Et si Jésus m’apparaissait aujourd’hui et me posait cette question « Et pour toi qui suis-je ?», quelle réponse lui ferais-je ?
A vrai dire je ne sais pas trop. Peut-être bredouillerais-je un « Tu es Jésus le Christ, Fils de Dieu » comme nous le récitons dans le Credo. Et finalement je ne serais pas loin de la réponse de Pierre : « Tu es le Messie ». Mais je sais bien que cette réponse n’aurait pas le poids de celle de Pierre. Elle aurait plutôt la légèreté d’une question réponse de catéchisme appris par cœur. Car finalement en répondant cela je ne répondrais pas à la question de Jésus : « Pour toi qui suis-je ? » mais à la question « Pour un Chrétien qui est Jésus ? ». Et cette question là, je crois que Jésus n’en a rien à faire.
Car pour répondre à cette question, il y a un présupposé de taille… c’est d’avoir une relation avec Jésus, d’avoir appris à le connaître, d’avoir décidé de le suivre et surtout d’avoir accepté de découvrir à sa suite que je suis en manque de lui, en manque de la vraie vie. Et cela, je le confesse humblement, ce n’est pas gagné.
Bien sûr, je me dis chrétien. Bien sûr, je peux dire que Jésus vient accomplir la promesse, qu’avec lui le Royaume est déjà là comme il l’annonce à Jean-Baptiste. Mais si au fond de mon cœur et dans ma vie, ce désir du Royaume ne crée pas un manque, dire que Jésus est le Messie n’a aucun sens. J’aimerais être assoiffé de justice, assoiffé de bonheur, assoiffé de Dieu car là je pourrais accueillir la question de Jésus et lui répondre « tu es les torrents d’eaux vives qui me désaltèrent et qui désaltèrent mes frères et mes sœurs », ce qui serait une autre manière de dire tu es le Christ ou le Messie. Mais je bois à tant de petites sources, y compris la sienne, que je ne sens pas toujours la soif et qu’il m’est parfois bien difficile d’accueillir sa parole : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. ».
Finalement, si Jésus m’apparaissait aujourd’hui et me posait cette question, je crois que j’emprunterais une autre réponse à Pierre, un peu « à côté de la plaque » mais qui serait peut-être beaucoup plus juste : « Seigneur, tu sais bien que je t’aime ».