À partir de ce simple mot, on pourrait réécrire toute la théologie chrétienne. On est là au centre de la foi, dans le cœur du réacteur. On pourrait d’ailleurs filer la métaphore et dire qu’en effet de Pâques émane une énergie inépuisable qui transfigure tout ce qu’elle touche. Mais que dire de Pâques en quelques mots ? Prenons les choses par leur petit angle. Pourquoi le mot passe-t-il du pluriel au singulier quand la fête juive de Pessah devient les Pâques chrétiennes ? Les linguistes pensent que la fête juive est la mémoire d’un fait, la libération de Hébreux de l’esclavage d’Égypte et leur passage à la liberté, tandis que les Pâques chrétiennes font mémoire du dernier repas de Jésus partagé avec ses disciples, de sa Passion, de sa mort, de sa résurrection, de son entrée dans la vie définitive, et de la promesse de notre propre salut…
Je ne suis pas certain que la démonstration soit bien convaincante. Dans les deux cas, il y a une richesse et une pluralité des significations. Pourtant, entre les deux épisodes, celui où les Hébreux réussissent à échapper à la servitude d’Égypte et traversent le mer à pieds secs devant les armées de Pharaon et l’épisode la Passion du Christ, il y a une immense différence. Dans le premier cas, pour sauver ce peuple que Dieu, selon les Écritures nomme « Israël, mon fils premier-né », le bras du Seigneur s’abat sur Pharaon et ses armées : tout va bien qui finit bien, les méchants sont punis.
Dans la Passion du Christ, c’est tout l’inverse, l’innocent, le Fils Unique, est condamné, et les « méchants », au lieu d’être punis sont pardonnés et sauvés.
Dieu n’a pas balayé l’humanité qui ne l’a pas reconnu, ni les responsables religieux obtus, tatillons et jaloux, ni la foule versatile et irresponsable, ni les amis couards, renégats, traitres, ni la soldatesque cruelle, ni Pilate, le païen ignoble et injuste qui condamne l’innocent en toute connaissance de cause.
Dans cette affaire, nul n’est condamné, tous sont coupables et tous pardonnés, tous sont innocentés. Depuis Pâques, ce que nous avons à reconnaître devant Dieu n’est pas d’être coupables mais d’être innocentés. Ce qui resplendit à Pâques et irradie le monde, c’est la miséricorde de Dieu, son amour absolu, inconditionnel.
Accepterons-nous de croire cela, pour nous-même pour nos frères et nos sœurs humains ? Tel est le véritable enjeu de notre foi.
CEC §655 : Enfin, la Résurrection du Christ – et le Christ ressuscité lui-même – est principe et source de notre résurrection future : " Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis (...), de même que tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ " (1 Co 15, 20-22). Dans l’attente de cet accomplissement, le Christ ressuscité vit dans le cœur de ses fidèles. En Lui les chrétiens " goûtent aux forces du monde à venir " (He 6, 5) et leur vie est entraînée par le Christ au sein de la vie divine (cf. Col 3, 1-3) " afin qu’ils ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux " (2 Co 5, 15).