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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 16:36

 

Où est-il notre Dieu, ce Dieu d’amour qui laisse une catastrophe naturelle dévaster l’un des pays les plus pauvres du monde ? Comme croyant, la question nous est forcément posée et nous sentons l’incroyable tristesse de l’incompréhension nous envahir. Car oui, devant un tel malheur, nous n’avons aucune explication à donner. Non seulement nous n’avons aucune explication à donner, mais nous avons la réponse de Jésus sur la tour de Siloé qui nous interdit de penser qu’il y ait une raison particulière, autre que physique, que ce drame se soit abattu sur ces personnes plutôt que sur d’autres. « Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière » (Lc, 13).

 

Alors face à ce mystère du drame, nous avons tendance à nous taire, à prier dans le silence, à ne pas faire entendre notre voix mêlée aux cris de nos frères et sœurs légitimement écoeurés par cette injustice. A nous faire oublier pour faire oublier l’incapacité de Dieu à maîtriser la terre qu’il a créée. En faisant cela nous condamnons implicitement Dieu et nous condamnons sûrement nos cœurs que Jésus appelle à la conversion.

 

Certes nous n’avons pas de réponse à donner, mais n’avons-nous pas pour autant des biens pour aider financièrement à l’aide humanitaire et la reconstruction dont ce pays à besoin, un cœur et des bras pour accueillir et des oreilles et une bouche pour écouter et réconforter. Car si le drame d’Haïti se vit cruellement sur place, il se vit également à quelques mètres de nous, en France, dans les familles haïtiennes qui ont perdus les leurs ou ne savent pas ce qu’ils sont devenus, dans les familles françaises qui avaient un enfant, des parents, des amis dans ce pays.

 

Face à ce drame, ne restons pas dans un silence passif. Osons témoigner de la miséricorde de Dieu en acceptant sans comprendre que l’inacceptable se soit produit. Accueillons, écoutons, prenons pitié au sens le plus noble du terme, soyons présents à nos frères qui vivent ce malheur insensé au cœur de leurs familles. N’éteignons pas en nous l’espérance dont ils ont tant besoin.

 

 

Cet article a été écrit pour le site de la CCBF.



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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 19:11
 

 

Chères sœurs et chers frères dans le Christ,

 

Comme moi, sans doute, vous avez lu l’article de Stéphanie Le Bars sur l’Assemblée des Évêques de France à Lourdes (Le Monde daté du 8/11/09). Si tel est le cas, j’imagine vos mines consternées. Non que les évêques ne vous aient pas répondu, il fallait s’y attendre, non qu’ils disent repousser leur réflexion au printemps, je crains qu’ils n’en fassent rien, mais par l’image que cet article donne de leurs réflexions.

 

Mgr Stanislas Lalanne découvre, grâce à la sécularisation, qu’il lui faut avoir « l’audace d’annoncer la foi ». On se prend à se demander quelle « définition de poste » est habituellement donnée aux évêques si la tâche première des apôtres et de leurs successeurs est pour lui une nouveauté. En effet quelle audace !

Quant à Mgr Dominique Lebrun, tous les laïcs en charge ecclésiale lui seront reconnaissants de leur déléguer l’insigne honneur d’organiser des co-voiturages pour aller à la messe. Merci, mille fois merci… Monseigneur, si vous pouviez également nous permettre d’arbitrer les matchs de football que nous organisons avec les jeunes de nos aumôneries nous serions totalement comblés.

 

Comme vous, je pense, j’ai envie de dire aux évêques : « Pénurie ou abondance, nous ne sommes pas du bétail qu’on « gère » ! Nous sommes des baptisés adultes qui savons pourquoi nous œuvrons ! Nous ne vous demandons surtout pas de nous « gérer », nous ne vous demandons pas de répondre à des problèmes que nous n’avons pas, nous vous demandons simplement de faire résonner la Parole du Christ aux oreilles du monde et à nos oreilles, nous vous demandons simplement de nous rassembler autour du Christ dans la communion de l’Eglise et particulièrement dans la Communion eucharistique. Nous vous demandons simplement de nous nourrir du Christ afin que notre foi soit plus forte et que nos œuvres soient plus belles. »

 

Chères amies, chers amis, vous agacez les évêques. Les pauvres ! C’est qu’ils ont d’autres problèmes bien plus importants à traiter et vous n’étiez que trois ou quatre cents à une marche et si mes informations sont bonnes qu’un millier depuis. Finalement peut-être êtes-vous déjà trop nombreux pour espérer être traités comme la brebis égarée ?

Vous les agacez parce que d’autres groupuscules, à peine plus nombreux que vous mais au lobbying très efficace, des nouvelles « petites franc-maçonneries catholiques » comme les nomme un de mes amis historien, les assomment déjà de revendications, arguant de leur parfaite soumission à la volonté de Rome. Que voulez-vous, ils ne peuvent pas répondre sur tous les fronts !

Mais je sais que vous ne vous tairez pas et je sais que vous n’êtes pas un front mais une vague. A l’heure où nous célébrons la chute du mur de Berlin, je serais heureux que l’intelligence de notre foi que vous trompetez en marchant fasse s’effondrer enfin les murs de la peur.

 

Vous les agacez aussi parce que le nom que vous avez choisi est pour eux le signe d’une opposition à leur structure. Laissez leur leur nom ! Je vous en propose un plus beau et un plus catholique finalement. Vous pourrez ainsi répondre à leur inquiétude première celui du « comment dire qui nous sommes ? ». Ce nom c’est « Communion catholique des baptisés de France » CCBF.

Il répond à tout ce que vous êtes, aux convictions qui vous ont portées, aux enjeux que vous souhaitez développer. C’est un nom inscrit dans la Tradition de l’Eglise, c’est un nom qui est au cœur du Concile Vatican II auquel vous êtes profondément attachés, c’est un nom qui dépasse les clivages et vous amarre à Celui à qui vous avez donné votre foi : Jésus le Christ.

Ce nom vous attachera à l’Eglise du Ciel et de la Terre. « Tout comme la communion entre les chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la communauté avec les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur source et de leur chef, toute grâce et la vie du peuple de Dieu lui-même. » (Vat. II, LG 50).

Ce nom redira votre insistance pour qu’hommes et femmes soient également constitutifs de l’Eglise et qu’ils s’expriment dans des structures sociales. « Dieu n’a pas créé l’homme solitaire, dès l’origine « il les créa homme et femme » (Gn I, 27). Cette société de l’homme et de la femme est l’expression première de la communion des personnes. Car l’homme, de par sa nature profonde, est un être social, et, sans relations avec autrui, il ne peut ni vivre, ni épanouir ses qualités. » (Vat II, GS 12).

Ce nom, enfin, attestera que vous vous mettez à l’écoute de l’Esprit Saint que vous avez reçu au baptême pour œuvrer pour l’unité de l’Eglise, au sens le plus large. « L’Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Eglise, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’unité de l’Eglise. » (Vat II, UR 2).

 

Chères amies, chers amis, bien certainement cet article du Monde ne dit pas tout de la pensée des évêques réunis à Lourdes, mais ce qu’il rapporte est néanmoins le signe que l’Eglise a de manière urgente la nécessité de s’ouvrir à une réflexion neuve, une réflexion portée par les premiers concernés, les catholiques baptisés que nous sommes. J’espère de tout cœur et de toute ma foi que vous porterez cette réflexion et y associerez le plus grand nombre. Je l’espère pour l’Eglise et pour chacun d’entre nous. Je l’espère pour chacun des hommes et des femmes de ce monde. Je l’espère pour le Christ.

Avec toute mon amitié et ma prière, 

 

 

Pourquoi je crois que la Conférence des Baptisés de France est une bonne idée ?

 

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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 18:10

Dans ma réponse à Laurent Villemin, je m’interrogeais sur la pertinence du nom de Conférence des baptisés de France. J’étais sensible à ses arguments sur l’opposition induite avec la Conférence des Evêques de France et sur le fait qu’il s’agirait de fait du regroupement de toutes les sensibilités donc de l’Eglise de France.

 

Oui, mais… Lisant ici et là les différents commentaires qui ont pu être écrits à ce sujet, notamment sur Internet, j’en viens à me dire que finalement c’est une bonne chose pour plusieurs raisons :

1/C’est une initiative et comme toute initiative, elle ne peut que mettre en mouvement (peut-être avec quelques heurts et un peu de fracas) le peuple de Dieu qui est en France. Le mouvement c’est la vie et en cette période de dépression latente que vit l’Eglise, un peu d’action ne fera pas de mal.

2/Dans ces dernières années, on a eu l’impression (je crois malheureusement juste) que dans l’Eglise ce sont souvent ceux qui crient le plus fort (avec la voix, les pressions diverses et notamment celle de l’argent) qui obtiennent gain de cause même s’ils ne représentent qu’une minorité de catholiques.

3/Et pour continuer sur ce point, il serait peut-être temps de vraiment connaître l’avis de ceux qui font tourner l’Eglise. Les cris des uns, les sondages peu crédibles, les discours lénifiants qui visent à couvrir la crise, masquent la réalité et ce que souhaitent vraiment les chrétiens, les chrétiens qui sont engagés dans les paroisses, dans les mouvements, dans les hôpitaux, dans les prisons, dans la lutte contre l’exclusion, les chrétiens qui vivent l’Evangile et qui vivent de l’Evangile. Ces chrétiens ne sont ni des progressistes acharnés, ni des traditionalistes sûrs de leur bon droit. Ces chrétiens, ils sont du « centre » si vous me permettez cette analogie avec la vie politique. Ils ne se sentent pas concernés par les débats idéologiques mais ils souhaitent pouvoir vivre leur foi dans un monde qu’il considère avec justesse et amour.

 

Alors on me rétorquera que :

1/Depuis Vatican II, la place des laïcs est bien définie et il n’y a qu’à vivre ce que Vatican II propose. Certes, mais l’Eglise est constituée d’hommes et pour les hommes l’incarnation des idées passe par des structures. En France, il n’y en a pas…

2/Si ! Les synodes, les marches de l’Evangile et autres assemblées du même type. Oui, mais elles sont verrouillées, les schémas sont proposés à l’avance, les questions dites délicates (généralement ce sont souvent les bonnes questions) habilement écartées pour tels ou tels motifs. Et les laïcs conviés n’ont pas la volonté, la force, la détermination des pères conciliaires qui eux ont envoyé valser les schémas qui leur étaient imposés et ont tout remis à plat pour se poser les vraies questions qu’ils rencontraient au jour le jour dans leur engagement ecclésial.

3/Les évêques et les prêtres savent ce dont ont besoin les laïcs et l’Eglise. Ils les rencontrent, les confessent, les nourrissent… pas besoin de surajouter des structures à la Conférence des Evêques de France, à ses secrétariats, aux conseils diocésains et paroissiaux où — si on vous l’assure — il y a des laïcs dont la voix est entendue (non ils ne sont pas cooptés, non le fait qu’ils soient souvent salariés ne les empêche pas de parler…). Soyons sérieux, le clergé (et quand on interroge les prêtres on se rend compte qu’ils en soufrent) administre et prêche. Il n’a plus le temps d’écouter. Il s’éreinte à faire vivre la structure et a de moins en moins le temps de sortir du périmètre qu’il gouverne. Ses propos sur le monde, sa manière de les énoncer, montre qu’il n’entend ni les besoins réels, ni les problèmes qui aujourd’hui freinent la propagation de l’Evangile. Ils n’ont pas le temps d’écouter (d’écouter vraiment) les fidèles, comment auraient-ils, en plus, le temps d’écouter le monde ?

Evidemment, je grossis le trait et je généralise mais suis-je si loin de la vérité ?

 

En conclusion,

Oui, je reste toujours dubitatif sur la manière dont cette entreprise peut prendre forme.

Oui, je pense que le Comité de la jupe doit être un moteur mais doit être rejoint par d’autres mouvements d’Eglise et les évêques eux-mêmes pour que cela porte des fruits.

Mais oui, je crois que c’est une idée qui peut faire bouger les choses et laisser un peu de place à l’Esprit-Saint pour qu’il souffle en France.

Mais oui, je crois que l’Eglise en a plus que jamais besoin et que si personne ne force le destin aujourd’hui, demain il sera trop tard.

Et finalement, oui, il s’agit bien de l’Eglise qui est en France ! Alors pourquoi ne pas l’appeler Conférence des Baptisés de France ?

 

Je connais un certain nombre de personnes qui s’engagent aujourd’hui dans cette aventure, laïcs et ministres ordonnés, hommes et femmes. Ils connaissent l’Eglise, ils sont formés, ils sont engagés depuis de nombreuses années, mais surtout ils y sont attachés et n’ont d’yeux que pour le Christ.

Ils sont vieux (has been) me dit-on et alors ? Qui fait tourner la boutique aujourd’hui ? Je ne parle pas des quelques paroisses de centre-ville qui concentrent 80 % des jeunes chrétiens pratiquants, je parle de l’Eglise qui est en France, toute l’Eglise qui est en France.

Ne nous laissons pas intoxiquer par quelques voix, l’Eglise n’est réellement pas au mieux de sa forme et cette initiative ne peut que lui redonner du souffle, le souffle de l’Esprit.

 

A ceux qui sont sceptiques je leur propose de rester dans la sage posture de Gamaliel, « docteur de la loi, estimé de tout le peuple » : « Et maintenant, je vous le dis ne vous occupez plus de ces hommes, et laissez-les aller. Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira ; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir combattu contre Dieu. » (Ac 5, 38-39).

 

 

Lettre ouverte à Christine Pedotti, Anne Soupa et à toutes celles et à tous ceux qui avec elles promeuvent la Conférence des baptisés de France.

 

 

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17 octobre 2009 6 17 /10 /octobre /2009 00:33

Je suis heureux de mettre un lien vers le site du Comité de la jupe où le père Laurent Villemin répond aux questions de Christine Pedotti, co-fondatrice de ce comité. Il y explique ses propos publiés dans La Croix, propos qui n'ont pas été ennoncés en lien avec le Comité de la jupe et la Conférence des baptisés de France mais en réponse à la question générale du journaliste : « Quelle place peuvent « revendiquer » les laïcs dans l’Eglise ? »



" Les termes de la question ne viennent pas de moi. Résultat : quand je commence l’article en disant que « cela me gêne que la question soit posée en termes de revendication », je n’ai pas en tête les textes du Comité de la jupe ou son action mais la formulation de la question du journaliste. Il en va de même lorsque j’affirme que « Cette formulation induit immédiatement une problématique de droits et de pouvoirs à réclamer ». Cependant le journal a introduit entre la question posée et ma réponse un paragraphe relatant la marche du Comité de la Jupe. Du coup mes propos ont été lus immédiatement en rapport avec celle-ci et non en rapport avec la question qui était beaucoup plus vaste. D’ailleurs à plusieurs reprises dans l’article je souligne l’intérêt de la démarche du Comité de la Jupe.

Quand je dis : « De même, la participation des baptisés dans l’Église suppose une formation théologique, une pratique habituelle des sacrements et de la Parole de Dieu, ainsi qu’un engagement ecclésial », ce que je veux dire, c’est que ce sont les fondamentaux de la vie de tout baptisé, trois bonnes façons de participer à la vie de l’Église, et de vivre pleinement sa vocation de baptisé.

Bien sûr, je n’accusais pas les membres du Comité de la Jupe et ceux qui ont participé à la marche de manquer de formation ou d’engagement dans la vie de l’Église. J’en connais suffisamment pour savoir que ce n’est pas la réalité. Et bien sûr, je ne voulais pas dire non plus que les baptisés doivent être des experts et des théologiens pour que leur parole soit légitime. Si ces paroles ont pu blesser certains, je les prie de m’en excuser. D’ailleurs, je ne comprends pas mon rôle de théologien comme celui d’un censeur. "

 

L'ensemble de l'interview à lire sur comitedelajupe.fr


Réponse aux propos de Laurent Villemin sur la création de la Conférence des baptisés de France dans le La Croix du 13 octobre.
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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 20:38

Cher Père, Cher Frère, Cher Laurent,


Permets-moi de m'étonner en lisant tes propos dans le La Croix du 13/10/2009. Comme toi et pour les mêmes raisons, je me pose des questions sur la pertinence du nom de "Conférences des baptisés de France". J'ai peur qu'il ne soit perçu comme une attaque de la Conférence des Evêques de France et comme une volonté de rassembler "fictivement" toutes les tendances du catholicisme contemporain.


Comme toi, et peut-être pour la simple raison que nous sommes des hommes et j'ose le croire peu "machos", je ne suis pas passionné par le débat sur la stricte parité. Je crois à l'égalité et la stricte parité n'aurait pas de sens si chacun était convaincu que tous les baptisés et toutes les baptisées sont égaux dans l'Eglise. Malheureusement, tu seras d'accord avec moi pour constater que le fait même que le ministère ordonné presbytéral (et épiscopal) soit réservé à un seul des deux sexes semble impliquer pour certains et pour certaines (aux deux opposés) qu'il y aurait un sexe investi de l'autorité  - le sexe fort, celui du Christ - et un sexe destiné à l'obéissance, à la maternité et au service - le sexe faible, celui de Marie, paradigme chrétien, que les mouvements conservateurs agitent comme un étendard immaculé non en signe de trêve mais de restauration, Marie modèle de la femme, que les Evangiles et les Actes des apôtres ne présentent pas vraiment comme l'image de la femme au foyer (peut-être Jésus l'eut-il préféré dans certaines péricopes ?). Aussi me paraît-il normal que dans l'Eglise, comme dans la société, le combat des femmes pour la reconnaissance de leur stricte égalité avec les hommes passe malheureusement (et on peut leur faire crédit qu'elles sont dans ce combat les plus malheureuses) par la revendication de la stricte parité.


Mais ce n'est pas cela qui me choque. C’est ta phrase « De même, la participation des baptisés dans l’Église suppose une formation théologique, une pratique habituelle des sacrements et de la Parole de Dieu, ainsi qu’un engagement ecclésial. » Le fait qu’elle soit structurellement incompréhensible (la participation des baptisés dans l’Eglise suppose un engagement ecclésial ?!) me laisse espérer que tu n’as pas relu des propos qui ne reflètent ni la rigueur habituelle de ton écriture, ni je crois le fond de ta pensée. Quel degré ou grade de formation théologique est-il nécessaire d’avoir pour pouvoir s’engager dans l’Eglise ? Pour ma part je croyais que c’était le baptême et la confirmation qui nous obligeaient à nous engager dans une vie ecclésiale nourrie par « la pratique habituelle des sacrements et de la Parole de Dieu » et non des études de théologie qui nous le permettaient.


Laurent, j'ai participé à la marche qui, dimanche dernier, à l'initiative du Comité de la Jupe, a rassemblé quatre cents catholiques pour un temps de partage. Parmi eux, tous étaient engagés dans l’Eglise, tous se nourrissaient des sacrements et de la Parole de Dieu, beaucoup étaient formés aussi bien que la majorité des prêtres. Je n'y étais pas en tant que militant mais en tant qu'ami. Et ce que j'y ai vu et entendu n'a rien à voir avec les craintes que tu as. Je n'ai pas entendu que ces chrétiens (hommes et femmes) revendiquaient le pouvoir, j'ai entendu qu'ils et elles souhaitaient prendre leur responsabilités. Je n'ai pas entendu qu'ils fustigeaient les évêques, j'ai entendu qu'ils souhaitaient participer au nom de leur baptême à la vie de l'Eglise avec eux et dans la communion. Je n'ai surtout pas entendu un petit groupe d'agitateurs mais un groupe épris de compassion pour ceux et celles qui ont quitté l'Eglise parce qu'ils ne s'y retrouvent plus.


Tu sais comme moi que seules des tendances aveugles, qui revendiquent un pouvoir dans (ou plutôt sur) l'Eglise qu'elles ont vécu comme confisqué depuis Vatican II, qui souhaitent non la grandeur de l'Eglise mais la restauration d'une société archaïque, peuvent prétendre que la génération montante remplit les Eglises et célébrer les fruits d'une nouvelle "civilisation de l'amour" fondée sur des principes moraux inappliqués par eux-mêmes et des crispations théologiques et liturgiques qui ne sont que les images (les idoles) d'un modèle de société patriarcal et monarchique rêvé.


Je suis d'accord avec toi : dans l'Eglise tout repose sur l'Esprit Saint et il n'est pas question de rêver une église catholique fondée sur les principes démocratiques strictes de ce Monde. Mais je refuse de croire pour autant que le dialogue et une certaine démocratisation de nos institutions ecclésiales ne sont pas oeuvres de l'Esprit. Il y a une différence entre avoir des comportements démocratiques et être une démocratie. Il est quand même réel que l'Eglise primitive était sur plusieurs points plus démocratique dans ses choix que l'Eglise contemporaine. Etre démocratique pour l'Eglise c'est se rappeler que l'Esprit Saint n'est pas qu'un concept trinitaire. L'Esprit saint est envoyé à tous le baptisés. Nous le célébrons et le proclamons... peut-être faudrait-il le vivre. Comme toi je suis tenté souvent de penser que sans formation, il est difficile de pouvoir faire des choix justes. Mais je me force à croire toujours que Dieu a choisi l'Incarnation et l'envoi de l'Esprit Saint à tous les baptisés pour qu'ils s'engagent à faire vivre l'Eglise. On peut choisir de préférer laisser Dieu parler par les jeux de hasard mais si on choisit de le laisser s'exprimer par les hommes et les femmes qui ont reçu l'Esprit Saint, il n'y a aucune raison que seule une petite partie des catholiques puisse parler au nom de tous. On peut avoir peur, être frileux (c'est sûrement mon cas), mais si on croit que Dieu aime et anime son Eglise, il faut avoir l'audace de l'écouter quelles que soient les voix qui nous interpellent, fussent-elles féminines !


Je ne sais pas si "Conférence des baptisés de France" est le nom le plus approprié, discutes-en avec elles et eux, mais je crois que les intentions qui les animent sont celles qui devraient animer toute l'Eglise : le souci que tous puissent rencontrer Dieu, se sentir chez soi dans l'Eglise, et accueillir le Salut. Ce n'est pas par souci de pouvoir qu'ils restent dans l'Eglise quand des âmes bien pensantes les invitent à la quitter si Elle ne leur plait pas, c'est parce que, fidèles à leur baptême, ils savent qu’en démissionnant ils contribueront, malgré eux, à abandonner des frères et des sœurs.

Amitiés,



"interview" de Laurent Villemin dans La Croix
Pourquoi je crois que la Conférence des Baptisés de France est une bonne idée ?
Lettre ouverte à Christine Pedotti, Anne Soupa et à toutes celles et à tous ceux qui avec elles promeuvent la Conférence des baptisés de France.
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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 16:34
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