Les textes de ce dimanche nous parlent de vocations, celles du jeune Samuel et des trois premiers disciples de Jésus. Leurs points communs sont un dialogue entre Dieu et l’appelé ainsi que la présence d’un médiateur, Eli pour Samuel, Jean-Baptiste pour les disciples. Des médiateurs qui permettent aux hommes appelés de reconnaître Dieu.
Dans la suite des évangiles, Jésus ne va cesser de dialoguer avec les hommes et les femmes qu’il rencontre. La figure du médiateur ne sera plus présente et ce rôle ne sera pas pris par le Christ qui ne se présente généralement pas comme étant Dieu. Et pourtant, quand le Christ s’adresse aux hommes, une question, celle qu’il pose à ses disciples (Mc 8,27) « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », devient centrale, toujours présente à l’intérieur du dialogue.
Cette question qui nous est posée personnellement fait de chacun d’entre nous notre propre médiateur. Notre conscience est la seule à pouvoir nous faire reconnaître celui qui nous parle comme étant le Dieu de Samuel, le Messie des disciples. Certes, les Ecritures, l’Eglise, nos frères et nos sœurs peuvent nous y aider, mais au final, c’est nous seuls, dans notre propre liberté, qui pouvons répondre : « Me voici » et adresser cette réponse à Celui que nous reconnaissons comme Dieu.
C’est pourquoi vocation et conversion sont intimement liées. Finalement nous ne pouvons reconnaître que nous sommes appelés par Dieu (vocation) si nous n’acceptons pas que la voix qui nous appelle est celle de Dieu (conversion). La véritable conversion n’est pas un ensemble de changements d’attitudes, faire le bien plutôt que faire le mal, mais un changement radical de vision de ce qu’est notre propre vie : une vie à l’écoute de notre vie (qui n’est pas forcément mauvaise) ou une vie en dialogue avec celui que nous reconnaissons comme Dieu. Sans faire de mauvais jeu de mots, une vie qui ne soit pas solitaire mais une vie à deux ou à Dieu.
La fraternité que nous sommes appelés à vivre, n’est pas une fraternité que nous devons apprendre à vivre dans un effort de conversion mais une fraternité qui nous fait vivre dans l’unique conversion qu’est l’acceptation de vivre avec cet autre qui nous appelle, Dieu qui s’est fait frère en Jésus-Christ. Accepter comme Samuel que Dieu soit avec nous et accepter comme les disciples de rester auprès de Jésus, c’est entrer dans une fraternité qui fait vivre.
Ni la vocation, ni la conversion ne nous entrainent dans une sortie de nous-mêmes qui nous mènerait vers une vie éthérée proche de Dieu. Au contraire, comme le dit Paul, elles nous resituent justement dans notre corps, temple de l’Esprit. Un corps qui trouve sa plénitude non pas dans le retrait du monde mais bien dans l’accueil de l’autre.