acte II scène 3)
Vous pouvez aussi l’écouter en suivant le lien suivant http://www.youtube.com/watch?v=Lm3yUB4NR9o&feature=related
J’ai choisi la très belle version de René Pape.
Le veau d’or est toujours debout ;
on encense sa puissance
d’un bout du monde à l’autre bout !
Pour fêter l’infâme idole,
rois et peuples confondus,
au bruit sombre des écus,
dansent une ronde folle
autour de son piédestal !
Et Satan conduit le bal