Vous connaissez tous les machines à voyager dans le temps, ces vaisseaux imaginaires qui permettent de « réparer » des événements, dans le passé ou le futur, afin de modifier le présent, et bien, l’Immaculée conception fonctionne un peu comme ça, par une sorte de paradoxe temporel. Ne vous récriez pas, que je sache, Dieu est maître du temps, et d’ailleurs, vue de l’éternité, notre temporalité n’est certainement pas ce que l’on croit.
Alors, que se passe-t-il dans l’affaire de l’Immaculée conception ? Eh bien, la victoire de Jésus sur la mort, le mal et le péché, bénéficie à Marie par anticipation. En conséquence, la jeune fille de Nazareth peut recevoir l’annonce de l’ange avec un cœur pur, non contaminé par le péché. Ce que l’on nomme (fort improprement, et je vais m’en expliquer) Immaculée conception, est la garantie de la liberté réelle de Marie. Son « Fiat » est la réponse confiante, joyeuse et surtout, libre qu’elle donne à l’invitation de Dieu.
Alors pourquoi ce drôle de nom d’Immaculée conception – conçue sans péché ? Nous la devons à saint Augustin, qui observant que le péché était la chose la mieux partagée au monde conclut à sa contagion et supposa que sa propagation était enclenchée dès la conception. On en tira d’ailleurs de désastreuses conclusions sur le caractère peccamineux de l’acte sexuel…
Si nos esprits modernes, répugnent à juste titre devant cette hypothèse. Il reste que le caractère contagieux du péché, lui, n’est pas douteux. Et hélas, nous y sommes exposés dès le premier souffle de notre existence. Le petit enfant, naît hurlant, impératif, tout-puissant, jaloux. Vous direz : « ce n’est pas sa faute, c’est la condition de sa survie ». C’est bien l’idée que les théologiens ont du péché « originel » : ce n’est pas notre « faute », mais nous y sommes exposés et soumis.
Fatalité donc ! Pas du tout, l’affaire de l’Immaculée conception est là pour nous le prouver : ce qui se passe pour Marie « par avance » est ce qui nous est acquis par le Christ. Dès maintenant et plus encore, dans l’espérance, nous ne sommes plus esclaves du péché, soumis à son pouvoir. Nous ne sommes plus des êtres pour la mort mais promis à la vie.
Finalement, ce qui est en jeu dans l’Immaculée conception, ce ne sont pas les mérites propres de la vierge de Nazareth mais le caractère débordant de la Grâce, qui déborde l’espace et le temps. En Jésus, Dieu sauve, et ce Salut déferle sur tout être, sur toute vie, source vive, inépuisable. À nous de nous laisser happer afin que nous puissions nous aussi demeurer dans le « Fiat » qu’inaugure la jeune Marie.
CEC 490 et 491
490 Pour être la Mère du Sauveur, Marie " fut pourvue par Dieu de dons à la mesure d’une si grande tâche " (LG 56). L’ange Gabriel, au moment de l’Annonciation la salue comme " pleine de grâce " (Lc 1, 28). En effet, pour pouvoir donner l’assentiment libre de sa foi à l’annonce de sa vocation, il fallait qu’elle soit toute portée par la grâce de Dieu.
491 Au long des siècles l’Église a pris conscience que Marie, " comblée de grâce " par Dieu (Lc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception. C’est ce que confesse le dogme de l’Immaculée Conception, proclamé en 1854 par le pape Pie IX : La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel (DS 2803)