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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 10:19

Avant toute chose, soyons bien clairs, je crois aux miracles. Comment ne pourrais-je ne pas y croire ? J’ai vécu assez d’années pour en voir, et beaucoup, se réaliser sous mes propres yeux. Certes, je n’ai vu personne quitter son fauteuil roulant et se mettre à courir, mais j’ai vu des paralysés du cœur se mettre à aimer et des âmes dévorées par la haine pardonner. Mais ça, me direz-vous, ce ne sont pas de « vrais » miracles. Pas des miracles démontrés, des miracles « contre » la science !

Faut-il que notre foi et notre intelligence soient dévoyées pour que nous souscrivions, sans même nous en rendre compte aux arguments du plus primaire du positivisme.

Et c’est bien en cela que la question du ou des miracles est complètement dévoyée. Oui, dévoyée, car les miracles qui, si j’en crois Jésus lui-même, sont des signes donnés pour notre foi – des signes c’est-à-dire quelque chose à comprendre et à interpréter – sont devenus des preuves. Des preuves ! Et pour être des preuves, il faut qu’ils soient « inexplicables ». Ils seraient des preuves qu’il y a un Dieu ! Un Dieu cantonné dans l’inexplicable !

La belle affaire, s’est-on avisé qu’il y a des miracles dans toutes les religions, et ceci depuis des temps immémoriaux ! Il y en avait en Épidaure au temple d’Esculape, il y en a dans les grands sanctuaires de toutes les religions. Des « vrais » miracles direz-vous ? Oui, au sens où les gens sont guéris, ils marchent ils recouvrent la vue ou l’ouïe, leurs plaies s’assèchent et leurs tumeurs disparaissent. Il y a pourtant une différence, comme ça ne se produit pas dans l’Occident positiviste, on n’en demande pas de « preuve » à la médecine. Les gens ne sont pas allés chez le médecin avant, et après, ils se contentent de louer leurs dieux de les avoir secourus, et ils rentrent chez eux, réjouis et sauvés. Pas d’analyses, pas de scanner, pas de preuve, juste la foi et la joie. Comme c’était le cas en Occident avant que le terrorisme de la pensée positiviste nous contamine si bien qu’on a ouvert à Lourdes un « bureau des miracles » – rien que l’expression en est risible, la grâce rentrant dans les cases des formulaires ! La gratuité de Dieu doit se plier à nos logiques fonctionnaires. Désormais donc, les miracles sont soupesés non au poids de la foi, mais à celui de l’échec de la science. Récemment, on a ergoté sur le miracle qui « prouve » la sainteté de Jean-Paul II. Outre le grand doute que j’ai sur l’urgence qu’il y a d’entreprendre une telle procédure, il me semble qu’en matière de miracles, il y avait mieux à trouver… de murs qui tombent, des ennemis qui se tendent la main… on avait l’embarras du choix !

Notre vision étroitement prosaïque est l’un des symptômes des plus grave de la maladie du catholicisme : il est matérialiste, gravement, tragiquement matérialiste. Grave contresens, contre sa source même et contre l’esprit. Je n’ose pas l’écrire avec un « E » capital, mais c’est quand même ce péché-là qui nous guette.

 

Il n’y a pas grand-chose sur les miracles dans le Catéchisme de l’Église catholique alors j’ai été en chercher un sur dailymotion :


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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 14:57

Le mardi 25 janvier 2011, j’ai eu le plaisir d’être invité et à l’inauguration d’un espace d’exposition dans la chapelle de Saint-Erembert à Saint-Germain en Laye, un établissement scolaire sous tutelle de l’Oratoire. Ce projet est destiné à recevoir des expositions pouvant aider les visiteurs, chrétiens ou non, à mener un travail intérieur. Je mets en ligne ci-dessous la conférence écrite que j’aurais donnée si la bonne ambiance de cette manifestation ne m’avait incité à me lancer plutôt dans une prise de parole plus improvisée.

 

 

Mesdames, Messieurs,

 

Permettez-moi tout d’abord de remercier les autorités de ce lieu de m’avoir invité à prendre la parole devant vous, et, vous me pardonnerez madame le directeur, tout particulièrement mon ami le Révérend Père François Picart qui s’est fait le messager, et je suppose l’initiateur, de cette demande.

 

J’en suis très honoré même si je ne sais pas vraiment à quel titre je vous parle aujourd’hui et je souhaiterais instamment que les propos que je vais tenir ne soient entendus ni comme une conférence du directeur des études de l’Institut d’Etudes Supérieures des Arts, ni comme une catéchèse du chrétien que je suis. Je vous demanderais de me faire l’amitié de les entendre comme une réflexion personnelle à haute voix. Une réflexion dont le point d’appui, Cher François, sera l’unique phrase de ton mail d’invitation. Voici ce que tu m’as écrit : « Merci de contribuer à l’inauguration de cet espace d’exposition dont l’objectif est de rendre vivant un lieu très déserté en dehors des célébrations liturgiques, sans en dénaturer la vocation. D’où l’effort de nourrir et développer l’intériorité de ceux qui y passeront un moment. »

Je vais donc commencer par contribuer à l’inauguration de cet espace d’exposition en coupant le cordon ou en enlevant le voile qui le recouvre puisque c’est ainsi qu’on inaugure généralement les lieux ou les œuvres majeures qui y sont exposées. Couper le cordon ou dévoiler, Mesdames, Messieurs, c’est permettre l’accès direct à la chose que l’on inaugure. Or ici, ce que je dois contribuer à inaugurer c’est tout à la fois un lieu culturel et un lieu de culte ou pour reprendre ton expression un lieu culturel qui ne dénature pas la vocation du lieu de culte.

  

Ceci m’amène à réfléchir avec vous à deux points. Le premier est le lien entre lieu de culte et lieu culturel ou lieu d’exposition. Est-il légitime de faire d’un lieu de culte un lieu d’exposition ? J’ai l’habitude de dire à mes étudiants que les églises ont été jusqu’à une époque récente ou la conservation du patrimoine s’est confondue avec une muséification du patrimoine les principaux lieux d’exposition de l’art contemporain. Non seulement les principaux lieux d’exposition de l’art contemporain mais également les seuls lieux d’expositions d’art contemporain ouverts à tous. Autrement dit, qu’un lieu de culte accueille des expositions d’œuvres d’art me semble tout naturel et parfaitement fidèle à la tradition de notre  Eglise depuis de nombreux siècles.

 

Bien certainement vous me citerez Saint Bernard, ou du moins le second Saint Bernard car le jeune Saint Bernard n’avait rien contre les œuvres d’art dans les églises. Pour Saint Bernard, en effet, l’art faisait obstacle à l’intensité de la recherche de Dieu. Mais paradoxalement, de cette exclusive, est né une forme d’art, l’art cistercien qui s’est déployé tout autant dans le chant et la littérature que dans une architecture élevée au plus haut rang de la création artistique.

 

L’idée de Saint Bernard me permet de passer à mon deuxième point. Celui de la possibilité de dénaturer le lieu de culte. De lui ôter son côté sacré ou pour le moins de reléguer le sacré de ce lieu à un deuxième plan. Mais voyez vous, si je participe aujourd’hui à l’inauguration de ce lieu, si je participe à son dévoilement, je ne peux pas oublier qu’il y a 2000 ans environ, Dieu a, quant à lui, dévoilé le monde, il l’a inauguré en déchirant, certes pas avec des ciseaux, le voile du Temple de Jérusalem. Quel rapport me direz-vous ? Et bien le rapport, c’est qu’en déchirant le voile du Temple, Dieu nous signifie lui-même qu’il n’existe plus d’espaces sacrés, d’espaces protégés, d’espaces qui lui seraient exclusivement réservés. Pas plus le Temple de Jérusalem, que la chapelle dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Les lieux que nous avons bâtis pour célébrer le culte, les églises, sont à proprement parlé des lieux culturels pour célébrer le culte. J’espère que je ne vous choque pas. En tous les cas je n’aurais pas choqué les premier chrétiens qui célébraient le partage du pain dans leurs maisons et qui, quand ils disaient qu’ils allaient à l’église, n’allaient pas encore dans un bâtiment qui portait ce nom mais bien à l’ecclesia, c'est-à-dire à l’Eglise avec un grand E rassemblée pour sa liturgie.

 

Car voyez vous, ce qui me frappe le plus dans le mail que m’a envoyé François, c’est cette notion de désertion. Ce n’est pas parce qu’on fait autre chose que du culte dans une chapelle qu’elle est dénaturée, c’est parce qu’elle est désertée. Comment une chapelle vide pourrait manifester la réalité spirituelle qu’elle est sensée signifier : l’Eglise assemblée. Où est la vie dans un lieu vide ? Et par la même, où est Dieu ? Saint Jean Chrysostome pour qui le mot sacré avait un sens avait cette formule très belle que je cite approximativement. L’autel sur lequel on dit la messe est sacré mais plus sacré est l’homme que l’on rencontre au sortir de l’Eglise, puisque le premier est la pierre sur laquelle on immole le Christ et que le second est le Christ lui-même.

 

C’est donc au second qu’il faut maintenant nous intéresser. Cet homme ou cette femme qui vit ici et qui pourrait venir un moment dans cette chapelle soit pour les œuvres qui y sont exposées, soit pour Dieu, soit pour un moment de silence. Elève, professeur, personnel… qu’importe, une personne qui pourrait venir ici, me dis-tu François, nourrir et développer son intériorité.

 

Evidemment j’applaudis des deux mains. Et pour le coup, j’en suis certain, nul n’est besoin d’être chrétien pour accueillir ce projet avec enthousiasme. Tout d’abord parce que si, comme chrétien je soutiens que rien n’est sacré, comme penseur de l’art, j’affirme que l’art sacré n’existe pas. Certes, il existe de l’art à thème religieux, pour certains artistes même de l’art à vocation religieuse, mais l’intérêt et j’oserais même dire l’essence même de l’art c’est de dépasser la volonté de ceux qui le créent. Toute œuvre est avant tout le dialogue d’un artiste avec une culture et donc un lieu de questionnement. Il n’y a jamais eu d’autre finalité dans l’art que celle de dépasser l’œuvre et par là d’obliger celui qui la regarde à dépasser ou déplacer ses propres limites et questions. En ce sens, l’art nourrit en effet notre intériorité. Il la nourrit et même la construit en nous renvoyant, à travers notre culture, à nous-mêmes. L’art nous pousse à dialoguer avec nous-mêmes. Si nous acceptons ce dialogue, comme quand nous menons des travaux intellectuels, il nous oblige à faire le tri, à épurer, à lever le voile sur des lieux que nous ne souhaitions pas habiter ou que nous n’avions pas découvert. Et ce travail intérieur, j’en suis certain nous est extrêmement bénéfique dans notre rapport à nous-mêmes mais également dans notre rapport aux autres. Nourrir et construire notre intériorité, c’est également nourrir et construire notre extériorité, notre rapport à l’autre. Cet autre qui peut être nous-mêmes, cet autre qui est, pour reprendre un terme de notre jargon chrétien, notre prochain, différent et pourtant semblable, cet autre enfin qui peut être Dieu dont nous nous reconnaissons à l’image. Cette recherche de l’intériorité, sans même ici parler d’une recherche de Dieu, que nous pourrions aisément rapprocher du « Connais toi toi-même » de l’humanisme grec, est, me semble-t-il, particulièrement pour les jeunes que vous formez, tout à fait essentielle.

 

Alors, pour reprendre notre réflexion première, je sais qu’on me dira… oui mais dans une chapelle on ne peut pas exposer n’importe quoi. L’art contemporain va trop loin. Il est parfois choquant. Certes. Je vous dirai même qu’il est parfois mauvais ou facile et c’est peut-être cela qui est le plus grave. Mais en aucune manière il ne peut être dérangeant pour le Dieu des chrétiens puisqu’il est le cri d’une humanité qu’il aime.

 

Je sais que notre Eglise a parfois du mal à supporter l’art contemporain. Elle le regarde avec le même œil suspicieux qu’elle jette sur le monde contemporain qu’elle a accuse parfois à juste titre mais souvent à tort de tous les maux. L’Eglise dans son raidissement actuel semble avoir de plus en plus de mal à percevoir dans les questionnements, les critiques, les errements ou les malaises, ces étincelles de révélation qui ont fait autrefois les joies de nombre de penseurs, philosophes, théologiens et spirituels catholiques. « Tout ce qui est vrai vient de l’Esprit Saint » disait Saint Thomas d’Acquin qui s’appuyait pour sa théologie avec force sur la philosophie très peu chrétienne d’Aristote. L’homme ne se construit pas de vérités, il se construit patiemment de recherches et de questions. N’êtes vous pas frappés comme moi par cette question récurrente de Jésus à ceux qu’il rencontrait : « Et pour vous qui suis-je ? ». Une question qui renvoie implicitement à la connaissance que nous avons de nous-mêmes et qui est bien loin d’une mission qui se contenterait d’annoncer des vérités sur Dieu et sur les hommes. Car finalement notre rapport à l’art est, dans ce sens, très proche de notre rapport aux autres et à nous-mêmes. Le rejet que nous pourrions avoir face à un art qui dérange, qui perturbe, n’est pas loin de la peur que nous pouvons avoir face à un autre différent ou pire face à nous-mêmes, dans notre dimension imparfaite, complexe et questionnante, comme le soulignait Pierre de Berulle. Une dimension qui ne doit, pour le fondateur de l’Oratoire, aucunement mener à un repli sur soi et à une renonciation mais, bien au contraire, mettre l’homme en marche pour qu’en se questionnant et en devenant un acteur responsable de sa vie et de sa présence aux autres il découvre la vraie liberté.

 

Mesdames, Messieurs, ce que nous reconnaissons à l’art et aux artistes c’est justement cette faculté de nous émouvoir, de nous provoquer, de nous faire nous interroger, de nous faire nous déplacer. Cette faculté d’ouvrir des conversations que nous aurions pu croire impossible. Et ce n’est pas à des enseignants et des spécialistes de l’éducation que je vais apprendre à quel point accéder à la parole peut parfois être libérateur. Une parole exprimée ou une parole intérieure vécue, comme la parole de Dieu reçu par Elie sur l’Horeb que la Bible dans son langage parfois étonnant traduit par « une voix de pure silence ».

 

L’art, Mesdames, Messieurs, qu’il soit dans un musée, dans une galerie ou dans une chapelle n’a rien de sacré. Mais je crois qu’il a quelque chose de divin, cette capacité à nous mettre en route.

 

Je vous remercie.

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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 00:55

 

Ce qui est terrible avec l'oecuménisme c'est que depuis que nous nous conduisons comme des gens à peu près civilisés, que nous ne nous entrégorgeons plus ni ne nous jetons des noms d'oiseaux et des anathèmes à la figure, nous avons, en gros, la conscience tranquille.

Une fois l'an, nous manifestons symboliquement notre fraternité dans l'espérance et nous nous rendormons bien tranquilles. Finalement, à  y regarder de près, ce qui devrait être un monstrueux scandale devient une sorte de contribution du christianisme à  la biodiversité : eh bien oui, il y a différentes variétés de chrétiens, où est la mal ? Oui, où est le mal ? La diversité, et la tolérance, c'est bien... On ne va tout de même pas aller se chercher des poux dans la tête alors qu'on cohabite si aimablement!

D'ailleurs, il faut bien dire que notre niveau de sensibilité  théologique ayant fortement baissé, nous serions bien en peine, pour la plupart de circonscrire les points qui nous séparent. Et puis, de toutes les façons, Dieu reconnaîtra les siens... C'est à  dire tout le monde. Il faut ajouter, pour parfaire le tableau, qu'il n'y a plus que quelques franges d'intransigeants flirtant, voire plus, avec l'intégrisme, qui ont l'air de savoir de quoi il retourne. Et tant qu'à  faire, nous ne voudrions pas être mis dans le même sac que ceux qui croient, chez les catholiques que "protestant" est une insulte, et chez les protestants et les orthodoxes, qu'il n'y a rien de pire que de se faire traiter de papiste!

Alors, on se résigne. On attend la saint Glinglin surtout chez ceux qui ont une dévotion aux saints... Ou la consommation des temps, ce qui devrait être concomitant.

Bon sang ! Faut-il que nous soyons insensibles et mal croyants pour supporter que le Corps du Christ, sa présence au monde, soit défiguré par nos querelles.

Et le pire, c'est que nous osons prier Dieu de nous réconcilier ! Non, ce n'est pas mal de prier. Ce qui est mal, c'est de remettre à  Dieu une responsabilité qui est la nôtre! Ce n'est pas Dieu qui nous a séparés. C'est bien nous, avec nos orgueils débiles, notre susceptibilité meurtrière, notre goût de la haine.

A genoux, à genoux ! Dans la cendre et la pénitence. Seules nos larmes amères, nous délivreront. Seule notre honte et notre repentance inconditionnelle nous mettront sur le chemin de l'unité. Non dans une molle tolérance, non dans cette "diversité" si à la mode, amis dans une véritable fraternité retrouvée, dans la joyeuse exubérance des enfants du même Père. Il y a plusieurs maisons dans la maison du Père, dit Jésus, il serait temps d’inaugurer une fraternelle hospitalité.  

 

Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange.

Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste.

Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ;

tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.

Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.

Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ;

alors on offrira des taureaux sur ton autel.

(Psaume 50) 

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 12:48

 

J’aime ce rappel à l’ordre de Paul. Il est clair et précis. « Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce donc Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » Il nous permet de nous recentrer immédiatement sur ce qui fonde notre foi : Jésus. Jésus crucifié pour nous et au nom de qui nous sommes baptisés. Quand, cette semaine comme chaque année nous prions pour l’unité des chrétiens, c’est bien sur ce rappel de Paul que nous devrions méditer. Car qu’importe que nous soyons de telle ou telle église, qu’importe même que nos églises soient unies, si nous avons perdu le cœur même de notre foi.

 

« J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. » dit le psalmiste. Et pourtant, souvent j’ai l’impression que nous ne cherchons pas à habiter la maison du Seigneur mais à retenir le Seigneur dans les maisons que nous nous créons. Ces maisons que nous appelons religions ou confessions chrétiennes. Nous allons à la messe et nous voyons descendre Jésus sur nos autels sous la forme du pain et du vin. Nous sommes contents de nous. Nous l’avons pour nous par ce que nos prêtres en imposant les mains font venir notre Dieu dans notre maison église. Nous sommes rassurés, il est présent, bien à nous, chaque dimanche ou chaque jour. Mais est-ce là l’enseignement de Jésus-Christ ? Est-ce cela faire Eglise ?

 

« D'ailleurs, le Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l'Évangile, et sans avoir recours à la sagesse du langage humain, ce qui viderait de son sens la croix du Christ. » Il ne s’agit pas pour Paul de remettre en question l’institution du baptême mais bien de redonner tout son sens au baptême. Un sens qui semble se diluer pour ne pas dire se pervertir dans la traduction qu’en donne notre langage humain de la religion. Le baptême n’est pas la porte d’entrée dans nos églises humaines, elle est la porte d’entrée du chemin qui mène à la suite du Christ et avec le Christ dans l’Eglise de Jésus Christ. Une Eglise certes déjà présente dans nos Eglises mais une Eglise qui les dépasse infiniment. Une Eglise qui ne divise pas les hommes entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors mais une Eglise qui appelle tous les hommes et toutes les femmes à être unis dans le Christ.

 

On reconnaît l’Eglise de Jésus-Christ à ce qu’elle est conforme à Jésus-Christ lui-même. Non repliée sur elle-même, mais en marche, appelant les hommes et les femmes à se mettre en marche avec elle. « Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. » Non repliée sur elle-même mais ouverte sur le monde, au service des hommes et des femmes de ce monde. « Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. »

 

On reconnaît l’Eglise de Jésus-Christ à ce qu’elle diffuse la lumière qu’est Jésus-Christ à tous les hommes et à toutes les femmes. « Le peuple qui marchait dans les ténèbresa vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l'allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus. Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane. » On ne reconnaît pas l’Eglise du Christ au fait qu’elle soit fière de la lumière qui éclaire ses propres bâtiments.

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 12:49

 

« Ah, si tu déchirais le ciel », c’est la prière qui traverse l’Ancien Testament. Depuis le rêve de Jacob qui voyait les anges monter et descendre, en passant par le grand cri d’Isaïe (Is 63, 19). Oui, si Dieu pouvait manifester sa présence, être là, à nos côtés.

Eh bien c’est fait à chaque messe, Dieu déchire le ciel, ou plus exactement, nous célébrons à chaque messe ce mystère du ciel qui s’ouvre, de Dieu qui vient.

Et Dieu vient, en son Fils Jésus-Christ, non pour juger le monde mais pour que par lui le monde soit sauvé.

C’est dire qu’à chaque messe, nous sommes conviés à être les témoins et participants d’un événement cosmique : c’est-à-dire qui change la face du monde. Il ne s’agit de faire des petits actes de piété personnelle avec « Mon Jésus à moi, dans mon cœur ». S’il a un cœur à cœur, c’est celui de Dieu avec l’humanité, auquel nous sommes rendus participants pour en être les messagers.

La messe est la célébration de la présence :

Présence de Dieu dans sa parole qui résonne quand l’Écriture est proclamée ; Dieu, nous l’avons entendu. Présence du Christ dans un jeu complexe de figures, dans la coupe et le pain, signes de sa vie donnée, offerte, reçue et res- suscitée par le Père, dans le prêtre qui, en figure du Christ refait les gestes, redit les paroles par lesquels Jésus a donné sens à sa mort. À la Cène Jésus a précélébré sa mort et lui a donnée sens « Livré pour vous et la multitude ». À chaque messe, nous célébrons, la réalité et l’actualité – la présence - de ce don et de cet amour qui renversent définitivement le mal et la mort ! Oui, c’est vrai, pour de vrai, ici et maintenant, pour nous qui sommes là. Oui, c’est « réel ». Bien plus réel que le pain et le vin que nous voyons. C’est réel, ici, maintenant. Présence réelle !

Mais ce n’est pas tout, la messe n’est pas seulement un spectacle qui nous serait donné. Nous y participons. En participant au repas du Seigneur, en communiant, nous « devenons ce que nous recevons », nous devenons le corps du Christ, avec lui, pour le monde, nous devenons une offrande d’amour de Dieu à l’humanité, c’est bien pourquoi, à peine avons-nous communié, nous sommes envoyés, envoyés au monde : « comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ».

Alors, la prochaine fois que vous allez à la messe, pensez que vous êtes le corps de Christ, pensez que vous l’êtes avec vos voisins et voisines, et avec tous ceux et celles qui sont à la messe partout dans le monde et sont revêtus de cette dignité qui est une mission.

« Montre-nous le Père », disaient les disciples. « Qui me voit le Père », répondait Jésus. Et nous est-ce que nous sommes des signes de la présence de Dieu ? Qui nous voit voit-il le corps du Christ donné pour la vie du monde ? Sommes-nous en ce monde, le signe de la présence réelle de Dieu ?

  

CEC 1396 L’unité du Corps mystique : l’Eucharistie fait l’Église. Ceux qui reçoivent l’Eucharistie sont unis plus étroitement au Christ. Par là même, le Christ les unit à tous les fidèles en un seul corps : l’Église. La communion renouvelle, fortifie, approfondit cette incorporation à l’Église déjà réalisée par le Baptême. Dans le Baptême nous avons été appelés à ne faire qu’un seul corps (cf. 1 Co 12, 13). L’Eucharistie réalise cet appel : " La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas communion au Sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au Corps du Christ ? Puisqu’il n’y a qu’un pain, à nous tous nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part à ce pain unique " (1 Co 10, 16-17).

 

100 mots pour la foi

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 22:00

 

[Le lendemain] Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ;

C'est de lui que j'ai dit ‘Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était.’

Je ne le connaissais pas ; mais,

si je suis venu baptiser dans l'eau,

c'est pour qu'il soit manifesté au peuple d'Israël. »

Alors Jean rendit ce témoignage :

« J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui.

Je ne le connaissais pas, mais

celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit :

‘L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer,

c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint.’

Oui, j'ai vu, et je rends ce témoignage : c'est lui le Fils de Dieu. » (Jn 3, 29-34)

 

Quand on est devant un texte si dense, je ne pense pas qu’on puisse se permettre de se lancer dans une grande homélie soit sur « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » soit sur « le Fils de Dieu ». Car ces deux appellations que Jean Baptiste donne à Jésus ne sont peut-être pas le cœur du témoignage qu’il nous rend, même si (et peut-être parce que) elles en sont le point de départ et d’arrivée.

 

La première chose que la traduction liturgique ne met pas en valeur contrairement aux grandes traductions de la Bible, c’est le lien entre ce passage, celui qui précède et celui qui suit. Un lien identique : « Le lendemain ».  Notre texte commence ainsi : « Le lendemain, il vit Jésus venir vers lui. ». Et le verset suivant notre texte qui ouvre le passage sur les premiers disciples débute de la même manière : « Le lendemain, Jean se tenait là. ». Cela nous marque le contexte de ce témoignage. Dans le texte précédent, l’évangéliste nous présente la prédication de Jean-Baptiste dans des termes qui sont repris dans le témoignage que nous entendons aujourd’hui. « Moi je baptise dans l’eau. Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas, celui qui vient derrière moi, dont je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sandale. » Dans le texte suivant, les premiers disciples sont mis en route vers Jésus également par un phrase que nous lisons aujourd’hui ; « Voici l’agneau de Dieu ». Ce jeu de référence entre le texte central, le précédente et le suivant n’est pas anodin, il montre bien la continuité des trois textes et le sens qui s’en dégage. Le cœur ou devrais-je plutôt dire le nœud de la mission du dernier prophète de l’ancienne alliance qu’est Jean-Baptiste et de celle de ceux qui suivront Jésus est proclamée dans le témoignage que Jean-Baptiste nous livre aujourd’hui.  Et les deux phrases que nous venons de citer sont le cœur de ce mystère : « Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas », « Voici l’agneau de Dieu ».

 

« Je ne le connaissais pas mais », par deux fois Jean-Baptiste utilise cette expression qui vient faire écho à son annonce précédente « Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas ». Nous ne connaissons pas Jésus de manière innée. Nous ne pouvons apprendre à le connaître qu’en le fréquentant, qu’en fréquentant cet homme dont les évangiles s’attachent à nous faire découvrir sa personnalité et ses enseignements. « Venez et voyez » dira Jésus aux premiers disciples. Et ce Jésus, Jean-Baptiste lui-même ne le connaissait pas mais il avait à le manifester. Les deux « mais » de Jean-Baptiste n’introduise pas des révélations sur Jésus lui-même mais sur la mission qui a été confiée au prophète : « si je suis venu baptiser dans l'eau, c'est pour qu'il soit manifesté au peuple d'Israël », « celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : ‘L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint.’ ». Comme nous l’avons dit précédemment, Jean-Baptiste est en mission pour Dieu, son rôle est clair il est là pour attester que l’homme Jésus qui se tient au milieu de la foule, cet homme est « le fils de Dieu », celui qui est de toute éternité. « Car avant moi il était. » nous dit Jean-Baptiste, comme l’évangéliste au premier mot de son prologue nous disait « Au commencement était le verbe et le verbe était auprès de Dieu et le verbe était Dieu. » Comme Jésus dira lui-même « En vérité, en vérité, je vous le dis avant qu’Abraham fut, Je suis », se donnant à lui-même le nom divin révélé à Moïse. Le témoignage de Jean-Baptise ne fait pas que donner deux titres à Jésus, il le révèle comme vrai homme et vrai Dieu.

 

Mais revenons au lien existant également avec les disciples de Jésus et par extension avec nous-mêmes. Le nom que Jean-Baptiste donne à Jésus « Agneau de Dieu » ne peut pas ne pas faire référence à la Pâque juive et à cet exode salvateur et donc à la Pâque chrétienne qu’est la crucifixion et la résurrection du Christ. Cela nous projette à la fin de l’Evangile et là le lien entre le témoignage de Jean-Baptiste et la mission des disciples s’éclaire d’un jour nouveau. Nous sommes après la mort de Jésus et celui-ci, ressuscité, apparaît aux disciples. Que leur dit-il ?

Il leur dit alors de nouveau

« Paix  à vous, Comme le père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie »

Ayant dit cela, il souffla et leur dit :

« Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jn 20, 21-23)

 

La mission des disciples est fondée sur les deux éléments majeurs qu’annonce Jean-Baptiste dans son témoignage. Jésus est celui qui baptise dans l’Esprit Saint et Jésus est celui qui enlève le péché du monde. Et Jésus en nous baptisant dans l’Esprit Saint nous confie sa mission tout en restant le cœur de cette mission. L’évangile de Jean est certainement celui qui lie avec le plus de force la mission des disciples à la mission même du Fils de Dieu, envoyé par son Père « pour que le monde soit sauvé par son entremise » (Jn 3, 17).

 

Ce lien évident entre le début et la fin de l’évangile de Jean nous pousse encore à voir dans le thème de la connaissance réelle de Jésus le message le plus fort du témoignage de Jean-Baptiste. Encadrée par l’annonce de Jean-Baptiste quant à sa propre mission et l’envoi en mission des disciples par le Christ ressuscité, toute la vie de l’homme Jésus est mise en valeur comme le lieu où ne nous rencontrons pas une idée abstraite de Dieu, une religion ou des valeurs mais où nous vivons une véritable conversion dans le compagnonnage avec cet homme qui est aussi le Fils de Dieu, ce ressuscité qui a gardé les marques de ses plaies qui permettront à Thomas de dire « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28)

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 15:45

 

 

À en croire ma rigide grand-mère, quelles que soient les circonstances, on n’avait jamais fait que son devoir, ce qui ne nous donnait donc aucun mérite. Mais les courants les plus pessimistes du christianisme vont plus loin, non seulement nous n’avons aucun mérite, mais si nous « méritons » quelque chose, ce n’est que la rigoureuse condamnation de nos fautes, et le juste courroux de Dieu.

Il ne faut pas s’étonner, si une telle vision a jeté bien des croyants dans la détresse, voire dans la révolte. N’est-ce pas là, la vision d’un Dieu qui donnerait un serpent à celui qui demande un poisson et une pierre à celui qui implore du pain.

Alors, mérite, ou pas mérite ?

La question n’est pas de savoir si nous avons à l’égard de Dieu une dette que nous pourrions d’une quelconque façon « payer » par nos mérites, même si malheureusement, une part importante de la théologie l’a posée ainsi.

L’alliance que Dieu noue avec l’humanité n’est pas un contrat au sens classique et juridique du terme. C’est de la part de Dieu, un engagement, un engagement irrévocable et sans condition (donc sans mérite) de notre part. Quelle est donc notre part du contrat ? Le signer, tout simplement, accepter le don : « bon pour accord ». Et c’est tout. Pour le reste, Dieu fait tout, comme le berger qui ramène la brebis sur ses épaules.

Vraiment, on ne peut rien faire ? Si, « Dieu merci », au sens propre du jeu des mots, dire merci, rendre grâce, se réjouir, exulter dans le Seigneur…

Le seul véritable obstacle est notre lamentable esprit comptable qui nous fait soupçonner un vice caché dans le contrat. Oui, on peut rejoindre les esprits chagrins et dire : « c’est trop beau pour être vrai ». On peut ne pas ouvrir les paquets au matin de Noël, parce qu’on ne veut rien devoir à personne, parce qu’on n’est plus des gosses ou parce qu’on craint d’être déçu. Et c’est là que se cache le péché.

Dernière chose, l’engagement de Dieu, c’est quoi ? C’est précisément ce qu’on découvre en « ouvrant le paquet », et il faut au moins une vie pour cela. L’avantage, c’est que c’est Noël tous les jours ! Pour mon propre compte, et sous bénéfice d’inventaire, je dirais que Dieu s’engage pour le sens contre l’absurde, pour la confiance contre le soupçon, pour la bienveillance contre le cynisme, pour le pardon contre la vengeance, pour la gratuité contre l’agiotage…

 

Saint Paul ne dit rien de très différent dans l’Hymne à l’amour de Dieu au chapitre 8 de la lettre aux Romains :

Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ?

Qui se fera l'accusateur de ceux que Dieu a élus ? C'est Dieu qui justifie. Qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ?

Qui nous séparera de l'amour du Christ ? la tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? selon le mot de l'Écriture : À cause de toi, l'on nous met à mort tout le long du jour ; nous avons passé pour des brebis d'abattoir. Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés.

Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur.

 

100 mots pour la foi


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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 18:42

 

Quel échange entre Jean-Baptiste et Jésus ! Instinctivement, ne serions-nous pas du même avis que Jean-Baptiste ? Pourquoi Jésus aurait-il besoin d’un baptême de conversion ?

« Pour le moment, laisse-moi faire ; c'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. »

Nous pourrions supposer qu’au tout début de ce que nous appelons la vie publique du Christ Jésus n’a pas encore pleinement conscience de qui il est. C’est peut-être d’ailleurs effectivement le cas pour le baptême « historique » de Jésus par Jean-Baptiste. Mais alors comment comprendre cette parole de Jésus et surtout le fait qu’il prenne l’initiative : « laisse-moi faire ».

Je crois pour ma part qu’il faut lire ce texte à un autre niveau que le niveau historique et en lien avec le passage suivant, les tentations du Christ au désert. Dans ces deux textes, nous sommes frappés par l’abaissement de Jésus qui se conduit comme un simple mortel. Il se fait baptiser par Jean-Baptiste, il combat le Diable avec les uniques armes de la Révélation et de la foi.

En fait, ce qui est juste pour Jésus, c’est visiblement d’être parfaitement humain. Non pas humain au sens d’être pécheur, mais humain au sens de répondre à l’appel de Dieu avec les seules armes que Dieu a lui-même données aux hommes. A ce moment précis de son existence, comme durant toute sa vie publique, le Christ ne triche pas avec son incarnation, il est un homme « comme tout le monde » même s’il est l’homme qui répond parfaitement au désir de son Père.

Alors évidemment, c’est difficile à comprendre pour Jean-Baptiste qui a reconnu en lui le Messie. Comme il lui sera difficile de comprendre, quand il sera en prison, que la présence du Messie ne change rien à l’injustice qui règne dans le monde. Mais justement, la lecture d’Isaïe (42, 1-4.6-7) de ce dimanche nous permet de mieux comprendre la réponse que Jésus fera à ses disciples : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » (Mt 11, 4-6)

Car là encore, ce qui frappe c’est l’humilité du serviteur de Dieu. « Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n'entendra pas sa voix sur la place publique. Il n'écrasera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité. » Ce n’est pas par la puissance divine, telle qu’on pourrait se l’imaginer, que le serviteur de Dieu va manifester « l’Alliance avec le peuple et la lumière des nations » mais par la simplicité et la douceur de la vérité. « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix. » écrira Paul aux Philippiens (2, 6-8).

Car comment ne pas voir déjà dans ce prologue de la vie publique de Jésus, ce qu’il nommera lui-même son baptême, c’est-à-dire sa mort sur la Croix, abaissement ultime de Dieu, mais preuve ultime de cet amour que le Père avait déposé tout entier en son Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour. »

En agissant de cette manière, plus que de s’offrir pour notre salut d’une manière exceptionnelle, Jésus nous a laissé le témoignage qu’avec la force de l’Esprit que nous recevons au baptême, nous pouvons être, par lui, en lui et avec lui, les dignes serviteurs de Dieu. Qu’à l’image de ce que Pierre dit de Jésus dans les Actes, le chrétien peut être reconnu à son témoignage : « Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. »

Comme le Christ, c’est par l’humilité de notre service que nous témoignons de la grandeur de Dieu, que nous rendons au Seigneur, éblouissant de sainteté, la gloire de son nom.


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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 23:37

 

Oui, Marie est vraiment l’un des grands « mystères » de l’Église, tout spécialement de l’Église catholique. Si l’on y regarde de près, force est de constater qu’elle occupe, dans le meilleur des décomptes, 1% de l’espace dans les évangiles, un verset dans les Actes des Apôtres, les lettres apostoliques ne la connaissant pas du tout, au point que Paul ne cite pas son nom, ni Jean !

Dans les évangiles, il y a certes une unanimité des quatre auteurs pour la désigner comme la mère de Jésus, mais en dehors des deux récits d’enfance, dont on sait que le genre n’a rien « d’historique », elle est très loin d’être un personnage principal. On m’objectera sa participation décisive dans l’épisode des noces de Cana, je répondrai que précisément ce texte a dans l’Évangile de Jean une ampleur et une valeur symbolique, telles qu’il serait bien illusoire de vouloir en tirer une quelconque information factuelle.

Dans les évangiles, Marie est d’abord absente. Cependant, deux épisodes semblent nous donner l’opinion de Jésus lui-même. Il y a le moment où Marie aidée des frères et sœurs de Jésus tente de le convaincre de « rentrer à la maison » (Matthieu 11, 46-50 et Marc 3, 20-21 puis 31-35 et encore Luc, 8, 19-21). La réponse de Jésus est unanime dans les trois textes synoptiques, et sans appel : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un frère et une sœur et une mère ».

De façon plus précise encore, le passage situé un peu plus loin dans l’évangile de Luc, ne devrait-il pas nous faire réfléchir plus encore : « Or il advint, comme il parlait ainsi, qu'une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : «Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés !» Mais il dit : «Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent !». Nous sommes en Luc 11, 27-28, quelques lignes après que Jésus a confié à ses disciples de Notre Père… On aurait bien envie de mettre les deux en rapport !

Alors, pourquoi, pourquoi cet extravagant déploiement du culte marial ? J’ai envie de dire, ce boursouflement ? Certes, je voudrais croire que Marie conduit toujours à son fils, mais j’observe que dans bien des cas, le développement du culte marial le cache.

Je peux certes comprendre qu’elle soit un bon média (une bonne médiatrice) pour notre méditation de l’Incarnation. Mais dans la figure symbolique qu’elle représente, je demeure étonné que l’on ait passé par pertes et profits l’époux que Dieu avait pris la sage précaution de lui donner. Pourquoi, alors qu’elle fut sur terre une honorable épouse et mère de famille, est-elle devenue fille-mère (certes vierge) au ciel de nos dévotions ?

Pourquoi ? Permettez que j’esquisse une réponse en une ligne : quand on oublie que Dieu est toute miséricorde et tendresse, que l’on en fait le représentant impitoyable d’une loi d’airain, qu’on le transforme en père noble qui accepte le « sacrifice » de son Fils pour sauver son « honneur » bafoué par le péché, ne nous étonnons pas de nous trouver une tendre mère pour intercéder en notre faveur.

 

La prière de saint Bernard (1090-1153) est certainement la plus claire illustration de mon propos :

Souvenez-vous,

ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu'on n'a jamais entendu dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre secours et demandé votre intercession, ait été abandonné. Animé de cette confiance, je me réfugie vers vous, ô Vierge des vierges, ô Marie, Mère de Jésus-Christ, je viens à vous, je cours à vous, et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. O Mère du Verbe éternel, ne rejetez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer.

Ainsi soit-il.

 

100 mots pour la foi

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 16:19
Je profite de ce dimanche pour vous presenter tous mes vœux pour cette nouvelle année. Un dimanche où nous fêtons les rois et leurs présents, un dimanche où nous fêtons un sauveur pour toutes les nations, un roi, un homme un Dieu. Une espérance pour tous, voilà ce qui nous est donné. Mais pas une espérance sous forme d'un doudou ou d'une boite de tranquilisants, une espérance faite homme, une voix d'homme, une voie humaine. L'enfant que nous fêtons, l'enfant qui nous émerveille, n'est ni un mythe ni une belle histoire, Il est un homme à l'histoire tragique, un Dieu à la fidélité salvatrice. Dès les premières pages de l'evangile tout nous est proclamé ! La promesse accomplie, son universalité, son incarnation et sa réception d'homme à hommes. Une réception tragique mais libre, une réception à nos forces mais aidée d'un esprit qui nous permet de dépasser nos propres limites. Que pouvoir souhaiter de plus que d'être à l'écoute de cet esprit qui nous mène au Christ et qui nous avertit des chemins à emprunter pour qu'il vive et accomplisse son chemin de rédemption et de résurrection. Que pouvoir souhaiter de plus que d'être éclairé par cette divine Lumière qui nous rend libre. Cette Lumière qui fait de nous des esprits libres, des hommes et des femmes libres et acteurs de la vie. Une liberté qui ne fait pas de nous des faibles retrenchés derrière les murs de la Jérusalem céleste mais les pierres protectrices et fortes de cette Jérusalem. C'est cette liberté salvatrice que je vous souhaite d'accueillir et de vivre durant cette nouvelle année. Une liberté qui transforme notre pauvreté en force, une liberté qui fait de nous des missionnaires, des lumières pour nos frères et nos sœurs, un phare céleste pour notre monde. Allons prosternons nous devant l'enfant-Dieu. Accueillons, en lui offrant nos vies en présent, le présent de sa vie qui nous relève et nous rend digne d'être appelés fils et filles de Dieu. Tous mes vœux pour cette nouvelle année dans un monde qui continue d'avoir besoin d'entendre la Parole de Dieu. Soyons au pied du Christ, soyons au service de nos frères et de nos sœurs.
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